C’est en plein mouvement social que s’ouvrira le lundi 18 avril à Marseille le 51ème congrès confédéral CGT. Cela rappelle le 45ème congrès de décembre 1995, en pleine grève générale des cheminots et d’une partie des services publics. Nous publions ci-dessous deux contributions au débat : un Appel signé par des responsables (dont le secrétaire général) de la FILPAC CGT et une contribution de l’Union départementale CGT de Seine Maritime (qui présente des amendements au texte d’orientation).
- Syndicalistes de la FILPAC CGT : « Appel : C’est le moment de gagner »
- Cher-e toutes et tous,
Nous constatons comme vous que le mouvement contre la Loi Travail est fort mais qu’il arrive à un tournant. Pour gagner ensemble il nous faut créer un nouvel élan à notre engagement. C’est le but de l’appel que vous trouverez en pièce jointe. Nous le portons à votre connaissance et vous proposons de le signer.Marc Peyrade,Secrétaire général de la Filpac-CGTLien : http://goo.gl/xJWhQb
Cliquez : APPEL_CestLeMomentDeGagner
Extraits : « …Comment gagner? Un agenda de manifestations qui s’étend, s’étire, et se répète risque de nous amener dans la même impasse qu’en 2010: du monde dans la rue, mais la longueur des cortèges ne suffit pas à la bascule du rapport des forces en faveur des opposants à la loi, pourtant majoritaires…[…]. Le syndicalisme doit aussi participer au mouvement d’occupation des places et ajouter un nouvel argument de poids : l’action gréviste. […]. L’autre proposition relève de la grève nationale interprofessionnelle de 24 heures contre la loi El Khomri, en perspective du 28 avril ».
Déjà signé par 17 responsables syndicaux FILPAC.
- Contribution UD CGT de Seine Maritime :
EXTRAITS :
….[…] 2.1 Notre démarche revendicative
Face aux attaques visant la destruction d’acquis essentiels, il est indispensable de construire la riposte interprofessionnelle, le « Tous Ensemble » d’un mouvement social de grève prolongée à l’échelle de tout le pays qui seul peut inverser le rapport de force nécessaire pour les salarié(e)s.
Ce « Tous Ensemble » ne se décrète pas et il se construit d’abord bien sûr à l’entreprise en proximité avec les salarié(e)s grâce à l’action quotidienne de son Syndicat CGT ou de son Union locale. Il doit être affiché comme étant le projet de toute la CGT. Il doit être mis en oeuvre par les UL et coordonné par les UD et les Fédérations, mais il doit tout autant être impulsé par la Confédération qui doit jouer tout son rôle pour le proposer et tout faire pour en assurer la réussite. Il ne peut donc pas se résumer à une succession de journées d’action isolées sans lendemain, sans plan de lutte, sans revendications précises.
Pour réussir à donner un coup d’arrêt, à cette politique au service du patronat, et aux licenciements, ce mouvement social de grève prolongé doit se construire avec un véritable plan d’action nécessaire pour donner confiance dans la lutte à la majorité des salarié(e)s, des privés d’emploi et des jeunes qui en ont ras-le-bol de la situation mais sont très peu organisés.
[….]
Cette construction du « Tous Ensemble » passe aussi par la recherche de l’unité syndicale et de l’unité d’action, chaque fois que possible, avec tous(tes) ceux qui partagent nos objectifs revendicatifs et nos formes de luttes.
La confédération doit être à l’initiative et prendre toute sa place dans la construction de collectifs de mobilisation plus large, avec notamment des partis politiques et des associations, sur la base de nos orientations, à l’exemple de ce qui a été fait autour du collectif contre l’austérité (manifestations du 12 avril et du 15 novembre 2014). Ces initiatives visant à renforcer le rapport de force sur le terrain de classe, et en assurant l’expression indépendante de la CGT, doivent faire l’objet de discussions et de votes de la CEC et du CCN.
[…]
Le rapport de force, pour être favorable aux salarié(e)s, a besoin d’être travaillé de manière interprofessionnelle. Ces dernières années, les victoires les plus marquantes dans les entreprises ont été remportées suite à des arrêts de production. C’est bien pour cette raison que les responsables politiques et le patronat ne cessent de s’attaquer au droit de grève, aux libertés individuelles, aux instances représentatives du personnel et aux droits syndicaux et plus généralement au droit du travail.
