Nous continuons à publier des interview des acteurs de l’Espace commun « Nos droits contre leurs privilèges« , qui organise dimanche 26 février à 15h, place de la République à Paris, une conférence de presse en plein air. Ci-dessous la réponse d’Annick Coupé pour Attac.
Rappel des questions posées:
1- L’espace commun a été fondé sur la base d’une « réflexion sur la période électorale » rendant parfois peu « visibles » les mouvements sociaux, avec « une difficulté à se faire entendre » dans ce contexte (extraits du compte rendu de la première réunion). Etait ajoutée l’idée que « l’interpellation des candidatures » ou des politiques en général « n’est plus à l’ordre du jour ». Pour quelle raison ne serait-ce plus à l’ordre du jour ? Bien sûr, certaines façons de procéder dans le passé peuvent apparaitre peu efficaces, peu visibles, répétitives, peu originales, formelles, etc. Mais sur le fond, le mouvement social n’est-il pas porteur d’exigences et réflexions « politiques » au sens fort du terme, face auxquelles celles et ceux qui prétendent gouverner le pays devraient se positionner pour éclairer le débat public ? N’est-ce pas une exigence normale de la démocratie ? Est-ce que les réponses à ces problèmes doivent rester l’apanage des « politiques », avec d’un côté ceux qui revendiquent, et qui agissent par la lutte (les mouvements sociaux), et de l’autre ceux qui proposent des solutions générales (les forces politiques) ?
2- Est-ce que l’Appel ne doit pas être adressé à tous les syndicats au plan national comme à leurs structures professionnelles ?
Réponses d’ATTAC
1 – En octobre dernier, ATTAC a engagé une réflexion sur son apparition et sa visibilité durant la période des élections présidentielle et législative 2017, notamment à partir du constat fait lors des séquences électorales passées et la difficulté de se faire entendre pour les mouvements sociaux comme ATTAC. Il s’agissait aussi d’imaginer autre chose que la démarche d’interpellation classique des candidats qui a montré ses limites…
La réflexion d’ATTAC portait aussi sur le contenu de cette campagne, sur les risques que les questions identitaires se substituent aux questions sociales ou aux enjeux écologiques, même si les questions sociales sont revenues dans cette campagne ces dernières semaines.
Notre idée était aussi de préparer la nécessaire convergence des mouvements sociaux dans la durée, notamment après les élections…
ATTAC a invité divers mouvements sociaux pour partager ces réflexions. Cette démarche a confirmé que les préoccupations portées par ATTAC étaient largement partagée.
La démarche d’interpellation a souvent été expérimentée par ces divers mouvements sociaux, comme par ATTAC, dans les séquences électorales passée avec un bilan plus que mitigé. Cela apparaît comme un exercice convenu, que les candidats peuvent instrumentaliser au gré de leurs intérêts et du déroulement de leur campagne…. Au-delà de cet aspect formel, chacun.e a en tête le bilan de ce quinquennat en regard des quelques promesses qui avaient été faites, notamment lors du fameux discours du Bourget sur la finance en février 2012.
Notre idée est donc plutôt de porter nos idées dans le débat citoyen et de ne pas laisser étouffer nos voix , celles de mouvements sociaux, des mobilisations et des résistances, dans une période où la personnalisation et les petites phrases de la campagne l’emportent trop souvent sur les enjeux de fond.
Il ne s’agit pas pour nous de « déserter » l’espace politique, mais au contraire de considérer que la politique est l’affaire de tous/toutes les cityonen.nes et notamment ceux et celles engagées dans les mobilisations sociales, environnementales, et pour l’égalité des droits… C’est une période où nous voulons porter nos réponses alternatives et partager nos expertises militantes, non pas dans un rapport « subordonné » aux candidat.es et à leurs partis, mais dans un rapport citoyen. Les candidats savent parfaitement comment faire s’ils veulent être réellement à l’écoute et avoir un vrai dialogue avec les mouvements et leurs propositions.
2 – ATTAC s’est adressée largement à tous les mouvements sociaux , associations et syndicats avec qui ATTAC travaille ou a eu l’occasion de travailler dans le passé. Côté syndical, bien évidemment la FSU et Solidaires qui sont membres fondateurs d’ATTAC se sont impliqués d’emblée dans cette démarche, la Confédération CGT a été informée et des structures nationales de la CGT ont participé à nos réunions et en discutent : nous souhaitons, bien entendu que le maximum rejoignent notre espace commun qui est un processus ouvert. Les autres syndicats, CFDT et FO, n’ont pas pour habitude de travailler dans ce type de démarche. Au-delà des syndicats, notre volonté est de rassembler le maximum de mouvements sociaux qui se reconnaissent dans notre appel « Nos droits contre leurs privilèges », que cette dynamique grandisse dans les semaines qui viennent. Nous sommes persuadés que quel que soient les résultats de cette séquence électorale, nous aurons besoin de convergences encore plus importantes dans l’avenir. Ce que nous faisons aujourd’hui peut nous y aider en créant un espace commun où chacun se respecte et travaille en confiance , tout en gardant ses spécificités.
Annick Coupé – membre du bureau d’ATTAC