Réseau Eco-Syndicaliste : hommage à Amara, mort au travail

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Le 16 juin 2023, Amara Dioumassi, 51 ans, ouvrier du BTP, immigré malien arrivé en France en 2010, est mort sur le chantier du bassin d’Austerlitz, destiné à rendre la Seine baignable pour les Jeux Olympiques de 2024. Le réseau Eco Syndicaliste, ainsi que la CGT nettoyage en lutte serons présents à l’inauguration de l’allée Amara Dioumassy samedi 27 septembre 2025. Le Réseau Eco-Syndicaliste appelle chacun et chacune à participer à ce moment historique pour la justice et la dignité. 

MORT AU TRAVAIL SUR UN CHANTIER DES JO :

JUSTICE, VERITE ET DIGNITE !

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Ecodéchet 2023

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Réseau éco syndicaliste

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Collectif CGT nettoyage en lutte

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Le réseau éco syndicaliste, ainsi que nos amis de la CGT nettoyage en lutte serons présents à l’inauguration de l’allée Amara Dioumassy samedi 27 septembre 2025. Nous appelons chacun et chacune à participer à ce moment historique pour la justice et la dignité. Nous relayons le tract d’invitation de la CGT et la tribune qui avait été signée à l’époque par de nombreux soutiens.

INAUGURATION DE L’ALLEE AMARA DIOUMASSI,

MORT AU TRAVAIL SUR UN CHANTIER DES JO :

JUSTICE, VERITE ET DIGNITE !

Le 16 juin 2023, Amara Dioumassi, 51 ans, ouvrier du BTP, immigré malien arrivé en France en 2010, est mort sur le chantier du bassin d’Austerlitz, destiné à rendre la Seine baignable pour les Jeux Olympiques de 2024.
Il a été percuté par un camion de chantier, dans un environnement de chantier non sécurisé : le camion sans bip de recul, sans homme trafic pour guider la manœuvre de marche arrière du camion et sans marquage au sol ni dispositif de protection pour les piétons, séparant la circulation des engins de chantiers et les ouvriers. Il est mort aux pieds de l’Institut médico-légal de Paris, dans un silence assourdissant – sans sirènes, sans images spectaculaires – comme tant d’autres travailleurs dont la disparition aurait pu passer inaperçue. Sans l’opiniâtreté de sa famille, de ses collègues, de la CGT et du collectif Justice et dignité pour Amara Dioumassi, sa mort aurait pu être réduite à un simple fait divers.

 

UNE MOBILISATION CONTRE L’INVISIBILISATION DES MORTS AU TRAVAIL
Le 27 avril 2024, quelques semaines avant l’ouverture des JO, à l’appel de la CGT et à l’occasion de la Journée mondiale des morts au travail, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Paris, non loin d’ici, pour exiger Justice et Vérité.
Ce rassemblement a marqué l’opinion et a empêché qu’Amara ne disparaisse dans l’oubli.
Cette lutte rejoint toutes celles que mènent d’autres familles et syndicats pour obtenir la tenue d’un procès et la mise en cause des entreprises responsables. La France est le pays d’Europe où l’on a la plus forte probabilité de mourir au travail et le nombre de victimes augmentent d’année en année surtout dans le BTP. L’hécatombe doit cesser!
Les morts au travail ne sont pas une fatalité. Pour lutter contre l’invisibilisation la CGT s’est tournée vers la Mairie de Paris pour lui demander de prévoir une marque durable dans l’espace public en hommage à Amara et à sa mémoire.

 

UNE PREMIERE HISTORIQUE EN FRANCE
À la suite de cette mobilisation, le Conseil de Paris, le 4 juin 2025, a voté la dénomination d’une allée du square Marie Curie (Paris 13e) au nom d’Amara. Désormais, l’Allée Amara Dioumassi rend hommage à ce travailleur de la construction, premier ouvrier immigré du BTP à donner son nom à un espace public en France.
La plaque commémorative de l’allée portera la mention :
« Victime d’un accident du travail sur le chantier de construction du bassin d’Austerlitz ».
Cette victoire revendiquée par la CGT constitue une étape mémorable dans l’histoire ouvrière : pour la première fois à Paris et même en France, un lieu de vie et de mémoire honorera un ouvrier du bâtiment plutôt qu’un général, un conquérant colonial ou un homme de pouvoir.
Ce geste a reçu le soutien des autorités maliennes, de l’association des expatriés du Mali, et résonne bien au-delà des frontières de la France.

