Haro sur la CGT ?

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Depuis quelques jours, alors que les grèves deviennent effectives (raffineries, routiers, ports, bientôt peut-être RATP…), ce qui n’était sans doute pas prévu dans les modèles-types d’analyse de la société, certains  éditorialistes ont trouvé un objectif :  la CGT. Alors que la CGT avait connu un long débat sur son désengagement direct des enjeux politiques, certains doivent penser qu’en la désignant au centre du jeu médiatique comme la principale organisation d’opposition au gouvernement, cela finira par produire des tensions, par exemple avec Force ouvrière, mais aussi dans la CGT elle-même.  Sur FO, on sait combien cette organisation s’est dit refuser d’entrer dans des situations pouvant être interprétées comme « politiques« . Pourtant Jean-Claude Mailly a proposé récemment un référendum, consultation politique par essence. Preuve que le mouvement social en cours est inédit. 

Ci-dessous le « modèle » de ces articles : Le Monde du 24 mai.

 

Le patron de la CGT se hisse au rang de chef de l’opposition à la loi travail

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Michel Noblecourt

Le secretaire général de la CGT  Philippe Martinez avec les gréviste de la raffinnerie de Douchy-les-Mines le 21 mai.

Dans le bras de fer qui l’oppose à un gouvernement qui, selon sa formule, « choisit de bomber le torse, montrer les muscles », Philippe Martinez joue l’escalade. Sur fond de blocages de raffineries, une huitième journée de grèves et de manifestations se profile jeudi 26 mai, puis une grève interprofessionnelle avec une manifestation nationale à Paris le mardi 14 juin. Le secrétaire général de la CGT se pose ainsi en commandant en chef de la contestation et même en chef de l’opposition de gauche. Et après un congrès difficile, en avril à Marseille, il se relégitime à la tête de sa centrale en la ressoudant.

Parmi les sept organisations qui mènent la fronde contre la loi El Khomri – CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL –, M. Martinez a pris le leadership. Privé de moyens lui permettant d’imposer un jeu égal, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, est réduit au rôle de second. Depuis deux mois, le leader de la CGT a rompu tout contact avec le gouvernement, à la différence de son homologue de FO. Il juge que sa seule chance, même si elle est mince, d’obtenir un retrait de la « loi travail » ne viendra pas des journées d’action à répétition – malgré un léger regain de participation le 19 mai – mais de blocages ciblés de l’activité économique. Sans appeler à la grève générale, il prône des grèves reconductibles en espérant qu’elles vont gagner peu à peu des entreprises du secteur privé qui, pour l’heure, sont largement à l’écart.

Lire aussi :   Les syndicats veulent poursuivre leur mobilisation contre le projet de loi travail

Parallèlement, M. Martinez politise son discours. Alors que la gauche de la gauche est en miettes, il se place dans la posture de chef de l’opposition de gauche à François Hollande et Manuel Valls et anticipe une défaite de la gauche en 2017. « Hollande et Valls utilisent les mêmes méthodes que Nicolas Sarkozy en 2010, a-t-il déclaré samedi à Wizernes (Pas-de-Calais). Face à la lutte des salariés, ils envoient les forces de l’ordre pour casser les grèves. »

« Déni de démocratie »

Dans L’Humanité du 12 mai, il avait estimé qu’en mettant en œuvre une réforme du code du travail non inscrite dans son « programme électoral approuvé par les électeurs de gauche », le chef de l’Etat se livrait à « un véritable déni de démocratie ». A Marseille, M. Martinez avait mis le signe égal entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, laissant entendre que la politique du second était pire : « Le gouvernement actuel, avait-il lancé, prolonge et amplifie ce que faisait celui de Nicolas Sarkozy. » Il avait même accusé M. Hollande de se comporter « en chef de guerre, en espérant ainsi redorer son blason sur le plan national, en reprenant le flambeau de Bush père et fils, de Poutine et de Nétanyahou ».

S’il a été (bien) réélu à Marseille sur une ligne radicale, M. Martinez a obtenu sur l’orientation pour les trois années à venir les plus mauvais scores à un congrès depuis la Libération. Avec ce conflit, il se relégitime et ressoude la CGT, dont les fédérations avaient de plus en plus tendance à s’autonomiser par rapport à la centrale.

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