Voici les réactions syndicales après le discours de politique générale du Premier ministre S. Lecornu et à propos de la suspension de la loi retraite de 2023.
Retraites : la suspension de la réforme est une vraie victoire des travailleuses et des travailleurs
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C’est une vraie victoire pour les millions de travailleuses et travailleurs qui se sont mobilisés et ont exprimé leur refus.
Les travailleuses et travailleurs ont enfin été entendus.
Pour les prochaines années, ce sont 600 000 à 700 000 d’entre elles et eux qui, par an, vont bénéficier de cette suspension.
Les impacts sont concrets et immédiats pour les travailleuses et travailleurs. Celles et ceux nés en 1964 ne verront pas leur âge légal augmenter à 63 ans. Elles et ils vont gagner 3 mois et ainsi pourront partir en retraite à 62 ans et 9 mois avec 170 trimestres (et non plus 171). C’est également le cas pour les personnes nées en 1965.
Pour les travailleuses et travailleurs nés après, tout dépendra des élections de 2027.
Les mesures en faveur des femmes négociées lors du conclave sont aussi des avancées importantes. Il faudra néanmoins que toutes ces annonces soient, au final, adoptées dans le PLFSS.
Pour la CFDT, la porte est désormais ouverte et rend possible, pour les élections 2027, le débat sur l’avenir des retraites. Les retraites sont souvent présentées comme un sujet technique et budgétaire. Pour la CFDT, c’est d’abord un sujet éminemment social et politique : il exige un débat de qualité loin des postures idéologiques qui ne peuvent conduire qu’aux blocages. La CFDT s’inscrira donc dans la « conférence sur les retraites et le travail » qui rouvrira le sujet de la pénibilité et intégrera l’enjeu de l’équilibre financier. La méthode de cette conférence reste à négocier.
Cette suspension est une première réponse à la blessure démocratique.
La CFDT continuera à s’engager pour des avancées sociales concrètes.
- Communiqué CGT le 14 octobre après le discours de Lecornu : CGT-CP de la CGT- suspensionRetraites- 141025
Budget : encore une fois c’est le monde du travail qui passe à la caisse !
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement est confronté à une contestation sociale d’ampleur. Dans les entreprises, les services publics, les lycées et les universités, les salarié·es, les jeunes et les retraité·es se sont massivement mobilisés contre la réforme des retraites et les politiques d’austérité qui frappent le monde du travail. C’est cette mobilisation, déterminée et majoritaire dans le pays, qui a contraint Emmanuel Macron et son gouvernement à annoncer une suspension de la réforme des retraites.
Mais l’heure est à la clarté : la suspension annoncée est en réalité un décalage de son application de quelques mois seulement. Ce simple décalage reviendrait à confirmer les 64 ans au mépris de la mobilisation de millions de travailleurs et de travailleuses depuis 2 ans et demi. Pour la CGT, la seule suspension qui vaille est un blocage immédiat de l’application de la réforme des retraites à 62 ans, 9 mois et 170 trimestres.
Décaler n’est pas bloquer, ni abroger. Les 64 ans et l’allongement de la durée de cotisation seraient toujours dans la loi mais leur application serait seulement décalée de quelques mois. Le monde du travail ne tombera pas dans le piège. En proposant la réouverture d’une conférence sur les retraites, en posant comme préalable des mesures d’économie, Sébastien Lecornu fait renaitre de ses cendres le conclave de François Bayrou et redonne la main au patronat. Pour la CGT, l’heure n’est ni à la retraite à point ni à la capitalisation mais à l’abrogation de la réforme des retraites !
Le reste du budget est une violente cure d’austérité qui reprend la copie de François Bayrou avec notamment :
• le gel des prestations sociales (allocations familiales, allocations logement, AAH…) et des salaires des fonctionnaires ;
• la désindexation des pensions en 2026, 2027 et probablement après ;
• la suppression de plus de 3000 postes dans la fonction publique ;
• le doublement des franchises médicales et la baisse du budget de la santé, des hôpitaux et des Ehpad.
Ces choix injustes et dangereux s’inscrivent toujours dans la même logique : faire payer la crise au monde du travail tout en protégeant les profits et les dividendes, sans remettre en cause les 211 milliards d’aides versées aux entreprises et en tendant une nouvelle fois la main au patronat.
Avec l’abandon du 49-3, l’adoption de l’ensemble de ces mesures va reposer sur les parlementaires. La CGT les appelle d’ores et déjà à combattre toutes ces régressions. Pour la CGT le combat continue et la mobilisation s’impose !