 

UNE LUTTE TOUJOURS EN COURS

 

La CGT rappelle :
• qu’Amara est mort parce que les règles de sécurité les plus élémentaires n’ont pas été respectées par les entreprises co-traitantes présentes sur le chantier. Parmi elles, Darras et Jouanin, filiale du groupe Fayat, ainsi que la société SADE, alors filiale du groupe Veolia et depuis cédée au groupe NGE.
• qu’après lui, quatre autres ouvriers sont morts sur des chantiers similaires dans d’autres grand groupe de BTP ; comme sur Le projet du Grand Paris .
• que nous exigeons toujours la tenue d’un procès public pour condamner les entreprises responsables.
Cet hommage est aussi un avertissement : nous n’oublions pas, nous resterons vigilants, nous ne lâcherons rien malgré les pressions et le harcèlement subis qui frappent encore nos camarades.

 

MEMOIRE OUVRIERE ET DIGNITE

 

L’allée Amara Dioumassi est une allée principale qui traverse tout le square Marie Curie. Elle est appelée à devenir un lieu de mémoire et de recueillement, mais aussi un lieu de vie, où les enfants jouent et où les familles se promènent.
En venant dans ce parc cet dans cette allée nous éprouvons des sentiments contradictoires : colère contre les morts au travail, recueillement pour la dignité des disparus, fierté pour les travailleurs.

 

Mais la situation du parc dans la ville et l’emplacement choisi pour le nom de l’Allee Amara Dioumassi sur la place publique préfigurent un usage du lieu par des collectifs et citoyen-nes, qui dans les rencontres et les débats, viendront nourrir ce lieu et faire vivre l’héritage d’Amara.

 

Cet hommage est aussi pour tous les morts au travail :

 

       ◦ Pour le rétablissement des CHSCT, l’augmentation des effectifs de contrôle à l’inspection du travail,
◦ Pour une refonte complète des critères de pénibilité dans le bâtiment, pour un départ anticipé à la retraite dans le BTP où l’espérance de vie est plus faible,
◦ Pour que les travailleurs immigrés, source de richesses et de dignité, soient visibles et respectés.

 

RENDEZ-VOUS POUR L’INAUGURATION SYNDICALE :

SAMEDI 27 SEPTEMBRE 2025 A 13H 

SQUARE MARIE CURIE 
29 BOULEVARD DE L’HOPITAL PARIS 13E
METRO 5 SAINT-MARCEL – RER C GARE D’AUSTERLITZ

 

Nous n’oublierons pas Amara Dioumassi !
Sa mémoire nous guide dans le combat contre la mort au travail
et pour une société qui protège la vie plutôt que les profits !

 

Contacts presse CGT : Chouai Lyes 0618861054

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Vous avez été nombreux et nombreuses à signer, il y a un an et demi, cette tribune pour exiger justice pour Amara, contre l’exploitation, les injustices et les discriminations. Nous vous attendons ce samedi pour célébrer ensemble sa mémoire, nous approprier collectivement cet espace public, et en faire un espace de vie et de combats pour l’égalité et le respect.

Tribune

Exiger la justice pour Amara, c’est refuser un système fondé sur l’exploitation et l’oppression

Le 16 juin 2023, Amara Dioumassy a perdu la vie sur le chantier du bassin d’Austerlitz destiné à rendre la Seine plus propre pour les JO 2024.

 

Qui était Amara ?

 

Amara est né à Kayes au Mali en 1972, dans la communauté Soninke. Alors que ce pays du Sahel, doté d’une histoire séculaire, de richesses culturelles et naturelles exceptionnelles, subit la prédation de la Françafrique qui surexploite ses sols et ses populations, les habitants du Mali comptent parmi les plus pauvres au monde.

 

Dans ce contexte, Amara, devenu adulte, s’exile pour subvenir aux besoins de ses proches. Muni d’un visa temporaire, il est hébergé chez sa sœur à Paris. Il commence alors le parcours des milliers d’immigré.es pour le travail : contrats intérimaires avec alias, attente d’un titre de séjour. Puis arrivent les CDD, les attestations, et les premiers permis. Amara est précaire mais n’a plus de sueurs froides quand il croise la police. Il trouve un logement à Aubervilliers, un contrat fixe. Il a 12 enfants à nourrir. Au village, sa famille compte sur lui.  Il accepte alors un poste de chef d’équipe maçon pour la société Darras et Jouanin, co-traitant de la Sade, filiale de Véolia. Celle-ci est désignée par la mairie de Paris pour un chantier emblématique des JO : construire les bassins destinés à préserver la Seine des eaux usées. Comme beaucoup de travailleurs africains, Amara fait partie des bâtisseurs de Paris.

