Le réseau Front social organisait samedi 4 novembre une réunion nationale de délégué-es des groupes locaux et de syndicalistes. Objectif : la manifestation vers l’Elysée le samedi 18 novembre.
Etaient présents samedi à la Bourse du travail de Paris des représentant-es des collectifs de Bayonne, Lyon, Perpignan, Rouen, Le Havre, Le Mans, ainsi que des militant-es de l’UD CGT Val de Marne (94), de SUD Education, du SNUIPP-FSU, du collectif Touche pas à ma Zep, ainsi que l’équipe animatrice de Front Social national (SUD PTT92, InfoCom CGT, Sud Commerce…). Environ 35 personnes le matin.
Prise de notes : Jean-Claude Mamet pour syndicollectif.fr (uniquement sur la préparation du 18 novembre).
Introduction par Mathilde (militante SNUIPP-FSU) : Le scénario que nous vivons était inscrit dès l’été 2017. Il y a eu quatre journées « saute-mouton » : le 12 septembre, le 21, le 10 octobre, le 19. Sans objectif précis de type : gagner contre Macron. Les syndicats de la fonction publique n’ont rien fait pour le 12 septembre et n’ont mobilisé que sur des objectifs professionnels le 10 octobre. Nous sommes donc dans un scénario qui organise la défaite. Au Front social, au contraire, ce qui nous rassemble est l’idée qu’on peut gagner. La décision que nous avons prise est de ne pas attendre les directions syndicales et leurs réunions. Nous avons donc décidé l’initiative de la manifestation vers l’Elysée le samedi 18 novembre. Nous voulons rassembler ceux et celles qui n’ont pas envie de lâcher la lutte.
Il est tout à fait possible que si nous n’avions pas décidé le 18, la date du 16 novembre n’aurait pas été décidée à l’intersyndicale du 24 octobre. Mais le 16 novembre peut entrer dans le plan de bataille, donc il faut viser de soutenir le 16 novembre, reconduire le 17, puis manifester à Paris le 18. Ce n’est pas contradictoire : le 18 renforce le 16.
Nous nous sommes adressés à toutes les organisations du mouvement ouvrier pour proposer une réunion unitaire le 2 novembre. Mais il y a peu de répondant. Le 18 novembre repose donc sur nous. Il est reçu de manière positive. Des co-voiturages sont en train de s’organiser. Lorsque nous en parlons dans nos structures syndicales, il n’y a pas d’argument pour s’opposer. De plus, la question de la sélection à l’université est en train de produire un sujet de mobilisation explosive dans la jeunesse, avec une date d’action le 22 novembre qui émerge.
Interventions hors équipe d’animation nationale :
- Hautes Pyrénées : mettre en débat un salaire étudiant.
- Rouen : Il faut des revendications contre Macron et son monde. Même Solidaires ne répond pas. Le 18 novembre répond à un vide.
- Lyon : on constate un reflux sur le terrain. Cela nous semble impossible d’organiser quelque chose pour le 18. Du moins à Paris. Le contexte n’est plus le même que pendant les élections, au moment au Front Social a démarré (manifestation du 22 avril 2017).
- Militante SUD Education Rouen : qu’est-ce qu’on risque ? Il y a une frilosité de la gauche syndicale et politique. Pourquoi SUD Education n’est-il qu’observateur à Front Social ? Le 18 nous serons quelques milliers, ce ne sera pas la masse qui viendra, mais ce sera une critique publique des organisations syndicales.
- Nanterre étudiant : nous sommes environ 60 en AG depuis la rentrée. A quoi ça sert les journées du 12, du 21, du 10, du 19 ? Le 16 peut faire bouger, mais le 18, c’est bien plus concret.
- Le Havre : même peu nombreux, on peut faire bouger les choses.
- Militant du collectif Touche pas à ma ZEP : nous avons coordonné 35 « bahuts» le 12 septembre et 65 le 10 octobre. Une AG en Seine Saint-Denis a dégagé une plate-forme commune. Sur les contrats aidés, la lutte a permis une victoire partielle à Marseille. Il faudrait faire un décompte national des suppressions de contrats aidés. Le 16 novembre, c’est la reconstitution de l’intersyndicale de 2016, donc c’est positif. Il faut donc agir le 16, puis le 17, et le 18. Et envisager une action le 22 novembre sur la sélection à l’université. Des lycéens nous contactent.
