Affaires Sarkozy : le syndicalisme défend l’Etat de droit

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Suite à la campagne éhontée de l’ex-président de la République poursuivi et condamné pour la troisième fois et se permet de dénoncer la justice, plusieurs syndicats et la LDH protestent et défendent l’Etat de droit.

 

Communiqué unitaire Affaire Sarkozy 1er octobre 2025

 

Affaire Sarkozy : respecter les juridictions pour respecter l’Etat de droit

Les juges appliquent la loi votée par le Parlement et l’article 64 de la Constitution fait du président de la République le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire.

Il est particulièrement choquant que N. Sarkozy, ancien président de la République, attaque des magistrats. En les ciblant, il les expose. Ainsi, la présidente du tribunal l’ayant jugé, au sein d’une formation collégiale, a reçu des menaces de mort et est désormais placée sous protection policière

Sarkozy, ainsi que d’autres responsables politiques, s’indigne de l’exécution provisoire de sa peine, étant présumé innocent tant que le jugement n’est pas irrévocable. Il s’agit pourtant de l’application de dispositions légales, qu’il est certes possible de critiquer mais qui ont été votées par le Parlement et qu’il n’a jamais remis en cause lorsqu’il était ministre de l’Intérieur ou président de la République, et qu’il tançait le supposé laxisme des juges.

Une fois de plus, un responsable politique demande à bénéficier de privilèges, et à échapper aux rigueurs de la loi.

Comment, quelqu’un qui a été aux plus hautes responsabilités peut-il pointer des juges qui prennent des décisions conformément aux lois en vigueur ?

Rappelons que l’année dernière, 90 % des peines de plus de vingt-quatre mois ont été exécutées immédiatement. Or, N. Sarkozy est condamné à 5 ans d’emprisonnement ferme. Et le délai prévu pour l’exécution du mandat de dépôt est un régime de faveur, dont ne bénéficient généralement pas les condamné-es.

Il est particulièrement hypocrite que des hommes et femmes politiques qui réclament à longueur de journée la fermeté demandent pour eux-mêmes des exemptions et des passe- droits.

Sarkozy ose crier à l’atteinte à l’Etat de droit alors que c’est précisément son attitude de menace envers des juges, qui est un coup porté à celui-ci.

Nos organisations considèrent que dans le contexte actuel de fragilisation de la démocratie et de la cohésion sociale, il est de la responsabilité de chacune et de chacun de faire preuve de rigueur sur le respect de l’autorité judiciaire et de l’intégrité professionnelle des magistrats.

Paris, le 1er octobre 2025

 Signataires : Confédération générale du travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), LDH (Ligue des droits de l’Homme), Union syndicale Solidaires.

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Une justice sans haine et sans passe-droit

Publié le 26 septembre 2025

La condamnation de Nicolas Sarkozy pour des faits d’association de malfaiteurs à la peine de 5 ans d’emprisonnement assortie d’un mandat de dépôt différé avec exécution provisoire est violemment attaquée par une partie de la classe politique comme le fruit d’un « acharnement », voire d’une « vengeance » de la justice. Ces accusations constituent une diversion qui ne doit tromper personne.

La stratégie par laquelle l’accusé se fait l’accusateur de ses juges est un grand classique des personnalités publiques poursuivies ou condamnées. En réalité, en matière de délinquance économique et financière, comme dans tout autre domaine, les magistrat·es spécialisé·es qui traitent ces procédures exercent leurs fonctions avec impartialité, professionnalisme et indépendamment de leurs opinions.

L’hypothèse de la soi-disant « haine » des juges envers l’ancien président de la République ne résiste d’ailleurs pas à l’analyse : loin d’une lettre de cachet, le jugement, qui articule de façon argumentée des déclarations de culpabilité et des décisions de relaxe, s’appuie sur 10 ans d’instruction, des demandes d’entraide pénale internationale dans plus de 20 pays, 73 tomes de pièces, 557 pages d’ordonnance de renvoi, 3 mois de procès et plus de 400 pages de motivation.

Ces chiffres témoignent de la rigueur juridique et du sérieux du travail accompli, et ce en dépit de bien maigres moyens. Ainsi, ce n’est pas le « gouvernement des juges » qui devrait être au coeur du débat, mais bien la lutte contre la délinquance économique et financière, et ce jusqu’au plus haut sommet de l’État.

A l’heure où l’organisation Transparency International indique que la France souffre « d’une absence de volonté, tous bords politiques confondus, de lutter contre les atteintes à la probité », le Syndicat de la magistrature rappelle que la justice risque ne plus pouvoir juger, demain, la délinquance en col blanc.

Les coups portés aujourd’hui contre l’autorité judiciaire ne font que renforcer ce constat. Il y a urgence à faire de cette lutte, vitale pour notre démocratie, un impératif d’action publique.

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Les condamnations de “puissants » se suivent et les atteintes à l’indépendance de la justice et aux fondements de l’État de droit et de la démocratie se multiplient.

Mais ces “puissants » ne sont pas n’importe lesquels et les atteintes dont ils se rendent coupables ne peuvent qu’être dénoncées très fortement : l’un est ancien président de la République’, l’autre est candidate à cette fonction.

Comment pourraient-ils être dignes de cette fonction alors que de celle-ci nait l’obligation de  garantir l’indépendance* de la justice.

Nos organisations tiennent à rappeler ce qui ne devrait être qu’évidences.

En démocratie, la remise en cause des décisions de justice se fait par voie d’appel, le discrédit n’est en aucun cas possible.

En démocratie, les désaccords ne se règlent pas par des menaces et par la violence. En France, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui semble être toujours honnie par une partie de la classe politique, proclame l’égalité des citoyens devant la loi.

En France, le service public de la justice et ses personnels font au mieux avec des moyens loin des enjeux.

Les procès en laxisme ne vaudraient qu’à l’égard de la masse. La justice de classe ne l’est pas encore assez à leurs yeux : alors méme que des petits délinquants sont jugés en 20 minutes chrono et condamnés à des peines proportionnellement très lourdes, les procès de ces puissants, si ce n’est méme privilégiés, durent des années, tous les recours possibles étant utilisés jusqu’au dernier (ce qu’eux-mêmes reprochent pourtant aux autres délinquants osant utiliser ces mêmes moyens).

Mais ce sont d’autres libertés que ceux-là voudraient priver les citoyens français. A commencer par la liberté syndicale*, qui est pourtant fondamentale en démocratie pour faire entendre la voix des travailleurs sur l’organisation du travail, leurs conditions de travail et le sens de leurs missions, n’en déplaise aux autoritaires de tous poils.

II faut y ajouter la liberté de la presse, sévèrement attaquée elle aussi, alors qu’elle n’est pas moins fondamentale dans un État de droit.

Nous appelons citoyens, usagers et personnels à se mobiliser pour renforcer l’indépendance de la justice et ainsi la démocratie, l’égalité des citoyens devant la justice et l’accès à celle-ci par l’attribution de moyens à la hauteur des besoins, et plus largement nos droits et libertés.Dans un tel contexte, nos organisations appellent à faire du jeudi 2 octobre une puissante journée

Montreuil, le 30 septembre 2025

 

”Aux termes de l’article 64 de la Constitution, le président de la République est garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. II est assisté dans cette mission par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).

  • Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir « laissé ses plus proches » collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.
  • communiqué SM “Les magistratEs ont le droit de s’exprimer à titre syndical sans que leur impartialité ne soit mise en doute dans l’exercice de leurs fonctions », poursuit Ie SM, ajoutant que « cibler personnellement une magistrate, c’est attaquer l’État de droit Iui-mÔme »
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