- Communiqué CGT le 13 octobre avant le discours de Lecornu :CP de la CGT- réformeretraitesLecornuII- 131025
Retraites : une seule solution : le blocage puis l’abrogation
Le président de la République a fait le choix de renommer Sébastien Lecornu, qui a annoncé son gouvernement dimanche soir. Pour les travailleurs et les travailleuses la situation devient totalement ubuesque !
Plus possible de tout changer pour ne rien changer !
La rupture doit se traduire avec des actes forts et immédiats, notamment concernant la réforme des retraites. Penser s’en sortir en décalant seulement son application de quelques mois comme tente de le faire Emmanuel Macron serait une manœuvre de diversion vécue comme une nouvelle tromperie par le monde du travail qui ne ferait qu’alimenter la colère. En effet, le décalage reviendrait à confirmer les 64 ans dont l’application ne serait que décalée de quelques mois, au mépris de la mobilisation de millions de travailleurs et de travailleuses.
La seule réelle suspension de la réforme des retraites c’est le blocage immédiat, par la loi, à 62 ans et 9 mois et 170 trimestres, qui doit ensuite permettre au parlement de voter son abrogation.
La CGT rappelle également les exigences qu’elle porte avec l’intersyndicale pour le budget 2026 :
– L’abandon de toutes les mesures de régression du précédent budget (année blanche, réforme de l’assurance chômage, doublement des franchises et participations médicales, suppression de postes de fonctionnaires…), ainsi que les projets attaquant le Code du Travail et le 1er mai ;
– La justice fiscale avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus et qui contraignent le versement des dividendes ;
– La conditionnalité des 211 milliards d’aides publiques aux entreprises privées ;
– Les moyens pour les services publics ;
– Des mesures contre les licenciements et des investissements dans la réindustrialisation et la transition écologique ;
– L’augmentation des salaires et des pensions.
- Sophie Binet à France Info le 8 octobre 2025 (extrait du site de la CGT) :
« La suspension de la réforme des retraites ne peut être qu’une étape vers son abrogation »
Frédéric Souillot : « Pas de suspension des revendications ! »
Édito du 15 octobre 2025 par ,
Les gouvernements passent, les revendications restent… et les mauvaises recettes aussi ! Après une semaine d’un psychodrame politico-politicien qui a abouti à la reconduction du Premier ministre démissionnaire, le gouvernement a révélé mardi matin, quelques heures avant la déclaration de politique générale, les grandes lignes du budget pour 2026.
Là non plus, rien de bien nouveau, les principales mesures annoncées reprennent largement celles que l’ex-Premier ministre François Bayrou avait présentées le 15 juillet dernier, à peine retouchées. La facture adressée aux travailleurs est toujours aussi lourde et les conséquences de ce nouveau plan d’austérité toujours aussi désastreuses pour l’économie française : 30 milliards à trouver pour réduire le déficit budgétaire, gel du barème de l’impôt sur le revenu, année blanche pour les prestations sociales et le point d’indice dans la fonction publique, gel des pensions pour 2026 et sous-indexation les années suivantes, fin de l’abattement de 10 % sur les retraites, hausse des franchises médicales, suppression de plus de 3 000 postes dans la fonction publique…
Si la suppression des jours fériés est bien abandonnée, le concours Lépine des mauvaises idées continue, avec le projet de contribution sur les titres-restaurant et les Chèques-Vacances.
Mais au-delà du budget, le gouvernement a lié son sort à la réforme des retraites, qui lui est revenue en boomerang la semaine dernière… Le Premier ministre a annoncé une suspension jusqu’en 2027, suspension du report de l’âge de départ et de l’allongement de la durée de cotisation. C’est un premier pas, mais la suspension n’est pas l’abrogation ! Cette réforme, imposée par 49.3 et rejetée par l’immense majorité des salariés, reste injuste, brutale et injustifiée.
Pour FO, il n’y a pas et il n’y aura pas de suspension de nos revendications !
La suspension n’est pas l’abrogation !
Les futures discussions annoncées par le Premier ministre ne pourront être que des négociations, pour prendre les choses par le bon bout. Reparler des retraites et de leur financement par la cotisation, c’est reparler d’emploi, d’autant plus aujourd’hui que les plans de restructuration et de suppressions d’emplois se multiplient. Il est nécessaire de développer des emplois pérennes, du début à la fin de la carrière, ou encore d’augmenter les salaires, ce qui augmenterait le volume des cotisations et donc entraînerait davantage de recettes pour les retraites. Actuellement, 50 % des personnes qui liquident leur retraite ne sont déjà plus en emploi. Elles sont au chômage, en arrêt maladie ou en invalidité, ou bénéficient de minima sociaux. Reculer encore l’âge de départ ou la durée de cotisation, c’est accroître encore plus les difficultés de ces populations !
