L’intersyndicale était amputée de la FSU et de l’Union syndicale Solidaires (non reconnues dans ce cadre) lors de la première réunion de mise en place de ce que le 1er Ministre François Bayrou a appelé un « conclave » de discussions (négociations?) pour aboutir en mai 2025 à d’éventuelles propositions nouvelles. Nous publions ci-dessous les positionnements accessibles sur le site des organisations (19-01-2025).
Concertation retraites – déclaration de Sophie Binet
Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres,
Il y a presque 2 ans jour pour jour, le 19 janvier 2023, 2 millions de salariés manifestaient à l’appel de nos 8 organisations syndicales pour la première journée de mobilisation de ce qui devenu ensuite le plus long et un des plus forts mouvements sociaux qu’ait connu notre pays.
Malgré 14 journées de manifestations atteignant jusqu’à 3 millions de personnes, de nombreuses grèves reconductibles et 6 mois de mobilisation, le président de la République a décidé d’imposer cette réforme en force, sans vote des députés, et en fermant systématiquement toutes les portes ouvertes par les organisations syndicales.
2 ans après, cette réforme est toujours au cœur de l’actualité. L’avis des Français et des Françaises est clair, ils et elles l’ont exprimé à chaque fois qu’ils et elles l’ont pu lors de toutes les échéances électorales et le Président, votre prédécesseur et vous-mêmes, Monsieur le Premier ministre, êtes bien placés pour le savoir.
Malheureusement, comme nous l’avions aussi annoncé, les passages en force présidentiels et son refus d’entendre la mobilisation menée par les organisations syndicales se sont traduit par une montée de la désespérance sociale, et ont contribué à nourrir l’extrême droite. L’extrême droite est aux portes du pouvoir et ce n’est encore une fois, que l’immense mobilisation citoyenne et syndicale et la responsabilité des travailleuses et des travailleurs qui a empêché la catastrophe.
Maintenant, les travailleurs et les travailleuses attendent du changement. Pour sortir le pays de la crise sociale, économique, environnementale et démocratique dans laquelle il s’enfonce dangereusement et permettre une stabilité, il faut que les exigences sociales soient enfin entendues.
Cette réforme doit être abrogée, comme toutes les organisations syndicales l’ont encore demandé le 5 décembre dernier. Il faut supprimer les 64 ans, l’accélération de la réforme Touraine, et rétablir les régimes pionniers. Au-delà, la CGT porte la retraite à 60 ans. Il ne s’agit ni d’un totem, ni d’une quelconque revanche. Il s’agit d’une urgence sociale car la réforme fait déjà des ravages que la vague de désindustrialisation en cours aggravera encore.
Alors que l’âge minimum de départ en retraite n’a pour l’instant été repoussé que de 6 mois, à 62 ans et demi, le nombre de personnes de plus de 62 ans inscrites à pôle emploi a augmenté de 50%, les millions de salariés qui exercent des métiers pénibles sont en inactivité parfois dès 50 ans et les femmes, pénalisées par les interruptions de carrière pour élever leurs enfants sont les premières victimes du report de l’âge de départ en retraite. Votre discours de politique générale était l’occasion d’annoncer un blocage immédiat de la réforme permettant à tout le monde de sortir par le haut et ouvrant un chemin vers l’abrogation. Il est toujours temps de le faire et de l’inscrire dans le PLFSS 2025.
C’est techniquement réalisable car les caisses auraient 6 mois pour préparer la génération 1963 à partir au 1er juillet au lieu du 1er octobre. Et c’est aisément finançable, 2 Mds maximum, soit en soumettant intéressement et participation à cotisation, soit même en utilisant le fond de réserve des retraites. Le faire enverrait un signal très fort avec un progrès immédiat et permettrait que nous puissions répondre aux autres urgences sociales : l’emploi, les services publics et les salaires notamment.
