Mercredi 5 mai 2021, la CGT tenait une conférence de presse sur les évènements et les violences antisyndicales du 1er mai 2021. L’Union syndicale Solidaires porte également une analyse (qui circule) de ce qui s’est passé. Les témoignages et points de vue convergent : il y a bien eu une « attaque » des cortèges syndicaux et des manifestant-es.
- Télécharger l’introduction de Valérie Lesage :Conférence de presse 5 mai 2021-2
La situation bascule
« Le fond de l’air est brun », conclut Valérie Lesage, secrétaire générale de l’Union régionale Ile de France (URIF) CGT, qui introduisait la conférence de presse du 5 mai aux côtés de Philippe Martinez. Sa description de l’enchaînement des évènements coïncide avec celle de Solidaires. Il y a d’abord cet incendie en pleine rue à mi-parcours de la manifestation et un individu attaquant une vitrine de banque pendant « de longues minutes ». Une « dizaine de minutes » dit Solidaires qui explique que « les forces de l’ordre en ont profité pour attaquer le service d’ordre unitaire ». La CGT explique qu’à ce moment trois tirs de gaz lacrymogène ont touché le camion CGT. Et que le « carré de tête unitaire a été encerclé par les « forces de l’ordre ». Puis après un temps très long (près de deux heures), la manifestation s’est poursuivie jusqu’à la place de la Nation. Selon la CGT, c’est là que le « carré de tête » et les manifestant-es badgés CGT « ont essuyé des tombereaux d’injures sexistes, homophobes, racistes, allant jusqu’à : à mort les syndicats ».
Valérie Lesage est très claire : « Nous affirmons que cette attaque est bel et bien du type fasciste ». Les attaquants avaient un matériel très significatif : « coup de poing américain, barre de fer, pavés, burons, …liquide comportant de l’acide ». 21 blessés CGT dont 4 graves (mais sortis de l’hôpital).
L’Union syndicale Solidaires nuance en écrivant qu’il est « difficile d’identifier et de caractériser clairement ces individus », tout en confirmant le discours « antisyndical, réactionnaire, homophobe » avec des symboles « rouge-bruns » (drapeau « confédéré » du Sud des Etats-Unis qu’on a vu au Capitole lors de son attaque lors de la défaite de Trump). Solidaires confirme aussi « la présence de plus en plus importante d’individus d’extrême-droite ».
La CGT estime que la responsabilité des forces de l’ordre est « évidente ». Elle demande même la révocation du préfet de police Lallement, envisage de « déposer une plainte » et demande « l’ouverture d’une enquête parlementaire » sur la gestion du maintien de l’ordre. Tout en réafiirmant, comme Solidaires, que les militants-es des services d’ordre syndicaux ne sont pas des professionnels, mais des salariées, elle « appelle l’ensemble du monde du travail à se mobiliser ». Elle évoque aussi « l’autodéfense ouvrière » en cas de récidive de telles situations.
Philippe Martinez fait aussi le lien avec la récente tribune des généraux (soutenue par Marine Le Pen), qui se termine par un « appel » peu ambigu, installant un « climat de haine », expliquant des attaques racistes contre les livreurs à vélo à Lyon (sans doute d’origine étrangère), et des travailleurs sans-papiers dans les Yvelines.
Visiblement, la situation a basculé.
Jean-Claude Mamet