L’Europe et la Confédération paysanne

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Le dernier numéro de Campagnes Solidaires, journal de la Confédération paysanne, comprend un éditorial sur l’enjeu des élections européennes et publie un dossier d’alerte sur l’extrême-droite, dont nous publions l’article introductif. La Confédération paysanne se définit comme le « syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs« . Nous publions l’éditorial et l’introduction du dossier. 

  • www.confederationpaysanne.fr

Confédération_paysanne

03.06.2024

Élections européennes : une échéance cruciale pour l’orientation des politiques agricoles et commerciales européennes

La Confédération paysanne est pleinement engagée à tous les échelons décisionnels, du niveau local jusqu’aux instances internationales. Membre d’ECVC* et de la Via Campesina, nous agissons au quotidien auprès des décideurs politiques européens et internationaux pour l’agriculture paysanne et la défense des droits paysans.

L’élection des parlementaires européens représente un enjeu fort pour notre secteur, tant l’agriculture est régie par de nombreuses décisions prises à l’échelon de l’Union européenne. En effet, de nombreuses décisions concernant l’agriculture sont prises à l’échelle de l’Union européenne. Les arbitrages sur la PAC* et sa récente révision ou encore les reculs pour la transition agroécologique en sont de parfaits exemples.

Nous portons un projet agricole et de société basé sur la solidarité, l’ouverture à l’autre et le partage des communs.Il a pour objectif de protéger le revenu paysan et nos droits sociaux, d’installer des paysannes et paysans nombreux dans des campagnes vivantes et de relocaliser l’alimentation de qualité afin de la rendre accessible à toutes et tous.

Pour la nouvelle mandature, nous attendons un projet politique de rupture avec le système économique néolibéral actuel pour prioriser la justice sociale et environnementale, le droit au revenu paysan et l’intérêt général face aux intérêts des firmes multinationales, de la finance et des tenants du commerce dérégulé.

Nous avons donc interpelé les candidat·es sur les thématiques suivantes :

­-  Réguler les marchés agricoles : établissement de prix rémunérateurs garantis, outils de prévention de crises et de gestion de l’offre dans la PAC* (tunnel de prix, stockage public…), sortie des accords de libre-échange et de l’OMC*, interdiction de la spéculation alimentaire…

­-  Soutenir le revenu, l’emploi paysan et la transition agroécologique : passage à des aides à l’actif dans la PAC* et non plus à la surface, abandon de l’approche de compensation et d’échanges de quota d’émissions de carbone, réorientation de la PAC*

­-  Déployer une politique foncière favorable à l’agriculture à taille humaine : régulation du marché foncier, lutte contre la concentration foncière, droits de préemption pour les jeunes et l’agroécologie paysanne…

­-  Préserver les droits des paysan·nes sur les semences : opposition à la déréglementation des nouveaux OGM, garantir la non-brevetabilité du vivant, les droits aux échanges de semences et le soutien à la sélection paysanne.

­-  Favoriser l’élevage paysan sur les territoires : maillage d’abattoirs de proximité, création d’abattoirs locaux et mobiles, stopper les fermes-usines, accompagner la transition pour un élevage basé sur le lien au sol mettant en adéquation taille des cheptels et ressources locales disponibles.

­ – Améliorer l’accès aux services publics et freiner l’isolement. Les territoires ruraux doivent offrir les mêmes opportunités d’avenir que les autres territoires.

La déclaration universelle sur les droits des paysan·nes et autres travailleurs·euses en zones rurales (UNDROP) doit guider toutes les politiques de l’UE* pour garantir le respect des travailleurs agricoles ruraux et migrants en Europe et au-delà. Plutôt que l’ultralibéralisme et le repli sur soi, nous appelons les candidats et futurs parlementaires à faire converger l’intérêt général avec l’intérêt des paysan·nes.

Nous appelons les agricultrices et agriculteurs à exercer pleinement leur droit de citoyen∙nes européen∙nes. À s’exprimer pour le projet qui leur semble offrir un avenir plus serein pour notre agriculture et pour nos territoires ruraux. À s’exprimer pour sortir d’un système économique injuste, inféodé aux marchés financiers. À s’exprimer pour une Europe de coopération et non une Europe bâtie sur le dogme de la compétition et le moins-disant social et environnemental ! À s’exprimer pour abandonner le renforcement des politiques sécuritaires, ferments de désunion, qui fragilisent la paix au sein de l’Union européenne et dans le monde.

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Dossier

Extrême droite : donner l’alerte

Les dossiers sont disponibles en téléchargement trois mois après parution [voir dans la rubrique ARCHIVES]

Par Fanny Métrat, éleveuse en Ardèche.

« Le discours raciste se répand. Je sens le glissement même chez des gens que j’aime bien, que je trouvais plutôt ouverts. Quand nous vivons une crise existentielle, voir identitaire, il faut se rappeler d’où nous venons, qui nous sommes et ce qui nous a construit. Nous sommes un syndicat paysan internationaliste et de convergences. Nous défendons les droits des paysannes et paysans français – et on n’oublie pas l’Outremer – mais aussi un changement profond de la société et des rapports aux autres et au monde.
Il faut peut-être se rappeler que dans les années 1970, Bernard Lambert et les Paysans Travailleurs appelaient à converger avec les ouvriers, mais aussi avec le « tiers-monde » – j’ai retrouvé des affiches, c’était une autre époque ! (1) Se souvenir qu’en 1974, 100 000 personnes à l’appel des comités Larzac moissonnent du blé pour financer un projet de retenue d’eau dans le Sahel. La solidarité internationale est au cœur de nos luttes !
La Coordination paysanne européenne apparaît en 1985. Certains anciens de la Conf’ font déjà partie de l’aventure. Face à la mondialisation, on ne peut pas lutter séparément chacun·e dans notre coin. La Conf’ nait en 1987 et en 1993, à Mons (Belgique), elle est présente pour poser les premières pierres de La Via Campesina. Depuis deux ans, le siège de ce mouvement fort de 200 millions de paysan·nes de 81 pays est accueilli à Bagnolet.
On sait depuis toujours que les ennemis de la paysannerie française sévissent aux quatre coins de la planète : l’Organisation mondiale du Commerce, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les accords de libre-échange ; et ceux qui accaparent, privatisent et industrialisent les ressources comme Monsanto, Bayer, Cargill, Sofiproteol ou Bolloré. Ils détruisent partout les paysanneries, avec les mêmes stratégies et n’ont que faire des frontières, eux.
Dès les années 2000, nous avons apporté notre soutien aux camarades paysan·nes de tous les continents qui faisaient face à la violation de leurs terres, de leurs droits, à la criminalisation de leurs combats. Comme elleux l’ont fait avec nous à maintes reprises, et dernièrement, après Sainte-Soline.
Nous participons régulièrement aux maraudes solidaires dans les montagnes enneigées vers Briançon pour dénoncer ce que vivent les personnes en exil. Souvent issues de communautés paysannes, elles font face à une répression terrible. En tant que syndicat, nous sommes fondamentalement antiracistes, pour un partage des ressources, pour faire vivre des campagnes vivantes et diversifiées, avec des humains de toutes origines nationales, sociales, culturelles, de confessions. Ne nous trompons pas d’ennemis. Nous sommes toutes et tous des étranger·es sur cette terre. »

(1) Notre prochain dossier sera consacré aux 40 ans de la mort de Bernard Lambert

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