La pétition anti-loi travail a été lancée par d’anciens étudiants ayant vécu le mouvement contre le CPE.
« Les citoyens accomplissent désormais sur Internet plein d’actes de leur vie quotidienne, il est logique qu’il devienne le média de l’engagement », estime Benjamin Des Gachons. Le directeur de @ChangeFrance souligne « le succès des campagnes sur les questions politiques, économiques et sociales ». La nouvelle génération de militants voit dans le numérique un précieux outil de mobilisation dans ce domaine. La pétition contre la loi Travail en est la preuve.
S’il faut aller chercher une origine à cette nouvelle forme de militantisme 2.0, c’est du côté des opposants au traité constitutionnel lors du référendum de 2005 qu’elle se trouve. A l’époque, le Web avait largement contribué à la défaite du « oui ». Mais paradoxalement, en 2006, le mouvement contre le CPE, bien que porté par les jeunes, avait signé la victoire du téléphone mobile mais peu agité Internet.
C’est pourtant bien cette génération qui aujourd’hui s’en empare. Parmi les initiateurs de la pétition, il y a Caroline De Haas, Sophie Binet, deux anciennes dirigeantes de l’Unef du temps du CPE, Karl Stoeckel et David Van Der Vlist, alors à l’Union nationale lycéenne .
« On a monté le site loitravail.lol en vingt-quatre heures avec Eliott Lepers aussi », raconte Caroline De Haas. Des campagnes de tweets et sur
Facebook sont aussi lancées. Pas sûr que le compte Twitter @LoiTravail lancé jeudi par le gouvernement suffise pour riposter et inverser la tendance.
Méfiance
Plusieurs des initiateurs de la pétition sont des syndicalistes CGT : Sophie Binet, numéro deux de l’Union des ingénieurs cadres et techniciens, Richard Germain, de Renault, Anne de Haro de WKF, Freddy Camus de Saint-Gobain. Et de nombreux autres, de toutes les organisations syndicales, les ont rejoints.
Mais les confédérations regardent avec méfiance ce type d’initiatives. « Ces outils permettent des mobilisations horizontales et non verticales en offrant un moyen de réagir très rapide aux citoyens », explique le directeur de Change.org. Les institutions craignent donc de perdre la maîtrise du mouvement.
Les centrales syndicales comme les autres. Il est symptomatique qu’en 2015, le leader de la CGT, Philippe Martinez, ait refusé de mettre sur le Net la pétition nationale sur les salaires qu’il a lancée, expliquant qu’il fallait privilégier le contact physique avec les salariés. Mais c’est peut-être en train de changer. Un dirigeant national de la CGC, Kranck Mikula, ainsi qu’une membre de la direction de FO, Michel Biaggi, proche de Jean-Claude Mailly, viennent de signer la pétition contre la loi Travail. « Je me tourne vers les syndicats, organiser une manifestation, ça ne se fait pas d’un claquement de doigt », dit Caroline De Haas.
L.de.C.