Vous trouverez ci-dessous les documents ou introductions des réunions de rentrée ou conférences de presse des syndicats opposés à la loi travail.
- Conférence de presse et assemblée de rentrée de la CGT (30 août) : Une rentrée à l’offensive
Rapport introductif à l’assemblée de rentrée de la Confédération générale du travail du 30 août 2016
par Pascal BOUVIER, dirigeant de la CGT (extraits) :
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Cette assemblée de rentrée ne doit pas nous faire oublier que cela fait 80 ans, cette année, que les congés payés ont été gagnés de haute lutte, comme un acquis social de premier ordre, permettant aux salariés et leurs familles de profiter, tous les ans, de moment de détente en dehors du travail. Pourtant, 80 ans après, malgré son extension à 5 semaines de congés, encore près de la moitié des français ne sont pas partis en vacances.
Cette situation doit nous interroger, mais aussi nous alerter, pourquoi de moins en moins de salariés mais également des retraités restent chez eux, ne profitant pas de ce moment d’oxygénation pour sortir de la torpeur quotidienne des aléas de la vie professionnelle et quotidienne.
Les politiques d’austérité menées depuis plusieurs décennies, n’ont fait qu’aggraver cette situation de précarisation et de la peur du lendemain. Toutes ces régressions sociales sont faites pour mieux alimenter la loi du marché – autrement appelée la mondialisation – en imposant encore plus de concurrence entre les peuples. Cela génère désespérance et repli sur soi, ce qui a pour conséquences de faire monter les idées d’extrême droite.
Il suffit d’observer ce qui se passe à l’Est de l’Europe. Pour prendre le seul exemple de Autriche. Aux dernières élections présidentielles, le parti d’extrême droite aurait pu être élu face au candidat écologiste. Cela s’est joué à un cheveu, à 30000 voix près ! Le danger reste très présent, puisque de nouvelles élections auront lieu le 2 octobre, suite à des irrégularités.
La France n’est pas à l’abri de la montée du Front National. Les dernières élections ont démontré une poussée de ce parti. Actuellement, il fait la politique de l’autruche. Depuis quelques mois sa présidente reste presque muette à tous sujets d’actualité. Elle affine sa stratégie pour mieux rebondir en 2017. Par contre, pour la première fois, elle a envoyé un tweet d’hommage suite au décès de Michel Rocard, comme le font habituellement d’autres personnalités politiques dans l’esprit républicain. La dédiabolisation continue.
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Après un passage éclair devant le conseil constitutionnel, la loi travail est promulguée en pleine période estivale, sans jamais avoir été voté ! Voilà la vraie définition du soi-disant dialogue social défendu par le président de la République et son gouvernement ! Promulgation ou pas, nous aurons rendez-vous le 15 septembre, j’y reviendrai.
Avant les congés d’été, lors du passage en seconde lecture à l’assemblée nationale, deux signatures ont encore une fois manqué à l’appel pour porter une motion de censure. Les menaces d’exclusion du Parti socialiste à quelques mois d’échéances électorales auront certainement retenu quelques mains. Valls clarifie un peu plus sa stratégie de casse qu’il veut absolument imposer. L’incroyable précipitation du premier ministre à dégainer le 49-3, en dit long sur le cynisme avec lequel il mène à bien son projet social. C’est aussi la démonstration qu’il n’avait plus de majorité pour faire voter ce texte. À coups de réformes libérales, le tandem exécutif rédige très méticuleusement sa vision du soi-disant progrès social. Depuis la loi sur la sécurisation de l’emploi, jusqu’à la loi Travail, tout y est passé, lois Rebsamen et Macron. Ni débat, ni démocratie, alors que récemment Hollande a dit, concernant le Brexit, « Il faut savoir entendre la voix des peuples » ! La CGT est pleinement d’accord, il faut savoir écouter la voix du peuple français.
