Un livre vient de sortir en Tunisie sur l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) écrit par Héla Yousfi : UGTT, une passion tunisienne, enquête sur les syndicalistes en révolution 2011-2014, éditions Med Ali/IRMC, Tunis, 2015. Il est chroniqué en France par Alain Baron, syndicaliste. Sa chronique a été publiée sur le site Europe solidaire sans frontière (ESSF) et sur le site de l’Union syndicale Solidaires : www.solidaires.org.
Présentation : Alain Baron est sans doute un des meilleurs connaisseurs du syndicalisme tunisien (entre autre) qu’il suit de près depuis plusieurs années. Nous mettons en exergue ci-dessous un extrait de sa chronique du livre, portant sur les rapports (inimaginables en France !) entre la confédération UGTT et le pouvoir politique, singulièrement pendant les moments chauds de la crise révolutionnaire. Et nous indiquons le lien avec l’article complet ainsi qu’avec des éléments d’histoire du syndicalisme tunisien depuis un siècle.
- Chronique complète du livre de Héla Yousfi sur l’UGTT: www.europe-solidaire.org/spip.php?article3497
Extraits de la chronique:
« Le caractère contradictoire de chacune des facettes de l’UGTT
Pour des raisons qui sont explicitées dans en note (3), je me suis autorisé à ajouter entre parenthèses le terme « revendicatif » à celui de « syndical » dans deux des extraits présentés dans le sous-paragraphe qui suit.
Rôle revendicatif et rôle politique
« L’UGTT ne mobilise pas les syndicalistes seulement pour la défense de leurs intérêts professionnels. Elle a toujours été et continue à être le lieu d’une action politique beaucoup plus large qui vise à articuler revendications socio-économiques, et libertés politiques individuelles et collectives » (p 233).
Cette double fonction remonte à l’époque coloniale où l’UGTT était « nettement engagée dans l’action politique » pour l’Indépendance (p11).
Après celle-ci, l’UGTT a été de plus pendant plus d’un demi-siècle « le seul espace d’action collective organisée en Tunisie qui a réussi tant bien que mal à résister aux tentatives du régime autoritaire de réduire à néant toute résistance dans le pays ». (p 16)
Pour ces raisons, « l’UGTT est à la fois, et de manière indissociable, un mouvement syndical (revendicatif) et une organisation qui prétend à une mission politique et nationale » (pp 233-234).
« Par moments ce sont les considérations politiques nationales qui s’expriment, et à d’autres moments, c’est l’aspect syndical (revendicatif) qui est mis en avant » (p234).
Pour une partie au moins de ses membres, l’UGTT doit jouer un rôle de « contre-pouvoir » (p16) mais « ne vise pas la prise de pouvoir » (p11).
En final, l’UGTT se comporte « ni comme une force politique destinée à prendre le pouvoir, ni comme un syndicat révolutionnaire capable de remettre radicalement en cause les choix économiques et sociaux adoptés par les élites au pouvoir. L’ampleur de son action politique lui échappe parfois, mais elle a montré qu’elle n’est pas et ne veut pas devenir un parti politique » (p235).(4)