- Militant UD CGT Val de Marne : sur le département, le Front social ne démarre pas car la CGT fait son travail. Mais cela ne suffit pas sur le plan national. J’entends parfois l’idée de «réunification syndicale», mais celle-ci doit se faire avec Front social. Il faut éviter un piège : les polémiques contre les syndicats. C’est stérile. Il faut agir en positif, donc par exemple appeler le 16, le 17, et le 18 novembre. Il y a de l’écho dans le tissu militant. Il ne faut pas regarder uniquement le nombre, mais agir dans la durée. Il faut aussi rencontrer les organisations politiques et poser la question de l’alternative politique. Car il ne faut pas toujours être « contre », il faut un projet de société. Et à cela, les confédérations répondent mal. Il faut contester le capitalisme et redonner le pouvoir d’agir à ceux qui produisent dans les entreprises. Il faudrait faire comme en Guadeloupe en 2009 avec les 52 organisations du LKP, comprenant aussi les politiques. Prendre au sérieux aussi la date du 22 novembre avec la jeunesse.
- Le Mans : nous sommes 15 en réunion chaque semaine, nous pouvons être une trentaine le 18 à Paris. Pour la convergence des luttes, il ne faut pas oublier les migrants.
Nombreuses interventions de l’équipe nationale (au moins deux par personne) :
- Le 18 novembre est une bouffée d’oxygène. Le principal est d’agir. Il faut utiliser le 18 pour exprimer quelque chose face aux stratégies perdantes. La stratégie des cortèges de rue classiques a fait la preuve de sa faillite, en 2010, en 2016, ou dans les journées répétitives. Pourquoi les organisations de gauche ne viendraient-elles pas ? Sont-elles périmées ?
- SUD PTT a décidé de soutenir le 18. Solidaires national a une réunion le 9 novembre.
- Il y aura plus de monde le 16 novembre que le 18, mais c’est le 18 qui va compter le plus. Etre 10 000 le 18, c’est plus que 150 000 le 16, car cela exprime une rupture de gauche et c’est cela qui fait peur. Il y a énormément de grèves éparpillées. La colère s’accumule. Le 18 peut mettre le feu à la plaine.
- Il ne faut pas opposer les dates. La portée du 18 n’a rien à voir avec celle du 16. Le 18 répond aux lacunes des luttes depuis l’élection de Macron, car l’objectif politique est clairement désigné.
- Il ne faut pas se laisser entrainer par la résignation. Il faut avoir du culot. C’est comme cela que le Front social a démarré le 22 avril. Et cela a eu un écho.
- En 2016, nous étions à deux doigts de gagner. Il ne faut pas se sentir défait, par pour être défait, il faut d’abord se battre. Il faut aussi désigner l’Assemblée nationale comme le lieu du pillage fiscal et social. Le 18 novembre va clore une séquence brouillonne de la lutte et être le début d’une autre séquence dans la bonne direction.
- Il ne faut pas se laisser « contaminer» par le recul. On n’a pas le choix. Ne rien faire serait pire que tout.
- Il faut être audacieux, même quand on n’est pas sûr du nombre. Il ne faut pas être soi-même un élément de la situation négative. Il faut être prudent sur les revendications en « positif ». Car est-ce que ce sont les revendications qui déclenchent les luttes ? Ce sont des exigences simples qui les font partir. Exemple : « pas de suppression d’emplois». Ou encore : « ce n’est pas au patron de décider ».
- Macron est le « stade suprême» de l’ordre libéral. La question est moins d’ajouter des revendications aux revendications que de se dire : « C’est par où la sortie ? ». Quels sont les mandats des confédérations qui vont négocier à l’Elysée ? Le vote de ratification commence le 20 novembre. Le 18 sera donc l’ultime manifestation. Peut-être faut-il lancer un « appel du 18 novembre du Front social ».
- Le cadre proposé par Copernic, avec le collectif Pour nos droits sociaux (réunion le 14 novembre) n’envisage que des meetings. Cela ne suffit pas pour le rapport de forces. C’est dans la rue que cela se passe.
- Nous pouvons être entre 2000 et 5000 le 18 novembre.