Le 16 juin 2023, Amara Dioumassi, 51 ans, ouvrier du BTP, immigré malien arrivé en France en 2010, est mort sur le chantier du bassin d’Austerlitz, destiné à rendre la Seine baignable pour les Jeux Olympiques de 2024.
Il a été percuté par un camion de chantier, dans un environnement de chantier non sécurisé : le camion sans bip de recul, sans homme trafic pour guider la manœuvre de marche arrière du camion et sans marquage au sol ni dispositif de protection pour les piétons, séparant la circulation des engins de chantiers et les ouvriers. Il est mort aux pieds de l’Institut médico-légal de Paris, dans un silence assourdissant – sans sirènes, sans images spectaculaires – comme tant d’autres travailleurs dont la disparition aurait pu passer inaperçue. Sans l’opiniâtreté de sa famille, de ses collègues, de la CGT et du collectif Justice et dignité pour Amara Dioumassi, sa mort aurait pu être réduite à un simple fait divers.
UNE MOBILISATION CONTRE L’INVISIBILISATION DES MORTS AU TRAVAIL
Le 27 avril 2024, quelques semaines avant l’ouverture des JO, à l’appel de la CGT et à l’occasion de la Journée mondiale des morts au travail, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Paris, non loin d’ici, pour exiger Justice et Vérité.
Ce rassemblement a marqué l’opinion et a empêché qu’Amara ne disparaisse dans l’oubli.
Cette lutte rejoint toutes celles que mènent d’autres familles et syndicats pour obtenir la tenue d’un procès et la mise en cause des entreprises responsables. La France est le pays d’Europe où l’on a la plus forte probabilité de mourir au travail et le nombre de victimes augmentent d’année en année surtout dans le BTP. L’hécatombe doit cesser!
Les morts au travail ne sont pas une fatalité. Pour lutter contre l’invisibilisation la CGT s’est tournée vers la Mairie de Paris pour lui demander de prévoir une marque durable dans l’espace public en hommage à Amara et à sa mémoire.
UNE PREMIERE HISTORIQUE EN FRANCE
À la suite de cette mobilisation, le Conseil de Paris, le 4 juin 2025, a voté la dénomination d’une allée du square Marie Curie (Paris 13e) au nom d’Amara. Désormais, l’Allée Amara Dioumassi rend hommage à ce travailleur de la construction, premier ouvrier immigré du BTP à donner son nom à un espace public en France.
La plaque commémorative de l’allée portera la mention :
« Victime d’un accident du travail sur le chantier de construction du bassin d’Austerlitz ».
Cette victoire revendiquée par la CGT constitue une étape mémorable dans l’histoire ouvrière : pour la première fois à Paris et même en France, un lieu de vie et de mémoire honorera un ouvrier du bâtiment plutôt qu’un général, un conquérant colonial ou un homme de pouvoir.
Ce geste a reçu le soutien des autorités maliennes, de l’association des expatriés du Mali, et résonne bien au-delà des frontières de la France.
UNE LUTTE TOUJOURS EN COURS
La CGT rappelle :
• qu’Amara est mort parce que les règles de sécurité les plus élémentaires n’ont pas été respectées par les entreprises co-traitantes présentes sur le chantier. Parmi elles, Darras et Jouanin, filiale du groupe Fayat, ainsi que la société SADE, alors filiale du groupe Veolia et depuis cédée au groupe NGE.
• qu’après lui, quatre autres ouvriers sont morts sur des chantiers similaires dans d’autres grand groupe de BTP ; comme sur Le projet du Grand Paris .
• que nous exigeons toujours la tenue d’un procès public pour condamner les entreprises responsables.
Cet hommage est aussi un avertissement : nous n’oublions pas, nous resterons vigilants, nous ne lâcherons rien malgré les pressions et le harcèlement subis qui frappent encore nos camarades.
MEMOIRE OUVRIERE ET DIGNITE
L’allée Amara Dioumassi est une allée principale qui traverse tout le square Marie Curie. Elle est appelée à devenir un lieu de mémoire et de recueillement, mais aussi un lieu de vie, où les enfants jouent et où les familles se promènent.
En venant dans ce parc cet dans cette allée nous éprouvons des sentiments contradictoires : colère contre les morts au travail, recueillement pour la dignité des disparus, fierté pour les travailleurs.
Mais la situation du parc dans la ville et l’emplacement choisi pour le nom de l’Allee Amara Dioumassi sur la place publique préfigurent un usage du lieu par des collectifs et citoyen-nes, qui dans les rencontres et les débats, viendront nourrir ce lieu et faire vivre l’héritage d’Amara.
Cet hommage est aussi pour tous les morts au travail :
◦ Pour le rétablissement des CHSCT, l’augmentation des effectifs de contrôle à l’inspection du travail,
◦ Pour une refonte complète des critères de pénibilité dans le bâtiment, pour un départ anticipé à la retraite dans le BTP où l’espérance de vie est plus faible,
◦ Pour que les travailleurs immigrés, source de richesses et de dignité, soient visibles et respectés.
RENDEZ-VOUS POUR L’INAUGURATION SYNDICALE :
SAMEDI 27 SEPTEMBRE 2025 A 13H
SQUARE MARIE CURIE
29 BOULEVARD DE L’HOPITAL PARIS 13E
METRO 5 SAINT-MARCEL – RER C GARE D’AUSTERLITZ
Nous n’oublierons pas Amara Dioumassi !
Sa mémoire nous guide dans le combat contre la mort au travail
et pour une société qui protège la vie plutôt que les profits !
Contacts presse CGT : Chouai Lyes 0618861054