Nos droits contre leurs prvilèges : première action-occupation le 26 février

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Dimanche 26 février, peu après 15h, des centaines de personnes de l’Espace commun Nos droits contre leurs privilèges (34 associations et syndicats) occupe un… « immense espace » (vide) pour obtenir des logements et pour créer un local d’expression collective non loin de la Place de la République à Paris. Reportage sur le vif et publication du communiqué.

Site Nos droits contre leurs privilèges : www.nosdroits.org

 

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Des centaines de personnes ont pris position un peu plus tard que 15h dans un immeuble au fronton duquel on lit : « Chambre de commerce », 11 rue Léon Jouhaux, tout près de la place de la République. Se sont engouffrées les premières plus d’une centaine de personnes issues de 30 familles immigrées sans logements, avec poussettes et enfants. L’autocollant Droit au logement (DAL) est souvent fièrement arboré aux boutonnières des vêtements, et les drapeaux avec.

C’est donc la première action du réseau ou Espace commun Nos droits contre leurs privilèges, constitué à la suite de plusieurs réunions préparatoires, sur une proposition d’ATTAC d’occuper le débat public pendant la campagne de l’élection présidentielle. Des organisations syndicales (FSU, Union syndicale Solidaires, SUD PTT, SUD Santé-Sociaux, Confédération paysanne, Syndicat de la magistrature) sont partie prenante, aux côtés d’un grand nombre de mouvements et associations de lutte : AC !, APEIS, DAL, MNCP, MRAP, Nuit Debout, Sortir du colonialisme, en tout 37 organisations.

C’est avec la fanfare Les invisibles (« invisibles » car ils n’ont pas d’association déclarée, explique une musicienne), que débute dans la gaieté et les chants de lutte cette action. Après les cris « On est chez nous ! », suivent une série de prises de parole explicatives :

  • Annick Coupé, pour Attac : « Nous sommes là, et nous sommes chez nous dans cet Espace commun pour faire entendre la voix des mouvements sociaux, car on n’en parle pas pendant la période électorale. Pourquoi ce lieu ? C’est un ancien local de la mairie de Paris depuis 100 ans, mais que la Chambre de commerce a racheté à la mairie pour 5 millions d’euros. Or cette même Mairie de Paris vient d’acheter le vaste bâtiment historique appelé Bourse du commerce, à côté du célèbre centre commercial des Halles, pour 86 millions d’euros. Pour en faire quoi ? Des logements sociaux ? Non. Des crèches ? Non. Un hôpital ? Non. En réalité pour rétrocéder ce bâtiment au financier Bernard Pinault. Et celui-ci veut en faire un musée, des boutiques et des restaurants de luxe. Pour un bail de 60 000 euros par an !

Nous sommes donc ici pour lancer notre mouvement Nos droits contre leurs privilèges, qui s’organisera pendant la campagne électorale avec 4 grands thèmes :

  • « rendez-nous l’argent » : nous ferons des démonstrations que l’argent existe pour agir.
  • Nos droits fondamentaux : ici c’est le logement avec DAL, mais aussi avec les organisations de chômeurs.
  • Contre les discriminations, contre le racisme, contre les violences policières avec les familles des victimes, notamment lors de la journée de manifestation du 19 mars.
  • Contre l’état d’urgence, pour les libertés et les droits, avec le soutien du Syndicat de la magistrature.

Ici des familles à reloger vont s’installer. Mais en même temps, nous ferons de ce lieu le quartier général de notre Espace commun. Nous avons besoin de nous organiser, quel que soit le résultat des élections ».

  • Dominique Plihon, Attac : « Dans cette période, on nous dit qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’Etat. C’est faux. En vérité, l’argent est confisqué par les transnationales :

– l’évaporation fiscale par les multinationales est estimée à 80 milliards d’euros;

– les niches fiscales votées par le Parlement correspondent à un cadeau fiscal évalué à 90 milliards, dont le CICE qui totalise 40 milliards partis en fumée chaque année;

– le crédit impôt-recherche est quant à lui de 5 à 6 milliards par an;

– Avec la taxation des transactions financières, nous pourrions récupérer 30 à 40 milliards en France.

Si on fait le total de ces pertes et de ces gains possibles, on aboutit à  200 milliards chaque année, au minimum. Attac va sortir un rapport sur ces chiffres.

Avec ces moyens, nous pourrions nous doter d’un programme ambitieux, par exemple pour la transition écologique : avec 100 milliards d’euros, 1 million d’emplois sont possibles, comme l’explique la campagne « Un million d’emplois pour le climat ». Or seuls quelques candidats en parlent ! La priorité est donc la répartition des richesses ».