La période particulièrement que nous vivons avec des actions qui durent dans le temps, est aussi très singulière au sein même du Parti Socialiste. Tensions en interne en plus de leurs permanences qui ont été visées par des manifestants, conséquence de la politique que mène le gouvernement. A tel point, qu’il a annulé ses universités d’été prévues fin août, à Nantes, ayant eu connaissance que l’intersyndicale de Loire Atlantique tiendrait le premier jour un meeting à proximité de leur rassemblement. L’intersyndicale a répondu par un communiqué qu’elle est porteuse du débat et non pour commettre des actes de violences, comme le prétendait le PS. D’autant, que la CGT les condamne depuis le début du conflit.
Je profite de ce rapport introductif pour vous relire un texte, que Philippe Martinez lors du meeting de Jappy le 6 juillet, avait évoqué. Il le présentait ainsi, vous ne le trouverez pas dans une déclaration de l’intersyndicale, ni imprimé dans un tract de la CGT. Ce texte figure dans la motion majoritaire votée au congrès du Parti socialiste, il y a tout juste un an.
Même si ce passage est une redite, il ne doit surtout pas passer inaperçu. Je cite : « Il faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord collectif et lui-même s’impose au contrat de travail. Si la loi peut permettre à des accords de déroger à ces dispositions, elle ne peut le prévoir dans des domaines relevant de l’ordre public social : salaire minimum, durée légale du travail, droit du licenciement, existence de la représentation du personnel. »
A cela, on peut rajouter le discours contradictoire du candidat Hollande au Bourget : « Mon adversaire c’est la finance » avec son Premier Ministre qui veut faire de Paris la première place financière de l’Europe, suite au Brexit.
S’ils oublient rapidement leurs orientations et promesses, leurs premiers dirigeants n’oublient pas l’approche les élections présidentielles de 2017. Les primaires sont lancées tant du côté du Parti Socialiste que Des Républicains. Malheureusement, les minimas n’existant pas, comme pour les Jeux Olympiques par rapport aux performances réalisées, c’est une multitude de prétendants qui s’affiche. Dans le paysage politique, les primaires vont prendre une place importante, reléguant au second plan l’urgence des attentes sociales. Pour nous, elles ne sont pas secondaires, mais prioritaires !
Comme le camouflage des chiffres du chômage qui seraient au plus bas depuis 2012 ! Comme par hasard, au moment de l’investiture de François Hollande.
Dans tout le pays, depuis cinq mois, nous faisons front, dans l’unité, face à cette nouvelle vague libérale. Nous ne nous résignons pas, bien au contraire, étant convaincu que nous pouvons gagner. Il suffit de regarder toutes les journées d’actions qui ont été menées, avec en point d’orgue, celle du 14 juin à Paris avec 1,2 million de manifestants ! Celles qui ont suivi jusqu’au 5 juillet – la douzième journée de mobilisation – sont annonciatrices d’une rentrée revendicative plus dynamique qu’à l’accoutumée. Pour cette dernière avant les congés payés, nous étions 45000 à Paris, et plus de 100000 en France, quelque chose de tout à fait inédit et donc d’inhabituel pour un 5 juillet.
Depuis le début du conflit tous les qualificatifs ont été utilisés et usés par les médias et le gouvernement sur ce mouvement social d’envergure. Affaiblissement du mouvement, durcissement des actions assimilant les manifestants à des casseurs, etc, etc… Tout y est passé.
Pour autant, la sympathie en direction des syndicats qui sont dans l’action reste intacte auprès de la population. Il suffit de regarder la votation citoyenne avec plus de 1 million de consultations en seulement 4 semaines ! Ils ne sont pas tombés dans le piège de la surenchère. Ils et elles veulent des droits nouveaux, tout en rejetant la loi travail.
De notre côté, nous avons fait la démonstration d’une démarche démocratique qui confirme les sondages. Depuis le début des mobilisations, les chiffres ne bougent pas. Il y a toujours 70% des français qui désapprouvent la loi, alors que notre consultation en direction, uniquement, sur les lieux de travail fait apparaitre très clairement que 92% des sondés sont contre la loi Travail. A partir de ces résultats, les rencontres avec les salariés doivent nous permettre de renforcer et élargir le mouvement social.
