Ci-dessous les premières réactions syndicales à la nomination de Gabriel Attal comme 1er Ministre.
Gouvernement : « Il faut un changement de cap urgent »
Elisabeth Borne quitte ses fonctions.
Elle part après avoir déposé 23 49.3 à l’Assemblée nationale, après une réforme des retraites imposée en force contre l’opinion, contre la rue, contre le Parlement. Une réforme qui n’était ni nécessaire, ni juste, ni justifiée.
Elle part après une loi sur l’immigration écrite sous la dictée du Rassemblement National.
Le bilan n’est pas bon. Mais c’est le bilan d’Emmanuel Macron et c’est le bilan d’une démocratie gravement abîmée.
Le président de la République préfère changer les visages en espérant faire diversion. Personne n’est dupe.
Ce qui intéresse les salarié·es, ce n’est pas le nom du ou de la première ministre, c’est le contenu de la politique qui est menée. Le quinquennat d’Emmanuel Macron est un naufrage et ce n’est pas avec des rustines qu’on va réparer Le Titanic.
Le débat, ce n’est pas le nom du ou de la personne qui va être premier ou première ministre, c’est le contenu de la politique. Et le problème, c’est ce qu’a dit Emmanuel Macron dans ses vœux : « tout va bien, je vais bien, mon quinquennat est extraordinaire ».
Il est dans le déni complet de la situation catastrophique du pays et de l’abîme dans lequel il mène le pays.
Le pays a besoin d’un gouvernement qui le dirige
Dans un moment où il y a des crises majeures en France et à l’international, avec la guerre à Gaza où toutes les dix minutes un enfant meurt. Il faut que la France agisse de façon forte pour exiger un cessez-le-feu, ce qu’elle ne fait pas. En cette période, ne pas avoir de ministre des Affaires étrangères, c’est un problème.
Par ailleurs, il y a des centaines de milliers de personnes qui sont sinistrées dans le Pas-de-Calais. La France a besoin d’un gouvernement qui s’occupe de ces questions là.
Il faut avoir un gouvernement et surtout un cap politique en rupture avec la politique menée par Emmanuel Macron et qui renoue avec l’intérêt général.
Marche citoyenne le 21 janvier contre la loi immigration
Les valeurs fondamentales de notre République sont attaquées par cette loi de la honte :
- Le droit du sol, qui date de 1789 et de la Révolution française,
- La sécurité sociale et l’universalité de la protection qui date du Conseil national de la Résistance et de 1945.
Cet appel est inédit parce qu’il rassemble des personnalités de bords et d’horizons divers :
- des acteurs du monde de la culture,
- des syndicalistes,
- des associatifs, etc.
Il est inédit, à l’image de la gravité de cette loi parce qu’elle est en rupture avec l’identité de notre République.
Pour ces raisons, nous appelons à marcher très nombreuses et nombreux le 21 janvier prochain pour dire que ce n’est pas cela la France.
- La France, c’est la solidarité.
- La France c’est la liberté.
- La France c’est l’égalité.
- La France c’est la fraternité.
Nous combattrons les discours de haine, de stigmatisation, de mise en opposition. C’est ce vivre ensemble au quotidien qui fait notre force. C’est pour ça qu’il faut qu’on soit nombreux, le 21 janvier prochain, à marcher.
Le conseil constitutionnel doit rendre sa décision le 25 janvier
Après la saisine du conseil constitutionnel qui statuera le 25 janvier, on peut espérer qu’il y aura le plus grand nombre de mesures possibles de cette loi de la honte qui va être censurée.
Mais ce qui est à craindre et qui est probable, c’est qu’il reste l’essentiel, à savoir une loi qui stigmatise et qui précarise les étrangers qui sont en France, alors que aujourd’hui on a besoin de ces travailleuses et ces travailleurs étrangers.
Pour rappel, en Ile-de-France, c’est presque un quart des emplois qui sont occupés par des étrangers, dans certains secteurs essentiels comme les aides à domicile elles sont 60 % à être étrangères.
Cette loi va les empêcher de vivre avec leur famille, de se projeter à moyen long terme, d’avoir des allocations familiales. Cette loi ne fera pas en sorte qu’il y ait moins d’étrangers en France, les dispositions sociales n’ont pas d’impact pas sur le nombre d’étrangers qu’il y a dans un pays comme le démontrent toutes les études.
En revanche, cela va accentuer la précarisation des étrangers·ères qui vont être en grande difficulté pour pouvoir s’intégrer parce qu’ils vont avoir en permanence des freins, administratifs et juridiques à leur intégration et leur vie quotidienne.
Grand froid : il y a une crise profonde du logement social et de l’hébergement d’urgence
Cet épisode climatique n’a rien d’exceptionnel. C’est normal que l’hiver, il fasse froid. En revanche, le problème est dans le manque d’anticipation des pouvoirs publics et surtout qu’il s’ajoute a une crise profonde du logement social et de l’hébergement d’urgence.
Cette période de grand froid permet de rappeler des chiffres qui sinon sont complètement invisibilisés et dont on ne parle jamais.
Et derrière ces chiffres, il y a des vies et il y a des personnes :
- 300 000 personnes sont sans abri.
- près de 3000 enfants sont dans la rue.
C’est un problème tous les jours, pas seulement le jour où il fait froid. Le gouvernement doit revoir sa politique en matière de logement, relancer la construction de logements sociaux, relancer la mise à disposition d’hébergements d’urgence dans la durée.
Parmi ces 300 000 personnes qui vivent à la rue, il y en a un certain nombre qui sont des travailleuses et des travailleurs. Le problème, c’est que le travail ne permet plus de vivre. Il ne permet plus d’avoir un logement.
