Voici un communiqué de l’Union syndicale Solidaires, suite aux évolutions du projet « retraites » du Haut commissaire J. Paul Delevoye, qui prévoit de travailler plus longtemps avec un « bonus« .
Travailler plus pour certain-es… pour moins de retraite pour tous et toutes
La « concertation » sur les retraites a repris, en marge du « grand débat national ». Pourtant la présence de nombreuses personnes retraitées parmi les gilets jaunes n’a échappé à personne. Le gouvernement est loin de prendre en compte cette mobilisation ainsi que les très nombreuses manifestations intersyndicales de retraité-es qui ont eu lieu depuis un an.
Le projet est simple, avec la mise en place d’une retraite à points soi-disant égalitaire, il serait proposé un système de bonus pour ceux et celles qui voudront (ou seront obligé-es de) travailler plus (et qui pourront le faire).
Pourquoi c’est un problème et pas seulement la liberté de chacun-e ?
Le Haut commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye qui vient de faire cette annonce, avait dit dans la phase précédente qu’il était favorable à une règle d’or pour l’équilibre du système des retraites.
Ça veut dire que les dépenses devront s’équilibrer avec les recettes sans envisager de toucher aux cotisations (le patronat ne le veut pas). Concrètement, la loi bloquerait la part de PIB consacrée aux retraites, part à distribuer entre plus de retraité-es, ce qui diminuerait automatiquement chaque pension : le but de cette « réforme », c’est la baisse des pensions ! Et si certains et certaines travaillent plus longtemps pour un bonus, nécessairement ceux et celles qui partiront à l’âge « normal » verront leurs droits à pension diminuer.
Le système à point est un système à cotisations définies et pas à prestations définies (ce qui est le cas de nos régimes actuels). Ce que cela veut dire : c’est qu’on cotisera toute sa carrière et qu’on ne saura qu’au moment du départ ce qu’on touchera.
De plus, cela va défavoriser tous ceux et celles qui ont eu une carrière incomplète ou heurtée ainsi que les ouvriers et ouvrières dont l’espérance de vie est moins élevée que les cadres.
Le gouvernement au lieu de faire une pause continue sur sa lancée
Nous demandons dans l’immédiat :
– l’abandon de ce projet de réforme : à cause de la colère sociale à laquelle il ne répond pas, le gouvernement a perdu la légitimité pour engager une telle réforme.
– la suppression des augmentations de la CSG sur les pensions.
L’ouverture de négociations pour des retraites qui permettent à tous et toutes :
– De partir à 60 ans et plus tôt pour les métiers pénibles, avec 75% du dernier traitement ou de la moyenne des 10 meilleures années de carrière, avec un minimum égal au SMIC.
– Des mesures d’égalité pour les femmes en rattrapage des salaires, des carrières inégales et de la charge des enfants non égalitairement partagée.
– la suppression de la décote.
Le gouvernement toujours à contresens !
Après plusieurs semaines de silence sur son projet de réforme des retraites, le gouvernement reprend les réunions avec les organisations syndicales et patronales. La CGT sera reçue jeudi 24 janvier.
Une réforme de régression sociale
La CGT réaffirme que le projet gouvernemental s’inscrit dans une politique de régression sociale, aujourd’hui, fortement remise en cause par la majorité des Français.
Le passage à un système de retraite à points prépare la mise en place de comptes dit notionnels c’est-à-dire basant le montant de sa retraite sur l’espérance de vie de sa génération.
Cela touchera tous les secteurs professionnels et conduira à une baisse très importante du niveau des pensions, de l’ordre de 20 à 30%.
Cette réforme affaiblira encore le niveau de pension des femmes dont l’activité professionnelle est souvent réduite à du temps partiel subi et à des carrières morcelées. Elle aurait aussi des impacts importants pour les salariés qui occupent des emplois précaires dont beaucoup de jeunes.
Cette réforme consiste, également, à rendre impossible financièrement tout départ à la retraite à l’âge légal et ce bien au-delà des 62 ans actuels. D’ailleurs, elle favoriserait la généralisation du cumul « emploi/retraite », pour tenter de survivre avec des revenus de plus en plus aléatoires.
La CGT rappelle que la retraite constitue le moment qui doit marquer la fin de toute activité professionnelle. La garantie d’un niveau de pension correct en est une des conditions, cela n’est possible qu’avec :
- le maintien d’un système réellement solidaire, par répartition et par annuité ;
- un droit à la retraite rétabli à 60 ans ;
- un montant de pension de 75 % minimum du salaire et jamais inférieur au Smic pour une carrière complète ;
- un calcul basé sur les 10 meilleures années de salaire, dans le secteur privé, et sur les 6 derniers mois, dans les secteurs publics et régimes spéciaux ;
- un droit à départ en retraite à taux plein anticipé c’est-à-dire avant 60 ans, pour toutes celles et tous ceux qui ont exercé des travaux pénibles et astreignants. Ce droit doit être reconnu dans tous les régimes.
Loin de rechercher l’égalité des droits, le projet de réforme gouvernemental n’a qu’un objectif : faire baisser le montant des pensions de tous !
La CGT appelle à combattre cette régression sociale et à gagner de nouveaux droits pour renforcer les solidarités et garantir un haut niveau de pension permettant de vivre dignement !
Pour gagner le progrès social, pour gagner les propositions CGT : tous et toutes dans l’action le 5 février 2019 !
Montreuil, le 23 janvier 2019