À ce stade, vous annoncez l’ouverture de discussions dans un format qui reste très nébuleux et sur lequel nous attendons des clarifications :
- D’abord, nous connaissons votre attachement à la laïcité, aussi nous vous suggérons qu’en lieu et place d’un conclave vous organisiez une conférence sociale sur les retraites. La question des retraites intéresse les dizaines de millions de travailleuses et de travailleurs du pays, et nos discussions doivent se faire sous leurs yeux pas dans le secret d’un conclave.
- Ensuite, le périmètre doit être modifié et celui que vous avez retenu aujourd’hui nous semble totalement baroque : il ne repose ni sur la représentativité interprofessionnelle, ni sur celle de la fonction publique…Les retraites sont un enjeu d’intérêt général, nous souhaitons donc que les 8 organisations syndicales soient invitées autour de la table, quitte à avoir ensuite des cadres spécifiques au privé et au public
- Le cadrage budgétaire doit être clarifié. La CGT demande depuis des années l’organisation d’une conférence de financement de nos retraites. Nous serons ravis de pouvoir enfin débattre sur la base des très nombreuses propositions que nous portons pour financer les 16 milliards nécessaires à horizon 2030 pour abroger la réforme. Cependant, nous ne laisserons pas dire que nos retraites seraient responsables de la moitié du déficit du pays. Il n’y a pas de « déficit caché » des régimes de retraites. C’est à l’Etat employeur de payer les retraites des fonctionnaires, certainement pas aux salariés du privé. Nous avons bloqué la tentative de vos prédécesseurs de faire les poches du régime Agirc Arrco, nous n’accepterons pas de nous engager dans des discussions où la facture à régler serait alourdie de 40 milliards d’euros par un tour de passe-passe comptable.
- La réforme n’ayant pas été bloquée, le calendrier des discussions doit être très court, nous ne pourrons donc pas tout traiter. La question majeure à ce stade c’est le financement du retour aux 62 ans, c’est donc par cela qu’il faut commencer, avant de traiter le sujet de la pénibilité pour réintégrer les 10 critères et construire une méthode collective de reconnaissance de la pénibilité.
- Enfin, du fait des multiples passages en force qui ont permis son adoption, la réforme des retraites pâtit d’un profond vice démocratique. Il faut donc que quel que soit l’issue des discussions qui s’ouvriront, in fine, le parlement ou le peuple par voie référendaire aient le dernier mot.
Je souhaite pour conclure vous indiquer que le mot résumant l’état d’esprit de la CGT sera celui de responsabilité.
Responsabilité parce que des millions de salarié·es nous regardent et attendent l’abrogation de cette réforme, nous ne pouvons les décevoir.
Responsabilité parce que notre régime de sécurité sociale a été créé par Ambroise Croizat en application du programme du conseil national de la résistance pour faire de la retraite non plus l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie.
Pour cela, les résistants ont bâti, dans un pays ruiné, un système par répartition. Ce système visionnaire nous a permis d’affronter toutes les crises pendant qu’ailleurs les régimes par capitalisation s’effondraient. Alors que, 80 ans plus tard, le magot de nos retraites aiguise toujours les appétits, nos travaux ne peuvent avoir pour seul but que de pérenniser notre système par répartition et de le mettre à l’abri des fonds prédateurs.
Vendredi 17 janvier 2025
Retraites : une FAQ pour comprendre ce qui se passe ⤵️
Vous vous posez des questions ? La CGT y répond à travers cette foire aux questions
Lors de son discours de politique générale, avec beaucoup de mépris, le Premier ministre n’a pas répondu ni parlé des préoccupations de la population :
- ni de l’augmentation des salaires et des pensions pourtant vitale ;
- ni des milliers de licenciements en cours ;
- ni de la nécessité d’arrêter l’hémorragie des services publics.
Dans la droite ligne des politiques économiques exclusivement favorables aux actionnaires des grands groupes mises en place ces sept dernières années, le Premier ministre, usant du chantage à la dette, des menaces sur les services publics et la Sécurité sociale, a toutefois été contraint d’annoncer l’ouverture d’une conférence sur la réforme des retraites. Si la retraite à 64 ans est toujours contestée aujourd’hui c’est grâce à la mobilisation syndicale et populaire sans faille.