Pour autant, nous devons, ensemble, faire le bilan de la votation citoyenne en s’appuyant sur ce qui a marché et sur ce qui a coincé. Même si cette consultation a permis de rencontrer et de toucher 1 million de salariés, ce qui est un véritable exploit en seulement 4 semaines – encore plus exceptionnel qu’une signature devant son ordinateur sur Change.org – nous ne devons surtout pas écarter les défaillances sur notre qualité vie syndicale. Le sujet n’est pas nouveau. Mais l’expérience de la votation comme pour les visites de syndicats sont des indicateurs de ce qu’il faut qu’on améliore. Partageons nos expériences sans stigmatiser telles ou telles organisations ou tels ou tels syndicats. Nous aurons l’occasion d’approfondir ce bilan, lors du prochain CCN de novembre.
Cette analyse ne doit surtout pas évacuer et mettre de côté les luttes que nous menons depuis cinq mois. Pour ces dernières, ce qui nous manque indéniablement, comme en 2010, ce sont les arrêts de travail, dans les entreprises et établissements. La rentrée, comme normalement toutes les rentrées, doit se faire par des AG avec les militants, les syndiqués et les salariés pour faire connaitre nos propositions revendicatives, avec l’indispensable cahier revendicatif à déposer aux directions d’entreprises.
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Ce communiqué intersyndical va plus loin dans la démarche revendicative, puisqu’il conclut par un appel à s’inscrire, également, dans la journée d’action unitaire interprofessionnelle du 15 septembre contre la loi travail et pour de nouveaux droits pour les salariés.
Les attaques contre la CGT ne se sont pas arrêtées. Loïc, Cédric, Antoine, Laurent, Nicolas et bien d’autres ont tous un point commun. Ils sont tous adhérents à la CGT. Ils ont tous participé aux différentes manifestations contre la loi travail. Ils ont tous été mis en garde à vue avant de comparaitre devant un juge.
Pour le gouvernement toutes ses arrestations arbitraires n’avaient qu’un seul objectif, de bâillonner le mouvement social et de discréditer l’expression collective largement soutenue par la population, alors que dans le même temps les casseurs agissaient à leur guise ! Comme vous le savez, la CGT a demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire concernant le maintien de la sécurité dans les manifestations.
Face à de tels agissements commandités en haut lieu, la CGT réaffirme la nécessité d’une loi d’amnistie, la suppression de fichage ADN en particulier pour les militants syndicaux et la protection des libertés syndicales.
Pour l’instant, la seule réponse que nous avons eu de la part du gouvernement, date du 8 août. Elle nous est venue de la ministre du Travail, en personne, en autorisant le licenciement de Vincent Martinez, élu CGT à Air France, alors que l’inspection du travail avait refusé son licenciement à partir d’éléments concrets recueillis sur le terrain, au moment de l’enquête contradictoire !
Rapidement, nous avons condamné une décision proprement scandaleuse avec une attitude revancharde du gouvernement par rapport à la bataille mené, contre la loi travail. Alors que nous revendiquons une protection sur les libertés syndicales, le gouvernement répond par la criminalisation de l’action syndicale en renforçant la répression syndicale.
La CGT ne se laissera pas faire à toute forme d’intimidation. Nous condamnons toute forme de répression visant à tenter de museler la moindre contestation. Concernant Vincent, en lien avec son syndicat, nous nous réservons le droit d’intenter des recours devant les juridictions compétentes. Egalement, rendez-vous est donné les 27 et 28 septembre 2016 devant le Tribunal de Grande Instance de Bobigny pour exiger la relaxe des 16 d’Air France.
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- Le tract de rentrée de Force ouvrière : cliquer 15_sept_2016
Au Miroir d’Eau à Nantes, meeting commun interprofessionnel avec Jean-Claude Mailly (Secrétaire général de la C.G.T.-Force Ouvrière), Philippe Martinez (Secrétaire général de la CGT), Bernadette Groison (Secrétaire générale de la FSU), Eric Beynel (Porte parole de l’Union syndicale Solidaires) et William Martinet (Président de l’UNEF)
Nantes Esplanade des Traceurs de Coques (près des Machines de l’Ile)
- Union syndicale Solidaires : prêts !