 

Le soir du 16 juin, il est percuté par un camion de chantier qui faisait marche arrière sans bip de recul, sans homme trafic pour guider le chauffeur et sécuriser la manœuvre, sans marquage au sol de sens de la circulation, sans protection de délimitation pour les piétons et sans aucune marge de manœuvre. La pénibilité du travail, le matériel défectueux, le bruit des marteaux-piqueurs, la poussière, la chaleur – 33 degrés – la cadence liée aux délais des JO fatiguent les salariés et contribuent au drame.

 

Panique aux sièges des donneurs d’ordre ! Un accident sur le chantier d’Austerlitz ! Étouffer l’affaire devient la priorité des communicants. La dépouille d’Amara est discrètement transportée à l’institut médico-légal et renvoyée au Mali. Il s’agit de se débarrasser au plus vite de ce corps encombrant. Dans les bureaux de Darras et Jouanin, de la Sade ou de la ville de Paris, plus personne n’entend parler du drame. Il ne s’est rien passé.

 

Un combat syndical

 

C’était sans compter sur la détermination de Lyes Chouai, délégué CGT de la Sade, scandalisé par les conditions du décès de son collègue et son invisibilisation.  Avec une équipe de syndicalistes convaincus, ils accompagnent la famille, à qui nous adressons nos pensées, alertent les médias malgré les pressions, organisent la mobilisation pour exiger reconnaissance et justice pour Amara, sa famille, et tous les morts invisibles au travail.

 

Deux morts par jour, des dizaines d’accidents graves, des milliers de vies brisées par les produits toxiques, l’usure physique, les violences psychologiques sont causées par l’exploitation capitaliste du travail. Les responsables sont rarement inquiétés. Au contraire, le gouvernement brutalise nos droits pour user davantage les corps et les esprits, de la réforme du lycée professionnel à la réforme des retraites, en passant par celle de l’assurance chômage.

 

La santé et la sécurité des travailleurs sont une priorité du combat syndical. Mais si ce drame nous rappelle la nécessité absolue de concevoir un autre rapport au travail, qui serait fondé non sur le sang mais sur le soin du travailleur, de son temps libre, du bien commun, l’histoire d’Amara nous invite aussi à réfléchir à l’ensemble des processus de dominations à l’œuvre.

 

 Une lutte contre les inégalités et les discriminations

 

Exiger la justice pour Amara Dioumassy est un combat syndical, mais aussi décolonial, territorial, écologique, social et démocratique. Sa trajectoire de vie recoupe l’ensemble des inégalités et des discriminations qui étouffent notre société, et que le contexte des JO accélère encore…

Suite de la tribune

Qui sommes nous?

Le réseau éco-syndicaliste est né en 2021 à la suite d’un appel signé par plus d’une centaine de syndicalistes. C’est un réseau intersyndical qui fait le lien entre syndicalisme et écologie, entre justice sociale et justice environnementale, à partir des premier.es concerné.es, les travailleurs et travailleuses eux mêmes, en lien avec les collectifs et associations visant à l’émancipation et à la défense de l’environnement. Beaucoup de nos camarades militent au sein de la CGT, de Sud ou de la FSU.

 

Les pistes de travail du réseau sont les suivantes:

 

– Soutien privilégié aux mobilisations des travailleuses et travailleurs des secteurs impactants pour l’environnement, notamment avec nos camarades d’ infogrève dechets, nettoyage en lutte

 

– déchets et nettoyage, industrie, transports, agriculture, bois, logistique…, par un soutien organisationnel et la méthode de l’enquête militante – Campagnes autour de la santé au travail et des contaminations environnementales ( accidents et morts au travail, amiante, chlordécone, pesticides…)

 

– Actions de formation ( méthodes d’éducation populaire, podcasts, séminaires…)

 

– Outils de réflexion et pour l’action destinés à trouver ensemble des solutions nouvelles et adaptées à la main mise du capitalisme et du productivisme sur la nature, sur notre travail et sur nos vies, à disposition du monde syndical (newsletters, textes de réflexion, modélisation d’expériences de luttes, liens avec le monde scientifique et de la recherche, publications…)

Contacts

Prendre contact avec le Réseau Ecosyndicaliste:

https://blogs.mediapart.fr/reseau-eco-syndicaliste

 

Salarié.es:

Faites remonter vos infos par mail ou au 06.66.23.33.85

 

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