1 – Pourquoi continuer à se battre contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans ?
Emmanuel Macron n’a jamais eu de mandat pour allonger l’âge de départ à la retraite. Ainsi, depuis le début, cette réforme souffre d’illégitimité démocratique : elle n’a jamais été votée à l’Assemblée nationale – elle n’aurait jamais eu de majorité sans 49.3.
Il y a deux ans, le 19 janvier 2023 marquait la première mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. La première d’une très longue série qui durera près d’un an et verra des millions de personnes dans la rue chaque semaine pour demander le retrait du projet de loi de réforme. Samedi 11 février 2023, nous étions 2,5 millions partout en France contre la réforme des retraites.
Malgré 14 journées de manifestations atteignant jusqu’à 3 millions de personnes, de nombreuses grèves reconductibles, des mois de mobilisation, le président de la République a décidé d’imposer cette réforme en force, sans vote des député·es, et en fermant systématiquement toutes les portes ouvertes par les organisations syndicales.
Deux années volées
Alors que l’âge minimum de départ n’a augmenté que de six mois à fin 2024, le nombre de personnes de 62 ans inscrites à Pôle emploi a déjà augmenté de 50 % (source).
Mesure phare de la réforme des retraites, l’âge de départ à la retraite à taux plein est décalé de deux ans, passant de 62 à 64 ans. Depuis le 1er septembre 2023, les personnes nées à partir du 1er septembre 1961 devront attendre l’âge de 62 ans et 3 mois pour prétendre à la retraite.
Il faut avoir 62 ans et 9 mois depuis le 1er janvier pour la génération née en 1963.
L’âge légal sera ensuite graduellement décalé de trois mois chaque année, pour atteindre 64 ans en 2030.
Au recul de l’âge légal s’ajoute l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation (loi Touraine 2014). Ainsi, la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein augmente progressivement d’un trimestre supplémentaire par an, passant de 42 ans aujourd’hui à 43 ans, dès 2027 au lieu de 2030.
Il faut supprimer les 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine mais aussi rétablir les régimes pionniers.
Au-delà, la CGT porte le retour de la retraite à 60 ans. Il ne s’agit ni d’un totem, ni d’une quelconque revanche. Il s’agit d’une urgence sociale car la réforme fait déjà des ravages que la vague de désindustrialisation en cours aggravera encore.
➡️ En savoir plus : ici
2- C’est quoi cette histoire de “conclave” ?
Attachée à la laïcité, la CGT suggère qu’en lieu et place d’un conclave le Premier ministre organise une conférence sociale sur les retraites. La question des retraites intéresse les dizaines de millions de travailleuses et de travailleurs du pays, et nos discussions doivent se faire sous leurs yeux, pas dans le secret d’un conclave.
Après des mois de contestation, de grèves massives, des manifestations exceptionnelles, une bataille législative virulente, l’utilisation du 49.3 et un recours devant le Conseil constitutionnel, la réforme des retraites est entrée en application le 1er septembre 2023. Probablement l’un des plus grands dénis de démocratie de la Ve République.
Cependant, la CGT n’a jamais renoncé à exiger son abrogation, et c’est grâce à cette boussole et à la mobilisation des salarié·es que la question est restée dans l’actualité jusqu’à être portée par les parlementaires et à contraindre le Premier ministre, François Bayrou, a rouvrir les discussions sur l’ensemble de la réforme des retraites.
3 – Pourquoi parle-t-on autant de la dette, mais jamais des recettes ?
Il n’y a aucune fatalité dans le financement des retraites, la réforme actuelle est purement idéologique et sert le projet d’Emmanuel Macron d’enterrer le système de retraite solidaire pour favoriser la capitalisation.
D’autres choix sont possibles.
