Macron tente de désamorcer le mouvement des Gilets jaunes. Voici la réaction CGT à son discours du 27 novembre. Par ailleurs, elle a décidé de ne pas participer à la réunion de mise en place du Haut conseil pour le climat. Elle s’en est expliqué dans un communiqué, où elle conclut : « ...La CGT appelle l’ensemble du monde du travail à se mobiliser. Quelle que soit la couleur du gilet, les légitimes revendications convergent« .
DISCOURS D’EMMANUEL MACRON
Ou comment creuser les inégalités avec « méthode »
Encore une fois, sous couvert de nouveauté ou de modernité, « la méthode » qui a été proposée par Emmanuel Macron n’a d’autre objectif que de servir les intérêts du néolibéralisme.
Au prétexte d’une opposition entre l’ancien et le nouveau monde, les mécanismes restent identiques. Le président annonce : « pas de changement d’avis, pas de changement de cap ». Ce qui veut dire, très concrètement, une mise en concurrence avec « méthode » des territoires entre eux et des populations qui y vivent.
Comment un président de la République peut affirmer dans son discours que « les riches font les bons choix » et que, pour les pauvres, il suffirait de les accompagner dans une transition énergique grâce à des exemples « concrets, tangibles, simples » ? Une nouvelle preuve de mépris ! Il balaie d’un revers de la main toute ouverture de négociations gouvernementales et patronales s’agissant de l’augmentation immédiate du Smic, des salaires, des pensions et des minimas sociaux, seuls remèdes aux inégalités.
Ainsi, la feuille de route établie acte le principe de ne pas utiliser la loi, la norme, comme facteur de changement. Cela aura pour conséquence de renvoyer aux autorités territoriales, via des concertations et non des négociations, la responsabilité de trouver des voies et moyens pour répondre aux attentes de chacun et chacune. Cette méthode détruira, de fait, la dimension collective et nationale de la réponse à apporter aux légitimes revendications exprimées sur l’ensemble du pays.
De même, il renvoie au bon vouloir du patronat, la nécessaire ré-industrialisation des bassins d’emplois pour favoriser les mobilités professionnelles et la transition énergétique pour sortir des énergies fossiles. Pour la CGT, l’exemple du CICE (plus de 100 milliards d’euros en 5 ans) démontre que faire confiance au patronat sans contrôles coercitifs n’a pas permis de créer des emplois mais constitue, par contre, une vraie gabegie pour les finances publiques.
Comment lutter contre l’émission des gaz à effet de serre (GES) s’il n’y a pas d’accélération notable du plan de rénovation énergétique des bâtiments ? Aujourd’hui, 7 millions de logements sont très mal isolés, près de 4 millions de ménages peinent à payer leur facture ou se privent de chauffage !
La modulation de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), là encore, n’a rien d’innovant puisqu’un dispositif comparable a déjà existé au début des années 2000. Gain pour l’usager : de 1 à 2 centimes par litre !
Enfin, dans son discours sociétal sur le consentement à l’impôt, il semble oublier très vite que celui-ci est un des fondements de l’abolition de la monarchie et de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Il passe aussi par la traçabilité des prélèvements fiscaux afin que le peuple sache qui le paie, sur quoi il le paie et comment il est redistribué.
À ce jour, à défaut d’une grande réforme fiscale, les niches fiscales permettent aux plus riches d’échapper à l’impôt. Emmanuel Macron assume cette fiscalité de classe et continuera la réorganisation de l’État, la diminution de la dépense publique, allant jusqu’à pousser le paradoxe en voulant faire plus de « services » avec moins de ressources… C’est ce qu’il appelle un nouveau contrat social du XXIème siècle.
En clair, Emmanuel Macron continue de casser toutes les garanties collectives : code du travail, sécurité sociale, services publics, etc.
La CGT reste mobilisée auprès des travailleuses et travailleurs afin qu’une vraie justice sociale puisse voir le jour.
C’est la raison pour laquelle la CGT appelle l’ensemble de la population à converger et à manifester contre le chômage et la précarité le samedi 1er décembre 2018 et s’engage dans un processus de mobilisations dans les jours et semaines à venir.
Montreuil, le 27 novembre 2018
- Montreuil, le 26 novembre 2018:
HAUT CONSEIL POUR LE CLIMAT
Répondre aux urgences sociales pour répondre à l’urgence environnementale
La CGT a décidé de ne pas se rendre le mardi 27 novembre 2018 à l’installation du Haut Conseil pour le Climat, placé sous l’autorité du Premier Ministre.
La CGT considère qu’il ne peut y avoir une prise en compte collective de ces enjeux sans réponses immédiates et ambitieuses aux revendications légitimes des travailleurs et travailleuses. Il y a urgence sociale.
La CGT ne sous-estime pas l’urgence des enjeux liés à la transition énergétique et à la préservation de notre écosystème. C’est l’avenir de notre planète dont il s’agit.
Mais plutôt que de proposer une énième installation d’une structure, le Gouvernement mais aussi le patronat doivent immédiatement ouvrir des négociations afin de répondre à l’urgence sociale.
Il est nécessaire de répondre concrètement aux exigences des salariés, des fonctionnaires, des privés d’emplois, de la jeunesse, des retraités et, plus largement, de toute la population.
Le travail ne permet pas de vivre dignement. En effet, comment changer sa voiture ? Comment aller au travail ? Comment mieux se nourrir ? Comment se soigner ? Comment mieux se loger et se chauffer ? Quand le salaire minimum ne permet plus de vivre décemment, quand l’augmentation du point d’indice pour les agents de la fonction publique est gelée depuis des années, quand les retraites sont rognées, quand l’assurance chômage est sur la sellette et quand, plus largement, la sécurité sociale est démantelée.
Pour toutes ces raisons, la CGT est mobilisée et engagée auprès du monde du travail, elle exige du gouvernement mais aussi du patronat :
- un Smic à 1800 euros brut ;
- une augmentation des minima-sociaux ;
- une augmentation générale des salaires pour tous ;
- l’indexation des pensions sur le salaire moyen ;
- la suppression de l’augmentation de la CSG pour les retraités ;
- le rétablissement de l’ISF et une véritable réforme de la fiscalité (par exemple : TVA réduite pour les produits de première nécessité, y compris le gaz et l’électricité) ;
- la prise en charge du déplacement domicile travail par l’employeur.
S’agissant de l’urgence environnementale, la CGT n’a pas attendu Emmanuel Macron pour faire des propositions, notamment :
- une autre réforme de la SNCF pour développer le service public de voyageurs et de fret ;
- un Pôle Public de l’Énergie favorisant le mix énergétique permettant l’accessibilité à tous en tout lieu du territoire ;
- le maintien et le développement de tous les services publics de proximité ;
- un plan de rénovation énergétique des logements ambitieux et financé.
La CGT appelle l’ensemble du monde du travail à se mobiliser. Quelle que soit la couleur du gilet, les légitimes revendications convergent. Dès le samedi 1er décembre 2018, à l’occasion de la journée d’action contre la précarité et pour le droit au travail pour toutes et de tous. Nombreux, exigeons des réponses aux exigences exprimées.