La CFDT clarifie son rapport à Bayrou (5)

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Mardi 26 août, François Bayrou avait été invité à l’Université d’été de la CFDT. Mais l’accélération du calendrier politique issue des annonces du 1er ministre accélère aussi la rupture de la possibilité de « dialogue ».  Nous publions un article de Leila de Comarmond, journaliste spécialisée sur le syndicalisme, paru dans Les Echos. L’intersyndicale accélère aussi sa date de réunion de rentrée (sans doute vendredi 29 août). 

« La rupture est consommée entre la CFDT et Bayrou »

Marylise Léon, la secrétaire générale du premier syndicat français, a annoncé qu’elle refusait de négocier sur les modalités de suppression des jours fériés. La CFDT va proposer aux autres syndicats une date de mobilisation.

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Par Leïla de Comarmond

Publié le 26 août 2025

Au lendemain de l’annonce de la tenue d’un vote de confiance sur sa politique le 8 septembre à l’Assemblée, le service après-vente a été compliqué, ce mardi, pour François Bayrou devant quelque 300 militants de la CFDT réunis pour le lancement de leur université d’été.

La centrale syndicale n’a pas pour habitude de conspuer ses invités. Il n’y a pas eu de sifflets. Il n’y a pas eu non plus d’applaudissements à son arrivée, à peine quelques-uns à son départ et surtout des rires nerveux ici et là dans l’auditoire pendant son discours.

« Colère »

« Il a pris soin de ne pas évoquer les sujets qui fâchent », a noté une militante. « Une assemblée respectueuse ne veut pas dire qu’elle est d’accord sur tout », a précisé Marylise Léon. Clôturant l’après-midi de débat, la syndicaliste n’a effectivement pas mâché ses mots.

Le divorce apparaît consommé entre le premier syndicat français, dont sa leader a dit la « colère », et François Bayrou. Vendredi, lors de la réunion intersyndicale, la CFDT proposera aux autres syndicats une date de mobilisation, a annoncé la numéro Un de la centrale.

Non pas que la CFDT remette en cause le diagnostic. « Le déficit public doit être réduit, […] la CFDT ne nie pas ce constat », a expliqué la leader syndicale. Demandant que ce soit fait « progressivement, en tenant compte de la justice sociale, des réalités du travail et en se fixant des priorités d’avenir, elle a fustigé « des réformes brutales, conçues sans dialogue et sans considération pour celles et ceux qui font vivre notre pays ».

Ode au dialogue social

Même l’ode au dialogue social qu’a prononcée le Premier ministre n’a pas convaincu. François Bayrou a affirmé vouloir faire « pleinement et entièrement confiance aux partenaires sociaux en leur confiant la gestion des principaux piliers du système de protection sociale », y voyant un pilier du « nouveau monde » qu’il veut construire.

Mais il y a mis la condition de respecter « une règle d’or : que la condition d’équilibre financier soit fixée dans la loi afin de ne pas faire peser sur les générations futures le poids du surendettement et des dérives financières ». « Un non-sens pour un système comme l’assurance-chômage, qui ne se gère pas à l’année », a taclé en marge de l’événement Marylise Léon.

 Le Premier ministre avait pris soin par ailleurs de ménager son auditoire en n’évoquant pas son projet de supprimer deux jours fériés devant les Cédétistes. Est-ce parce que face à l’hostilité syndicale comme patronale, il serait prêt à y renoncer ? Marylise Léon, elle, n’a pas mâché ses mots sur une mesure qualifiée d’ « idéologique ».

Les jours fériés, mesure « idéologique »

« Nous n’irons pas [négocier], parce qu’on ne négocie pas quand tout est décidé d’avance », a-t-elle affirmé, sous les applaudissements.

Sur l’assurance-chômage en revanche, alors que le gouvernement a envoyé une lettre de cadrage exigeant 4 milliards d’euros d’économies par an à l’horizon 2030, elle n’a pas dit qu’elle n’irait pas négocier le cas échéant. La décision sera prise lors du bureau national prévu du 16 au 18 septembre, quand le vote de confiance est prévu le 8. Mais elle a demandé à François Bayrou d’abandonner son projet de réforme, critiquant les « coups de menton » et les « improvisations ».

Enfin, sur l’ouverture de négociations sur l’acte 2 de la réforme du marché du travail que le gouvernement veut engager, et sur laquelle la ministre du Travail a engagé des consultations lundi, la syndicaliste a averti que « s’il s’agit d’affaiblir encore les protections individuelles et collectives, la CFDT se battra contre ». Astrid Panosyan-Bouvet, présente dans la salle, qui doit recevoir la CFDT jeudi, est prévenue…

Leïla de Comarmond 

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