À de nombreuses reprises, la CGT et les organisations syndicales ont fait des propositions sérieuses pour maintenir le système par répartition, notamment en mettant à contribution les grands groupes qui chaque année battent des records dans le versement de dividendes, mais rechignent toujours à participer à l’effort national.
Cette année encore, les grosses entreprises du CAC 40 ont versé plus de 98 milliards d’euros à leurs actionnaires.
Les grandes entreprises et leurs actionnaires refusent aujourd’hui de renoncer à leurs cadeaux fiscaux et aux exonérations de cotisations. L’argent est là, mais le gouvernement ne veut pas en entendre parler ! La CGT veut mettre fin à ce scandale démocratique.
Abroger la réforme des retraites coûterait 3,4 milliards d’euros en 2025, et 16 milliards d’ici 2030. Ces sommes doivent être mises en regard avec les 80 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales dont bénéficient chaque année les entreprises.
En octobre 2024, à l’initiative du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, ainsi que du rapporteur général du projet de loi de finances, Charles de Courson, une conférence de financement de notre système de retraite – que les organisations syndicales réclament depuis deux ans – a été organisée.
Trouver de nouvelles recettes pour financer les retraites : quelques propositions de la CGT
- 2,2 milliards d’euros en mettant à contribution les primes non cotisées, l’intéressement et la participation ;
- 5 milliards d’euros par une augmentation de 0,5 point de la cotisation patronale retraite ;
- près de 6 milliards d’euros par la création d’une contribution technique temporaire pour les entreprises en faveur de l’égalité Femmes-Hommes. Cette contribution pourrait soit être calculée via les DSN, soit à partir de l’index égalité professionnelle, en assujettissant toutes les entreprises n’ayant pas 100/100 à leur index. Pour rappel, l’index n’est pas calculé sur les entreprises de moins de 50 salarié·es qui ne seraient donc pas concernées ;
- 6,4 milliards d’euros en doublant le forfait social sur l’épargne retraite, de façon à aligner le niveau de taxation de l’épargne retraite sur celui des salaires. À noter : là aussi les petites entreprises – qui pratiquent très peu l’épargne retraite – ne seraient pas concernées. Il s’agit d’une mesure de bon sens car aujourd’hui l’État favorise un dispositif concurrent à la retraite par répartition au travers de dispositifs fiscaux incitatifs à l’épargne retraite ;
- 24 milliards d’euros en soumettant les revenus financiers à cotisations sociales, de façon qu’ils soient autant mis à contribution que les revenus du travail.
➡️ Retrouvez l’ensemble des propositions de la CGT détaillées en téléchargement ici
4 – Et maintenant, que va faire la CGT ?
Le Premier ministre souhaite une “délégation permanente” des organisations syndicales et patronales, mais la CGT répond qu’il ne peut y avoir de préalable à la discussion. La réforme des retraites pâtit d’un profond vice démocratique.
Il faut donc que, quelle que soit l’issue des discussions, le Parlement, et/ou le peuple aient le dernier mot.
Selon les premiers mots du Premier ministre, « si les partenaires ne s’accordent pas, la réforme actuelle continuera à s’appliquer« , or, comme les représentants patronaux ont tout intérêt à ne pas trouver d’accord pour que la réforme s’applique telle quelle, cela revient à dire qu’il n’y aura de négociation possible.
La CGT est très claire : on ne peut pas négocier avec un pistolet sur la tempe et laisser ceux qui nous licencient avant 60 ans nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans.
La CGT ne négocie pas sans mandat ni rapport de force. Son fonctionnement est démocratique et la Confédération consulte les organisations professionnelles et territoriales avant toute décision importante, comme la participation à une négociation ou la stratégie à adopter.
La CGT procède toujours de cette manière lorsqu’elle négocie – que ce soit nationalement, dans les branches, ou dans les entreprises et administrations – les discussions doivent être ouvertes et les positions des uns et des autres connues, placées sous contrôle démocratique des salarié·es à chaque étape majeure des négociations. Dans la même logique, la CGT appelle ses syndicats à se réunir sur ce sujet et à réunir les salarié·es pour les informer des négociations en cours et porter au mieux leurs revendications, sur la retraite mais aussi sur les salaires et les services publics.