  • Emre Ongun  s’exprime au nom du « collectif préparatoire à la manifestation du 19 mars prochain » : « La Marche pour la justice et la dignité, contre la racisme, est issue d’une initiative des familles des victimes d’agressions policières, comme récemment avec le jeune Théo. Cette marche rassemble un très large périmètre d’organisations. Il faut en faire un succès. Nous vivons un moment de reculs démocratiques, avec des mesures liberticides. Il nous faut construire une digue contre le racisme. Or à l’automne dernier, le gouvernement a écouté les manifestations policières qui réclamaient plus de moyens de répression. Les policiers ont eu gain de cause sur l’extension du droit de tirer en « légitime défense », qui s’apparente à un droit de tuer ».
  • Malika Zédiri, pour l’Association pour emploi, l’information et la solidarité des chômeurs (APEIS) : « Je veux vous parler d’austérité, avec des allocations, le RSA, l’ASF, l’APL, qui n’augmentent pas. Mais l’austérité se voit aussi dans les services publics. Je veux donc faire appel aux syndicalistes et aux agents des services publics. Ils subissent aussi cette austérité et n’ont pas les moyens de faire face. Pour les usagers, les chômeurs, un papier égaré, c’est une aide qui est supprimée. Les agents de Pôle emploi seront en grève le 6 mars prochain. Bientôt les négociations sur l’assurance-chômage vont reprendre avec l’envie très claire du patronat de diminuer les droits ». Et dans la région Les Hauts de France, on oblige les bénéficiaires du RSA à s’inscrire à Pôle emploi, avec des menaces de sanctions. Le candidat Macron veut aussi sanctionner les chômeurs immédiatement s’ils ne répondent pas à une offre.
  • Jean-Baptiste Eyraud (DAL) : « Ici ce sont nos locaux pour nos droits contre leurs privilèges. Le mouvement social doit s’exprimer dans cette campagne électorale. Nous devons élever la voix sur la dénonciation des inégalités, le droit au logement, le droit à un revenu décent, les services publics. Nous allons occuper une partie de ce bâtiment, avec des familles de sans logis. Restons groupés ! »
  • Patrick Farbiaz, pour l’association Sortir du colonialisme, rappelle la semaine d’action traditionnelle en mars, avec un grand programme de rendez-vous, dont la manifestation du 19 mars. « Les luttes pour les droits de immigrés sont souvent liées à celles pour le logement. Pendant les années 1950, on parquait les immigrés dans les foyers SONACOTRA pendant la guerre d’Algérie ».
  • Gus Massiah, militant altermondialiste : « Il est important que les mouvements sociaux inaugurent la campagne électorale. Nous refusons qu’on nous raconte des mensonges. Les inégalités atteignent des niveaux très importants dans le monde. Or le monde est plus riche, la France est deux fois plus riche qu’en 1980. Mais il y a de plus en plus de pauvreté, car les riches sont de plus en plus riches. 8 hommes et 9 femmes possèdent autant dans le monde que les 50 % les plus pauvres. Et les pays riches refusent l’accueil des plus pauvres. Mais 160 000 personnes ont manifesté à Barcelone pour l’accueil des réfugiés, c’est un exemple pour la France. »

Dans la soirée du dimanche 26 février, les centaines de personnes rassemblées à cette « chambre du commerce »  étaient menacées d’expulsions.

Jean-Claude Mamet (www.syndicollectif.fr)

 

Ce dimanche 26 février, plusieurs centaines de personnes ont rendu publique l’occupation du 11 rue Léon Jouhaux (Paris 10e), un bâtiment  vide de 10 000  mètres carrés, occupé discrètement depuis le vendredi 24 février.

Cette occupation spectaculaire et massive avait deux objectifs : installer un QG des mouvements sociaux pour faire entendre leurs voix dans la période électorale et mettre à l’abri une trentaine de familles et célibataires du DAL, sans abri ou hébergées de manière très précaire (foyers, hôtels, hébergement chez des tiers…) pouvant être mises à la rue à tout moment.

Ce lieu n’avait pas été choisi au hasard : appartenant à la ville de Paris, il est en cours de vente à la Chambre de commerce. En contrepartie, celle-ci cède la « Bourse du commerce » (située près du Forum des halles, 2 rue de Viarmes – 75002 ) à la ville de Paris qui la loue à la Société Collection Pinault pour en faire un musée d’art contemporain et des commerces de luxe. Ces transactions coutent plusieurs dizaines de millions à la ville de Paris pour les seuls intérêts privés de Pinault qui louera cet espace pour 60 000 euros par an ! (cf : le délibéré de la ville de Paris du 11 juillet 2016). C’est une opération de privatisation de bâtiments publics !

 

Cette inauguration, organisée par 37 mouvements sociaux, associatifs et syndicaux très divers, se passait de façon responsable et chaleureuse (en musique : merci à la Fanfare invisible), avec les familles et les enfants qui commençaient à s’installer dans cet espace vide depuis des mois, tandis que les représentant.es des divers mouvements prenaient la parole et que des militant.es s’installaient sur les toits…

La Mairie de Paris a été contactée pour demander que des négociations s’ouvrent sur les deux objectifs. La réponse a été l’envoi des CRS et l’évacuation sans ménagement en fin de journée de cette immeuble qui va rester vide encore de longs mois, alors que le nombre de sans logis ne cesse d’augmenter…

 

Nous n’en resterons pas là et nous exigeons d’être reçus par la Mairie de Paris pour des réponses concrètes sur le relogement de ces familles et sur un espace pour les mouvements sociaux. Nous demandons également la restitution du matériel confisqué par la police, et qu’aucune poursuite ne soit engagée contre les militants.es impliqués dans cette action.

Au-delà, les diverses organisations partie prenante de l’appel « Nos droits contre leurs privilèges » sont déterminées à se faire entendre pour que les préoccupations de la majorité supplantent les intérêts de quelques-uns.

 

Nous appelons à nous mobiliser ensemble dans les semaines qui viennent à Paris comme dans tout le pays pour faire entendre nos exigences, et notre expertise citoyenne :

–       contre les inégalités sociales, les paradis fiscaux, la spéculation financière, l’enrichissement d’une poignée, la corruption …

–       pour le respect  des droits sociaux, tels que la protection sociale,  l’éducation, le logement, la santé, un revenu décent et imposer la défense et l’amélioration des services publics,

–       contre les discriminations qui se développent notamment contre les migrants, les femmes, les pauvres, les musulman.es ou supposés l’être, les personnes noir.es, et contre les violences et l’impunité policière

–        pour nos libertés, contre l’état d’urgence et les lois d’exception, la répression des mouvements sociaux et des militant.es.

Paris le 27 février 2017

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