Retour sur la rentrée de la CFDT

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La CFDT avait surpris en invitant François Bayrou à son Université d’été le 26 août 2025, à la Bourse du travail de Paris. Plusieurs syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) comptaient en profiter pour appeler à un rassemblement et faire signer la pétition intersyndicale. Le lieu de l’Université d’été a été déplacé, mais le rendez-vous a bien eu lieu. Dans Syndicalisme Hebdo, un article revient sur cette séquence et précise le positionnement confédéral, notamment par la voix de Marylise Léon (qui publie aussi un livre -« S’engager« – sur son parcours militant : voir ci-dessous).

Rentrée offensive de la CFDT !  

Lors de l’événement “Rentrée 2025” de la CFDT, le 26 août à Bierville, Marylise Léon a réaffirmé et explicité l’opposition de la Confédération au projet de budget de François Bayrou.

Par Nicolas Ballot — Publié le 02/09/2025 à 14h00

Marylise Léon, secrétaire générale, lors de son discours de clôture du premier jour (le 26 août) de l'université syndicale d’été 2025 de la CFDT à Boissy-la-Rivière (Essonne / Île-de-France).

Marylise Léon, secrétaire générale, lors de son discours de clôture du premier jour (le 26 août) de l’université syndicale d’été 2025 de la CFDT à Boissy-la-Rivière (Essonne / Île-de-France).© Syndheb

Pour une première, c’est une première réussie ! Comme l’a d’emblée précisé Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT, lors de son introduction, « jamais la CFDT n’avait consacré la première journée de son université syndicale d’été à un événement public ». Ce 26 août à Bierville (Boissy-la-Rivière / Essonne), cette séquence d’un nouveau genre – appelée à être pérennisée – aura ainsi permis à la CFDT de donner le la de la rentrée sociale en présentant ses priorités, au nom de tous les travailleurs, en sa qualité de première organisation syndicale de France.

 Fidèle, pour reprendre les termes employés par Marylise Léon, « à sa volonté assumée de débattre respectueusement parce que pour la CFDT, dans une démocratie digne de ce nom, la réalité doit être regardée en face et les intérêts divergents doivent pouvoir s’exprimer librement », la Confédération avait convié le Premier ministre et sa ministre du Travail à échanger sur le thème « Travail, quelle(s) voi(e)x ? ».

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© InfoCom CFDT

François Bayrou, qui, au lendemain de l’annonce de son intention de demander un vote de confiance de l’Assemblée nationale, le 8 septembre prochain, sur son projet de budget, s’est livré à une ode à la démocratie sociale et au dialogue social, en qualifiant de « mal français » l’absence de confiance de l’État vis-à-vis des partenaires sociaux. Il a ainsi assuré, en contradiction totale avec le contenu de sa lettre de cadrage envoyée le 8 août, vouloir confier en toute autonomie la gestion aux partenaires sociaux « des principaux piliers de la protection sociale », notamment l’assurance chômage.

 Ce à quoi la secrétaire générale de la CFDT a répondu, lors d’une conférence de presse, qu’elle le prenait au mot : « Il prétend être attaché au dialogue social ? Qu’il renonce alors à la réforme de l’assurance chômage ! » C’est d’ailleurs d’autant plus urgent que, depuis 2023, l’État a ponctionné plus de 12 milliards d’euros dans les caisses de l’Unédic. Et c’est pourquoi la CFDT l’énonce on ne peut plus clairement : « On ne peut pas dire que les demandeurs d’emploi n’ont pas fait leur part [d’efforts], et on ne construit pas un système d’assurance chômage stable et juste sur des coups de menton ou des improvisations. »
Globalement, si le Premier ministre a fait quelques concessions, peu précises par rapport à ses annonces du 15 juillet en ce qui concerne la taxation des hauts revenus ou encore les aides aux entreprises, la philosophie de son projet de budget reste inchangée et demeure donc inacceptable aux yeux de la CFDT.

“La dignité du travail n’est pas négociable”

La réponse de Marylise Léon dans son discours de clôture de cette journée du 26 août est cinglante : il n’est pas acceptable de « se voir imposer des réformes brutales, conçues sans dialogue et sans considération pour celles et ceux qui font vivre notre pays ». Et d’ajouter : « Le travail mérite mieux dans le débat public que le message du Premier ministre aux travailleurs et travailleuses cet été : “à la rentrée, vous serez les premiers à payer”. […] Pour la CFDT, la dignité du travail n’est pas négociable. Les travailleuses et travailleurs ne sont pas des variables d’ajustement budgétaire ! »

Cela étant dit, la CFDT le répète depuis longtemps : « Le déficit public doit être réduit. Il ne peut pas s’envoler sans fin car, chaque année, ce sont des milliards d’euros d’intérêts qui échappent à l’investissement social et écologique. » Selon la CFDT, il faut, bien entendu, réduire le déficit mais, insiste sa secrétaire générale, « le réduire progressivement, en tenant compte de la justice sociale, des réalités du travail et en se fixant des priorités d’avenir ». Tout le contraire du projet du gouvernement, qui se révèle être « en réalité un projet de budget qui demande des sacrifices disproportionnés au monde du travail tandis que d’autres sont trop largement épargnés ».

“Le dialogue social n’est pas une formalité administrative”

Lors d’une table ronde consacrée à la place de la démocratie en entreprise, en présence de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, Marylise Léon a insisté, sous les applaudissements de la salle, sur le fait que « depuis les ordonnances de 2017, on a perdu en qualité du dialogue social et en démocratie sociale au sein des entreprises ». Avant de répondre à la ministre, qui vantait la proposition gouvernementale d’ouvrir une nouvelle négociation sur le travail : « Vous nous dites que tout est bon dans le document d’orientation [mais sans évoquer] la monétisation de la cinquième semaine de congés payés, un raccourcissement des délais pour aller aux prud’hommes… ».

La secrétaire générale précisera ensuite, lors de son intervention de clôture, le positionnement de la CFDT quant à une éventuelle négociation à ce sujet : « Nous refusons une évolution qui se ferait contre les travailleurs, contre leurs droits, contre leur dignité. Nous serons acteurs du vrai progrès social auquel le monde du travail aspire. Cela tient en quatre mots simples, mes camarades : moderniser, oui ; précariser, non ! »

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© CFDT

Il en va de même concernant la volonté gouvernementale de supprimer deux jours fériés : « C’est une mesure idéologique, pas une mesure économique. Comme si l’on disait aux salariés : “Votre temps de repos est de trop, votre santé est secondaire, votre équilibre de vie n’a pas d’importance”, martèle Marylise Léon. La CFDT ne participera pas à cette négociation car le dialogue social n’est pas une formalité administrative […] C’est pourquoi la CFDT ne sera pas autour de la table pour valider la suppression des jours fériés, quelles qu’en soient les modalités ! »

Nicolas Ballot

rédacteur en chef de Syndicalisme Hebdo et de CFDT Magazine
Marylise Léon publie un livre (Flammarion) sur son parcours militant : « S’engager »3976-actu-sengager-ml-c-flammarion-68b0124c41742852931273
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