La CGT se met d’ores et déjà en ordre de bataille
À commencer par relancer une campagne d’information et de mobilisation des salarié·es. Rien n’est écrit d’avance et c’est la mobilisation des salarié·es qui fait toute la différence.
L’abrogation de la retraite à 64 ans et le retour à retraite à 62 ouvre la voie vers le retour à la retraite à 60 ans.
Notre régime de Sécurité sociale a été créé par Ambroise Croizat en application du programme du Conseil national de la Résistance : “Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie”. Pour cela, les résistant·es ont construit un système par répartition dans un pays pourtant ruiné par guerre !
Ce système visionnaire nous a permis d’affronter toutes les crises pendant, qu’ailleurs, les régimes par capitalisation s’effondraient.
Alors que, quatre-vingts ans plus tard, le magot de nos retraites aiguise toujours les appétits, la CGT sera extrêmement vigilante pour pérenniser le système par répartition et le mettre à l’abri des fonds prédateurs.
Déclaration de la Commission exécutive du 16 janvier 2025
Communiqués de FO
Après avoir pris connaissance de l’intervention du Premier ministre, la Commission exécutive confédérale déplore un discours de politique générale « très général », qui n’apporte aucune réponse concrète aux attentes des travailleurs et qui poursuit les politiques d’austérité menées par les précédents gouvernements.
Dans le contexte économique et politique actuel, il y a urgence à répondre aux revendications que les délégations FO ont rappelées la semaine dernière au gouvernement : abrogation de la réforme des retraites, augmentation des salaires du public comme du privé, préservation de l’emploi et de la Sécurité sociale, réindustrialisation, développement des services publics, renforcement du rôle et de la place du paritarisme…
Cette réforme des retraites, imposée par 49.3 et rejetée par l’immense majorité des salariés, reste injuste, brutale et injustifiée et accroit les difficultés des travailleurs notamment en fin de carrière. Le conclave annoncé par le Premier ministre ne prend pas en compte notre revendication d’abrogation immédiate mais pourrait viser au contraire à nous associer soit au maintien de la réforme actuelle, soit à l’instauration d’une réforme systémique, réforme universelle par points ou par capitalisation, que nous rejetons.
En tout état de cause, Force Ouvrière n’acceptera pas de participer à une opération qui permettrait au gouvernement de gagner du temps, en maintenant ou aggravant la contre-réforme des retraites.
Révolutionnaire dans ses aspirations et réformiste dans sa pratique, la Commission exécutive considère qu’être présent à cette concertation n’est acceptable qu’à la condition de rester libre de la quitter à tout moment, en toute indépendance en fonction du cadre qui nous sera proposé.
Pour la Commission exécutive, FO continuera de porter ses revendications à tous les niveaux pour faire aboutir ses revendications, l’abrogation de la réforme des retraites et traiter les questions de salaires et d’emploi tout au long de la vie. Prendre les choses par le bon bout, ce n’est pas pour autant se laisser enfermer, ni aborder le sujet uniquement sous un angle comptable. Pour la CE, il faut bien distinguer les régimes de retraites du public et du privé, mais également les régimes des agriculteurs et des indépendants. Tout ne doit pas être mélangé. Tous ces régimes distincts doivent faire l’objet de discussions distinctes.
Pour la CE, l’ouverture « d’une concertation sur le travail et le salaire » doit permettre de faire aboutir nos revendications sur l’augmentation des salaires du privé, comme du public, des pensions et des minimas sociaux, sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et l’amélioration des conditions de travail.
La Commission exécutive revendique également la transposition rapide des accords nationaux interprofessionnels du 14 novembre dernier sur l’emploi des seniors et l’évolution du dialogue social.