Prêts !
La promulgation de la loi travail le 9 août est venue rappeler que la question sociale ne connaît pas les vacances. De nombreux-euses camarades ont émaillé leurs congés d’interventions auprès des travailleurs et travailleuses saisonniers, de manifestations sur la voie publique contre la loi travail, à l’occasion de déplacements ministériels en particulier… Myriam El Khomri a salué la mémoire d’un ancien responsable de la CGT, quelques jours après avoir autorisé, contre l’avis de l’inspection du travail, le licenciement du délégué syndical d’Air France mis en cause pour « la chemise ». A croire que les syndicalistes méritent son respect quand ils ne sont que mémoire… Les salarié-es de l’entreprise Mollex ont, quant à eux, été reconnu-es dans leurs droits après une procédure pour licenciements abusifs qui a duré plusieurs années.
La relance de la mobilisation pour l’abrogation de la loi travail aura lieu le 15 septembre, des actions sectorielles sont déjà prévues (dans l’éducation, le sanitaire et social, les télécoms)…. Elles montrent que celles et ceux qui ont battu le pavé ces derniers mois, fait grève, occupé les places, organisé blocages et actions militantes considèrent que la question n’est pas réglée. Nous préparons ces échéances mais nous entendons aussi réagir avec les moyens juridiques qui pourront être mis en œuvre pour contrer l’application de la loi et aller la contester dans toutes les entreprises et services. Au delà nous aurons aussi à nous mobiliser en défense des syndicalistes, militant-es et manifestant-es réprimé-es.
En cette rentrée, le cirque des primaires et de l’élection présidentielle, dans un climat politique délétère de surenchère sécuritaire, va sans doute nous écœurer jusqu’à la nausée. Ceux qui nous gouvernent ou s’apprêtent à le faire utilisent toutes les ficelles pour tenter de faire porter l’attention sur des menaces extérieures en niant leurs propres responsabilités et en tentant de détourner l’attention du public des questions sociales et des droits démocratiques. Face à la menace terroriste, qui ose encore lutter pour la réduction du temps de travail ou les salaires ? Qui osera s’opposer à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou au site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure ? Qui défendra les libertés individuelles ?
L’attentat de Nice a été une horreur qui a fait de nombreuses victimes. Mais en quoi la prolongation de l’état d’urgence constitue-t-il un moyen de lutte efficace ? L’empathie que nous avons pour les victimes, où qu’elles soient, ne nous empêche pas de discuter du bien fondé des politiques mises en œuvre à l’intérieur et à l’extérieur de la France. Cela ne nous empêche pas non plus de voir comment celles-ci accompagnent une évolution raciste de comportements, du traitement médiatique de l’actualité, et pire de politiques institutionnelles : à preuve, au sujet de tenues vestimentaires, des conceptions nauséabondes de la laïcité et à géométrie variable sous couvert de défense du droit des femmes, ou la façon dont les migrant-es sont traité-es aujourd’hui à Calais, à Paris ou à la frontière italienne et à qui on refuse des droits élémentaires.
Notre participation au récent Forum social mondial de Montréal témoigne de l’importance dans le contexte actuel à développer plus encore les solidarités internationales et à construire ensemble des résistances et alternatives face au néolibéralisme.
En reprenant le fil de nos mobilisations du printemps, en gardant leur richesse et leur diversité, à travers nos actions, nos revendications, notre volonté de transformation sociale radicale, nous pouvons porter une espérance qui redonne sens à l’action collective et force à ceux et celles qui n’ont rien, pour disputer la légitimité d’incarner un véritable projet alternatif de société.
Article publié le 24 août 2016
- Conférence de presse « éducation » de la FSU lundi 5 septembre : Le dossier de presse avec le lien ci-dessous :http://www.fsu.fr/Conference-
de-presse-de-la-FSU-4311.html