Nous publions ci-dessous un article sur les enjeux du syndicalisme dans la période actuelle dominée par l’épidémie de COVID-19. En complément, nous ajoutons un commentaire sur un débat apparu dans la CGT.
Nous ne sommes pas en guerre, nous luttons contre une épidémie grave
Le ton martial d’Emmanuel Macron jouant les Clémenceau ne sert qu’à cacher l’impéritie du gouvernement dans tous les domaines depuis le début de la crise. Il y eut d’abord « le virus ne viendra pas en Europe » (Buzyn) puis « il viendra peut-être mais nous sommes prêts » (Ndiaye) puis encore « il faut faire son devoir de citoyen allez voter mais restez chez vous car le virus est là et nous allons devoir faire face à une pandémie » (E.Philippe).
La réalité est cruelle
Le gouvernement n’avait rien préparé, rien prévu, rien anticipé. C’est dans cette situation que le salariat, ses organisations syndicales ont dû répondre aux différents plans prévus par les pouvoirs publics afin de répondre aux injonctions contradictoires des différents ministres et du président de la République. Le « restez chez vous » c’est très vite transformé par « allez bosser bande de tire au flan » (Muriel Pénicaud) ou « allez ramasser des fraises » (Didier Guillaume).
Définir les activités essentielles
Comme CGT, FO ou Solidaires l’affirment seules les activités économiques nécessaires à la lutte contre le virus devraient fonctionner. En effet, en quoi construire des bateaux, des avions, travailler sur des chantiers, produire des embrayages de voitures etc… Contribue-t-il à la lutte contre la pandémie ? Notre santé vaut plus que leurs profits ! Exposer inutilement les salariés est tout simplement criminel. Or, si Macron et sa bande sont incapables de consignes claires c’est parce qu’ils ne veulent pas définir quels sont les secteurs essentiels à la lutte contre la maladie.
Afin de mettre en pratique les déclarations de l’intersyndicale il nous faudrait faire la liste département par département des activités essentielles et interpeller les préfets pour que toutes les autres soient mises à l’arrêt. Pour celles qui doivent fonctionner car indispensable à la lutte contre la pandémie exigeons : dans toutes ces entreprises des masques, des gants du gel, des tests de dépistage et une réduction du temps de travail pour limiter les risques. Planifions les besoins pour répondre à l’urgence. Reprenons nos affaires en mains.
Cette crise a le mérite de déconstruire le discours libéral
Tout le monde s’aperçoit que les « rien » que l’on rencontre dans une gare sont « tout » et que ce sont eux qui font fonctionner la société. Et d’abord, les services publics attaqués de toute part et tant décriés. À commencer par l’hôpital public en grève depuis des mois pour réclamer des moyens et des salaires correspondant aux compétences ! Au 28e rang pour le salaire des infirmières d’après l’OCDE. Il a été abandonné, cassé volontairement. Ce n’est pas après mais maintenant, tout de suite qu’il faut le doter des moyens nécessaires « quel qu’en soit le coût » !
Le mouvement syndical doit répondre dans l’unité
Après la lutte contre le projet de contre-réforme des retraites, le syndicalisme doit faire face aux projets gouvernementaux dont le discours guerrier se traduit sur le plan social par une casse supplémentaire du droit du travail. Allongement de la durée du travail pouvant aller jusqu’à 60h alors qu’il faudrait le réduire. Suppression de 6 jours de congés et des jours RTT alors qu’ils seront indispensables à la sortie de la crise … Promesses de primettes alors qu’on a besoin de bloquer les prix et d’augmenter les salaires de celles et ceux à qui on doit tout et qui sont les salariés le plus souvent les moins payés …
Oui dans l’unité faisons valoir nos exigences
Ce n’est pas le moment d’engager des discussions de fond sur les orientations du syndicalisme que nous voulons pour l’avenir. Ce n’est pas le moment de polémiquer.
À partir d’une publication sur le site de la CFDT d’un relevé de réunion sybillin (*), renommé à tort « déclaration commune », un procès d’intention a été engagé contre la Cgt et sa direction. C’est totalement déraisonnable dans la situation actuelle. C’est surtout grotesque. Rien dans ce relevé de réunion ne contredit les orientations de la Cgt ou va dans le sens de l’union nationale. Dans les situations compliquées, l’écoute bienveillante de discours identitaires et simplistes peut grandir… il faut donc se donner tous les moyens pour mettre en œuvre avec rigueur et ténacité les orientations décidées collectivement. Et répondre tout de suite à l’urgence !
Les discussions de fond qui concernent l’avenir du syndicalisme viendront. Elles méritent mieux que des polémiques et des divisions. Nous y reviendrons.
Les prochains mois vont demander aux militants syndicaux de construire une unité syndicale solide robuste pour répondre aux attaques sans précédent qui consistent à faire payer la crise sanitaire aux salariés après celle de la finance. Dès à présent, unissons-nous pour exiger le retrait des ordonnances anti-sociales sur les 60h, la durée du travail, les congés et RTT. L’heure est au retour des moyens de prévention et des Chsct, au retour des services publics, au retour du social d’abord.
syndicollectif