Le mouvement social a infligé un premier recul à E. Macron et son gouvernement, mais il va falloir pousser l’avantage !
Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a annoncé la « suspension » de la réforme des retraites jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Concrètement, cela signifierait, si l’amendement gouvernemental tient jusqu’au terme d’une navette parlementaire à l’issue incertaine, et s’il n’est pas censuré par le Conseil constitutionnel, que les générations 1964 et 1965 auront la possibilité de partir avec comme âge légal de départ 62 ans et 9 mois et 170 trimestres de cotisation.
Ce premier recul est à mettre à l’actif de la ténacité de celles et ceux qui se sont massivement mobilisé·es depuis 2023 et qui n’ont jamais renoncé. Les mobilisations sur le budget depuis le mois de juillet, et en particulier la rentrée sociale inédite construite par les organisations syndicales dans l’unité, ont mis sur la table l’exigence impérative de justice fiscale, sociale et environnementale obligeant E. Macron et le gouvernement à ce premier craquellement d’un totem de la politique néolibérale poursuivie sans relâche depuis 7 ans.
On est cependant encore loin du compte : la réforme n’est pas réellement suspendue, et encore moins abrogée, elle n’est que décalée à 2028 et son abandon conditionné aux conclusions d’une « Conférence sociale » qui, comme le conclave du dernier printemps, exclut les fonctionnaires des discussions sur les retraites, tout en ramenant par la fenêtre la retraite par points et la capitalisation ! Rien sur les inégalités entre les hommes et les femmes fonctionnaires, rien sur le niveau des pensions, conséquence directe de l’insuffisance des rémunérations indiciaires !
La FSU continue d’exiger l’abrogation de la réforme, la revalorisation des carrières, l’augmentation des salaires et des pensions des agent·es de la fonction publique et des mesures d’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Quant au budget de l’État et au budget de la Sécurité sociale déposés aujourd’hui, ils réaffirment clairement le choix politique de l’austérité et le refus d’augmenter les recettes de l’État par des mesures de justice fiscale. Ces choix sont dangereux pour la cohésion sociale.
Gel du point d’indice, année blanche pour les pensions, remplacement de l’abattement de 10 % pour les retraité.es par un plafond de 2000 euros, gel des prestations sociales, doublement des franchises médicales, toujours 3000 suppressions de postes, dans les agences de l’État notamment, tout le projet du précédent Premier ministre y est ! Et ce n’est pas l’ersatz de taxe Zucman assortie de toutes les exonérations possibles qui fera illusion !
La FSU continue d’exiger un tout autre budget pour 2026. Les défis auxquels notre pays est confronté, la crise sociale, la crise climatique, la crise démocratique exigent de mieux répartir les richesses, de renforcer les services publics, de reconnaître le rôle incontournable des agent.es publics, de mieux rémunérer le travail de se doter d’une protection sociale de haut niveau et d’en garantir l’accès universel.
La FSU appelle chacun et chacune à s’informer, débattre et s’engager ensemble. Elle prendra, pendant la période du débat budgétaire, les initiatives nécessaires pour imposer d’autres choix et s’adresse à ses partenaires syndicaux afin de construire les mobilisations les plus larges possibles pour une véritable rupture avec les politiques d’austérité et pour un tout autre budget, de justice sociale, fiscale et environnementale.
Une première victoire sur les retraites ! Nos futures luttes sociales pour en décrocher d’autres !
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Publié le 14 octobre 2025
Lors de la présentation à l’Assemblée Nationale de son discours de politique générale, l’ex-nouveau premier ministre a confirmé la feuille de route de son prédécesseur :
- un budget qui maintient l’année blanche (ce qui signifie le gel des pensions et des prestations sociales),
- où il est prévu que des efforts doivent être faits par l’immense majorité de la population en préservant les plus grandes fortunes,
- un discours sur le mérite (sans annonce réelle sur comment augmenter les revenus),
- une loi sur la fraude fiscale (mais qui n’effleure qu’à peine les hauts revenus…),
- pas un mot sur les solutions à apporter à la crise environnementale et climatique,
- et selon lui une nouvelle méthodologie où il renvoie toutes les décisions, sur le budget, la Sécu, au Parlement.