Enfin, la Commission exécutive réaffirme que le développement socio-économique de départements d’Outre-mer doit être durable et ne peut en aucun cas être un leurre ou une simple promesse. Cette exigence est d’autant plus prioritaire à Mayotte après les passages des cyclones Chido et Dikeledi. La Commission exécutive demande que FO, première organisation syndicale dans le département, soit consultée et entendue sur la mise en place de la reconstruction du 101e département français afin de faire valoir ses revendications.
François Hommeril (CFE-CGC) reçu à Matignon avant le discours de F. Bayrou, avait précisé : « SUR LES RETRAITES, LES DISCUSSIONS DÉMARRENT MAL »
« ....Le nouveau locataire de Matignon ayant affiché sa volonté de rouvrir prochainement des discussions sur la très controversée réforme des retraites de 2023, la CFE-CGC a eu un échange nourri sur le sujet. « Et les choses démarrent mal », regrette François Hommeril en sortie d’entretien. « François Bayrou parle d’un problème global du système des retraites au singulier alors qu’il y en a plusieurs dans le secteur privé, avec une retraite de base par répartition et la retraite complémentaire (Agirc-Arrco) dont les partenaires sociaux sont gestionnaires. Il y a par ailleurs les retraites des agents de la fonction publique qui ne sont pas un système par répartition. On ne peut pas venir dire aux Français que le régime des retraites est déséquilibré en mettant dans la balance le poids de la dépense publique que représente le paiement de la pension des fonctionnaires. Cette approche politique m’inquiète beaucoup, ce n’est pas possible. »
Avant toute discussion et alors que le Premier ministre ne s’est engagé sur aucun élément de calendrier ou de méthode, la CFE-CGC se tient prête mais en appelle à la raison. « Nous sommes toujours partants pour contribuer à objectiver les situations et à travailler pour améliorer les choses si des espaces s’ouvrent mais il faut partir sur de bonnes bases, insiste François Hommeril. Le Premier ministre ne doit pas nous inviter, en dépliant la carte du territoire, à discuter de la géographie des lieux comme si la Terre était plate. »
Le président confédéral a par ailleurs rappelé l’opposition de la CFE-CGC à l’éventuel retour de la piste de la retraite universelle par points abandonnée en 2020 lors de la crise Covid, « un système qui aurait pour conséquence l’appauvrissement général de l’ensemble des retraités de par la mise à contribution de tous les salariés et futurs retraités à financer pour partie la retraite des fonctionnaires ». » (site de la CFE-CGC)
Cyril Chabanier sur BFM-TV « On veut vraiment changer la loi Borne »
A cette heure la FSU n’est pas invitée à la réunion de ce vendredi, organisée sous l’égide du Premier ministre et devant débattre de la méthode prétendument inédite pour envisager les possibilités de sortir de la crise sociale durablement inscrite par le passage en force sur la réforme des retraites de 2023.
En « oubliant » de convier la FSU, le signal politique envoyé est double.
D’une part, il est clair qu’il y a une volonté de division de l’intersyndicale de 2023 dont la force a été de répondre à la hauteur de l’espoir et de l’exigence très majoritaire dans le monde du travail.
D’autre part, il y a également là une des premières conséquences pratiques de l’opération idéologique en cours et qui vise à spéculer politiquement sur les pensions des fonctionnaires. Non, il n’y a pas de « déficit caché » des pensions civiles ! Il y a des choix budgétaires faits par les gouvernements successifs, aussi bien en dépenses qu’en recettes.
Si le premier recul sur les suppressions de postes à l’Education nationale et la perspective de ne pas imposer 2 jours de carence en plus sont évidemment positifs, cela ne saurait suffire. Certaines mesures Kasbarian seraient conservées et aucune intention n’est affichée quant aux mesures nécessaires de revalorisation des carrières et des rémunérations. Pourtant, l’urgence de sortir de la crise sociale d’attractivité de la Fonction publique s’impose à qui est attaché à la préservation du modèle social du pays et à la réduction des inégalités qu’il permet.