La colère contre le système et tous ses représentants est profonde. Elle peut être récupérée sur le plan politique par les forces réactionnaires profondément hostiles au mouvement ouvrier, mais elle peut aussi se traduire par des mouvements sociaux de grande ampleur que la CGT doit impulser.
C’est pour cela qu’il est nécessaire d’affirmer clairement la nécessité d’un syndicalisme de lutte de classe partant des besoins du salariat, d’un syndicalisme indépendant et refusant toute neutralité face aux enjeux de société menaçant notre classe sociale. Un syndicalisme attaché à la défense des salariés, conscient des intérêts incompatibles, opposant le capital au travail.
La CGT doit oeuvrer à la convergence des luttes notamment sur les questions d’emploi et de salaire autour de revendications unifiantes comme :
L’interdiction des licenciements et des fermetures de sites.
L’augmentation générale et immédiate des salaires, pensions et des minimas sociaux de 300€ ainsi que le smic dans la même proportion soit à 1700 €.
La défense du système de retraite par répartition et l’abrogation de toutes les mesures antisociales s’attaquant aux droits des travailleurs depuis les lois Balladur de 1993.
Réduction du temps de travail à 32h hebdomadaires, sans perte de salaire, avec embauches correspondantes.
L’adoption de mesures contraignantes pour l’application de l’égalité professionnelle homme / femme.
[…]
2.3 Nos responsabilités syndicales
Pour la CGT, la revalorisation du travail et une autre répartition des richesses créées au profit des travailleurs et travailleuses sont indispensables pour sortir de la crise. Nous devons donc continuer à initier et développer des luttes à partir de nos valeurs et des revendications des salarié(e)s. Nous pourrons le faire avec un syndicalisme utile, qui lutte, qui propose, négocie et gagne.
Face au patronat et au gouvernement, nous avons besoin de faire bloc, de mobiliser les travailleurs(euses) avec ou sans emploi, les retraité(e)s et de chercher l’unité avec tous ceux qui partagent nos objectifs de lutte.
Mais le « syndicalisme rassemblé » s’oppose à cela et se dresse contre l’unité. Le « syndicalisme rassemblé » paralyse l’action de classe, c’est l’accord recherché avec la CFDT qui est régulièrement sur des positions patronales et gouvernementales (Retraites, ANI, destruction des Prud’hommes, Pacte de responsabilité incluant le gel des salaires).
Ce « syndicalisme rassemblé » acceptant le rôle de régulateur social, n’a pour finalité que l’accompagnement des reculs sociaux, désarme le monde du travail et ne sert que le patronat.
La signature par la CGT, en juin dernier, sans décision préalable du CCN, du texte commun intitulé « Après le 11 JANVIER 2015 : VIVRE ENSEMBLE, TRAVAILLER ENSEMBLE… » avec notamment la CFDT et l’UNSA, interroge de nombreux camarades de nos organisations sur ce texte qui semble être un « programme commun » très éloigné de notre plateforme revendicative. Sans tourner le dos à l’idée d’une intersyndicale large sur ce sujet, l’absence de revendications essentielles comme la régularisation des travailleurs(euses) sans papiers, l’abrogation des lois s’attaquant au droit des travailleurs(euses) ainsi que la condamnation de la politique d’austérité gouvernementale amène à croire qu’il existe des orientations fondamentales communes entre la CGT et la CFDT alors qu’en pratique, nos organisations s’éloignent de plus en plus entre un syndicalisme réformiste accompagnant l’ensemble des réformes régressives et un syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
Pour redonner confiance dans les luttes, pour donner une perspective à la profonde colère sociale qui reste encore étouffée, notre syndicalisme doit clairement apparaître à tous les niveaux comme un syndicalisme révolutionnaire offensif, alliant contestations et propositions. Notre participation à toutes les instances de représentation doit être offensive et doit s’appuyer sur les luttes plutôt que sur les discours. Nous ne devons cautionner aucune manoeuvre de fausse concertation, comme les « conférences sociales » qui ne visent qu’à enrober de « dialogue social » des mesures déjà décidées par nos adversaires.
[…]