Toujours pas de réelle rupture en vue !
Seule annonce d’importance, celle de la suspension de la réforme des retraites : Lecornu a annoncé qu’il n’y aura pas de relèvement de l’âge jusqu’en janvier 2028 (on reste donc à 62 ans et 9 mois) et également une suspension de la durée d’assurance, donc on en reste à 170 trimestres (42 ans et demi) pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein.
Cette première victoire est le fruit de la mobilisation du monde du travail depuis 2023. Le mouvement social a su imposer sans cesse le sujet de cette réforme. Les trois dernières journées de grève en septembre et octobre ont également été déterminantes.
Mais ce n’est qu’une première étape : il est nécessaire de revenir à une retraite à 60 ans et 37,5 années de cotisation.
D’autant que Lecornu a annoncé dans la foulée qu’il devrait tout de suite y avoir une conférence sur les retraites et le travail avec les partenaires sociaux, que le système doit évidemment être financé (en appuyant sur le coût de la suspension) et qu’il faudrait y aller sans tabou, notamment avec la retraite par points ou par capitalisation. Autant de dangers réactivés pour le système par répartition.
Les annonces sur la fiscalité ne sont en rien la réforme fiscale d’ampleur attendue pour un réel partage des richesses : diminuer la CVAE (taxe sur les entreprises) c’est diminuer d’autant les ressources des services publics locaux, faire une taxe Zucman sans toucher au patrimoine ne va rien rapporter de subséquent, et au final ce ne sont que des mesurettes faisant croire à la prise de la justice fiscale !
L’Union syndicale Solidaires appelle les salarié·es, les agent·es public·ques, les privé·es d’emploi, les étudiant·es et les retraité·es à rester mobilisé·es. La suspension de la réforme des retraites prouve que la mobilisation paie. Nous devons maintenant continuer à nous organiser pour exiger l’abandon des mesures d’austérité et la remise en cause des dispositifs de protection sociale et de service public contenues dans les budgets 2026 (PLF et PLFSS).
Continuons à lutter pour nos retraites, et pour un budget qui soit véritablement de justice sociale, fiscale et environnementale.
Retraites : suspension attendue, flou maintenu
Lors du discours de politique générale, le Premier ministre a, entre autres, annoncé la suspension de la réforme des retraites. Cette annonce était attendue, mais reste à bien des égards, insuffisante.
L’UNSA se réjouit d’avoir poussé à la suspension (ou plutôt au report) de la réforme des retraites. Ceci témoigne de la pression exercée par la mobilisation syndicale, et du rejet profond que cette réforme suscitait dans le pays.
Mais cette annonce reste floue et n’est pas à la hauteur des enjeux du moment.
En effet, le gouvernement choisit de renvoyer la discussion aux « partenaires sociaux », dans un cadre centré sur le secteur privé, où le Medef dispose d’un droit de veto. Ce choix, loin d’incarner une volonté de dialogue équilibré, marginalise de fait les acteurs du service public et laisse peu de place à une approche réellement concertée et inclusive. On est loin d’une décision pensée dans l’intérêt général !
Par ailleurs, ce discours n’apporte aucune inflexion notable sur les autres volets du projet gouvernemental. Le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) maintiennent les coupes touchant les services publics, la protection sociale, poursuivant la logique de régression sociale déjà bien entamée (suppression de plus de 3000 fonctionnaires, gel des prestations sociales et des retraites par exemple).
Pour l’UNSA, le discours de politique générale ne répond ni aux attentes ni à l’urgence sociale. Il ne suffit pas de « reporter une réforme contestée si, les politiques budgétaires continuent d’abîmer les fondements de notre modèle social.
Cyril Chabanier, sur France Inter : « La suspension de la réforme des retraites est un geste fort »
15 octobre 2025 |
Invité par France Inter à l’antenne du Téléphone Sonne – le président de la CFTC – Cyril Chabanier, a globalement salué cette annonce gouvernementale :
« La CFTC ne peut qu’accueillir positivement cette décision. Nous allons pouvoir rediscuter des retraites de manière globale…Cela permettra aux futurs candidats à la présidentielle d’avoir plusieurs projets pour les retraites sur la table et de pouvoir choisir. Pour notre part, à la CFTC, nous pensons qu’il faut une vraie réforme d’ensemble, pas seulement jouer sur des paramètres comme la borne d’âge. »