Dans un tel contexte, il est inacceptable de voir revenir les spéculations politiciennes sur le régime de retraite des fonctionnaires et de tous les agents et salariés au service des usagers (agents contractuels, salariés de droit privé…). Il y a lieu pourtant de défendre les droits familiaux et conjugaux et de réparer l’injustice faite aux femmes fonctionnaires qui partent en retraite en ce qui concerne la bonification pour enfants depuis 2004. Les sujets sont nombreux.
Par ailleurs la FSU rappelle sa revendication d’abrogation de la réforme des retraites de 2023.
La FSU demande au Premier ministre de respecter la représentativité que lui ont donnée les élections professionnelles dans la Fonction publique en lui permettant de faire valoir les mandats donnés par les personnels dans les réunions qu’il organise sur les retraites à compter de ce vendredi. Ce serait le signe d’un minimum de respect des agent⋅es de la Fonction publique. Le premier ministre ne cesse d’en appeler à la revitalisation de la démocratie notamment par l’écoute respectueuse et le dialogue exigeant. Qu’il mette ses paroles en adéquation avec ses actes sans quoi, la crise sociale et démocratique ne pourra que s’aggraver.
Bagnolet, le 16 janvier 2025
Concertation sur les retraites : pas de discussions sans abrogation !
Publié le 17 janvier 2025
Le nouveau cycle de discussion sur la réforme des retraites qui démarre aujourd’hui autour de François Bayrou se fera sans l’Union syndicale Solidaires.
Sur la forme, le cadre des discussions semble choisi sur mesure par le gouvernement. Il préfère interroger la Cour des comptes plutôt que le Conseil d’orientation des retraites pour le diagnostic. Il ne tient compte d’aucun critère objectif en ne conviant pas les 8 organisations de l’intersyndicale qui ont mené le combat contre la réforme, et intègre une organisation patronale agricole.
Sur le fond, surtout, ces discussions ne sont que de la poudre aux yeux. François Bayrou veut s’acheter du temps. Mais le cadre fixé est extrêmement contraignant, verrouillé budgétairement, loin de la discussion “sans totems et sans tabous” annoncée.
Le Premier ministre conditionne les négociations à un accord entre les organisations syndicales et patronales. Or le refus du patronat de contribuer davantage à l’équilibre du système rend vaines toutes les discussions sur l’abrogation de la réforme.
Pour l’Union syndicale Solidaires, le minimum c’est le renoncement au recul de l’âge de départ à 64 ans et l’abrogation de la réforme des retraites de 2023 comme première étape vers la retraite à 60 ans et les 37,5 années de cotisation.
L’ouverture de ces discussions confirme qu’il y a un problème majeur avec cette réforme injuste, rejetée clairement par la population, et adoptée sans vote du Parlement.
Avec son entrée en vigueur, le nombre d’inscrit·es agé·es de 62 ans à France Travail a progressé de 46,5%. Dans le même temps, le gouvernement a cyniquement durci les règles d’indemnisation de l’Assurance chômage.
Ce ne sont pas les dépenses qui sont le problème des retraites et de la sécurité sociale, c’est le manque de recettes. Et pour l’Union syndicale Solidaires les leviers sont très nombreux : en augmentant le taux d’emploi des femmes par exemple, celui des « seniors » et donc en réduisant le chômage par la réduction du temps de travail à 32h sans perte de salaire. En embauchant massivement dans les services publics et les secteurs écologiques. En augmentant les salaires, en pratiquant l’égalité salariale femmes/hommes. En augmentant le taux de cotisation patronal… En mobilisant les milliards du fonds de réserve retraites, en luttant contre le travail illégal qui assèche les caisses de sécurité sociale, en revisitant l’ensemble des niches d’exonération des cotisations sociales… Les pistes sont nombreuses pour financer le progrès social. Cela nécessite d’engager le rapport de force.
L’Union syndicale Solidaires travaille à construire des mobilisations pour obtenir son abrogation définitive.
Deux ans après, l’heure est au second round!