Rappelons que ce gouvernement a multiplié les contrôles, la stigmatisation des personnes au RSA et s’apprête à faire une grande réforme du RSA mais ne travaille pas sur le sujet central, à savoir permettre à un tiers des personnes qui sont éligibles au RSA, et qui ne le demandent par méconnaissance de leur droit, de l’obtenir de façon automatique au lieu de se retrouver sans aucun revenu.
Inondations : la CGT exprime sa solidarité les centaines de milliers de personnes qui vivent dans le Nord
Pour la deuxième fois en trois mois, les habitant·e·s du nord de la France sont victimes de graves inondations. La CGT, a mis en place un dispositif de solidarité pour les syndiqué·es qui habitent dans le Pas-de-Calais.
Alors que de très nombreuses entreprises sont fermées du fait de la catastrophe climatique, les salarié·es sont en chômage partiel.
Pour eux, c’est la double peine. Non seulement ils et elles sont victimes d’inondations avec des sinistres à plusieurs milliers d’euros et qu’ils ne sont pas toujours remboursés par les assurances, mais en plus, il y a une perte de salaire du fait du chômage partiel.
Il faut remédier à cela de façon urgente et immédiate en demandant au gouvernement et au patronat de garantir le maintien du revenu à 100 % pour tous les salarié·es qui sont au chômage partiel aujourd’hui dans cette région.
Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent se demander comment on empêche ce genre de catastrophe environnementale de faire autant de dégâts avec des mesures d’ampleur que le gouvernement ne prend pas du tout puisqu’il agit toujours au service des puissants, des multinationales et qui ne veut pas rompre avec avec ce dogme là.
Retrouver l’intégralité de l’interview de Sophie Binet
https://youtu.be/fmgNUqLFKTw?si=FQACVyoi9mqALLUd
Suite à la « démission » d’Elisabeth Borne, Gabriel Attal vient d’être nommé Premier ministre par le Président de la République.
Le gouvernement Borne restera marqué par des réformes brutales qui ont fait reculer les droits sociaux et par un mépris caractérisé pour la démocratie sociale, qui abîme la démocratie tout court : recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans, casse des lycées professionnels, réformes de l’assurance chômage et du RSA, augmentation des subventions aux entreprises sans contreparties, loi immigration élaborée sous la dictée de l’extrême droite… la liste est longue des reculs que ce gouvernement a mis en œuvre pour préserver les intérêts des puissants au détriment de l’intérêt général.
Le court passage de Gabriel Attal au ministère de l’Éducation nationale a été emblématique d’une volonté de flatter la frange réactionnaire de l’opinion, le plus souvent contre les attentes des personnels et de l’intérêt général. En poursuivant la mise en œuvre d’une réforme du lycée professionnel qui va à l’encontre des besoins de la société, en proposant des dispositifs à fort impact médiatique mais à rebours des besoins des élèves et qui renforcent le tri social, en refusant de poursuivre la dynamique de revalorisation salariale à peine engagée par ses prédécesseurs, Gabriel Attal, en tant que ministre, a beaucoup communiqué mais peu agi pour renforcer le service public. Les besoins du système éducatif pour faire face aux inégalités sont pourtant immenses.
Fera-t-il autrement en tant que Premier ministre ? Il est permis d’en douter car une réforme de la Fonction publique est déjà annoncée. La FSU s’inquiète d’une nouvelle étape de dynamitage du statut qui pourrait être programmée par le nouveau gouvernement. Le pays a besoin de services publics confortés et financés à hauteur des besoins, avec des personnels enfin reconnus. Cela passerait par une décision immédiate et urgente de revalorisation du point d’indice de 10% et une programmation salariale ambitieuse.
La FSU appelle d’ores et déjà à se mobiliser par des manifestations contre la loi immigration les 14 et 21 janvier, par la grève dans l’Education le 1er février, par la grève féministe et les actions en faveur de l’égalité professionnelle le 8 mars et en préparant une action de l’ensemble de la Fonction publique au mois de mars.
Bagnolet le 9 janvier 2024
Nouveau gouvernement, vieilles recettes libérales…
La concentration dans de “super-portefeuilles” de sujets sur lesquels les urgences sont réelles comme la santé, le travail ou l’éducation ne peut qu’inquiéter quant au sort qui leur sera réservé. Quant au logement qui subit une crise sans précédent, son ministère a proprement disparu!
Nous ne laisserons pas enterrer les sujets criants actuels que sont les salaires et la précarité, les conditions de travail dégradées partout, l’hôpital qui ne peut plus soigner et les carences dans tous les services publics tandis que le ministère de la Fonction publique disparaît. Sans parler de la transition énergétique, sujet brûlant lui aussi aux abonnés absents.
Ce n’est pas un remaniement qui fera oublier les régressions sociales importantes sur les retraites, l’assurance chômage et la loi immigration qui fait basculer cette politique vers une validation des idées de l’extrême droite.
Si la parité est respectée, les ministères régaliens sont « réservés » aux hommes, et on peut être inquiet des questions de luttes contre la LGBTQiphobie, quand plusieurs ministres ont affiché leur opposition au mariage pour toustes.
Non ce gouvernement n’a rien de jeune ou de nouveau : il reprend les vieilles recettes libérales qui ne répondent ni aux urgences écologiques et sociales ni aux besoins d’égalités et de lutte contre les discrimination. Il va continuer de dégrader le quotidien et l’avenir des travailleuses et les travailleurs. Pour Solidaires, il est plus qu’urgent que les travailleurs·euses, et le mouvement social s’organisent pour imposer de véritables politiques sociales, environnementales et de solidarité.