L’Humanité a publié plusieurs points de vue dans sa page Débats & Controverses du jeudi 17 octobre, au sujet des modalités d’action du groupe Extinction Rebellion (XR), qui mobilise sur le climat. Se sont exprimés : Albert Ogien (sociologue), le groupe Youth for Climate (IDF) et Marie Buisson, « dirigeante confédérale » de la CGT. Nous reproduisons ici son point de vue.
Wikipedia : « Extinction Rebellion souvent abrégé en XR, est un mouvement social écologiste qui revendique la désobéissance civile en s’appuyant sur des actions non violentes afin d’inciter les gouvernements à agir contre le changement climatique et ses conséquences. Fondé au Royaume-Uni en , XR est officiellement lancé en octobre de la même année avec le soutien d’une centaine d’universitaires« .
Crise sociale et crise environnementale
« Le mouvement Extinction Rébellion s’impose régulièrement ces derniers mois dans les médias, gazés sur un pont à Paris, occupant le centre commercial de la place d’Italie ou la place du Châtelet, sans pillage, ni destruction…
C’est un mouvement qui revendique d’utiliser les armes de la désobéissance civile de manière non-violente. Leur socle de revendications est basé sur l’écologie : climat, biodiversité, réduction des gaz à effet de serre, fin des énergies fossiles… La CGT n’est pas centrée sur les mêmes bases puisqu’elle met au cœur de ses revendications le travail, celles et ceux qui en vivent, en vivront, en ont vécu ou voudraient pouvoir en vivre. Nos moyens d’action sont généralement la grève et les manifestations.
Pourtant, que ce soit sur les revendications ou sur les modes d’action, l’écart n’est pas si grand qu’il pourrait paraître à première vue. En effet, pour la CGT la défense des services publics, des conditions de travail, de l’investissement industriel ou de l’accès aux besoins fondamentaux (l’eau, l’énergie, le logement, la nourriture, etc…) ne peut se réfléchir sans prendre en compte les données du réchauffement climatique et de la limitation de l’accès aux ressources à l’échelle planétaire. De leur côté, un certain nombre d’ONG et d’associations écologistes, comme Extinction Rébellion, font le lien entre la crise environnementale et la crise sociale. Ils constatent, comme la CGT, qu’une économie entièrement tournée vers le profit à court terme ne peut pas garantir le bien-être de toutes et tous et la préservation de la planète. L’inégale répartition des ressources et des richesses en France, en Europe et dans le monde expose systématiquement une partie de la population, la plus pauvre et la plus précaire, aux effets néfastes de cette double crise. Ces convergences d’analyse ont déjà conduit à des mobilisations communes autour du slogan « fin du monde, fin du mois même combat ! ».
Certes, nos modes d’action et d’organisation divergent mais c’est souvent le cas entre les différents participants aux mouvements sociaux. Face à des gouvernements qui cherchent à limiter le droit de grève, qui refusent d’entendre la colère et les revendications exprimées dans les manifestations, les militantes et militants sont amenés aussi à débattre d’autres formes d’action. C’était le cas il y a quelques jours avec les occupations d’entreprises menées avec les travailleurs sans papier en Île de France. Face aux évolutions du travail, nos structures syndicales évoluent en permanence comme le prouve la constitution des syndicats CGT Deliveroo…
Le mouvement de la jeunesse pour l’environnement et la justice sociale est organisé en fonction des possibilités et des besoins d’aujourd’hui. Il est radical, non-violent, horizontal, il est surtout porteur d’espoir… Il bat en brèche l’image stéréotypée des jeunes consommateurs individualistes et résignés et permet de vérifier une nouvelle fois que l’action collective a du sens.«
Marie Buisson.