L’émission Les pieds sur terre de France Culture a fait parler des travailleurs en lien avec la crise du COVID et de la précarité (Pôle emploi), mais aussi Anthony Smith, syndicaliste sanctionné pour avoir demandé à un patron des masques réclamés par les salarié-es. Ci-dessous le lien vers l’émission et un verbatim des témoignages.
- Ecouter l’émission : https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/les-dangers-du-zele-au-travail
- Anthony Smith : « Je suis suspendu de mes fonctions par SMS, débranché, par le ministère du travail pour avoir réalisé ce qui est le cœur de mon métier. «
- Verbatim : Yann et Anthony ont été sanctionnés. Mis à pied, mutés contre leur gré ou même licenciés. Pourtant ils n’ont pas fait de faute, ou alors ils ne savent pas laquelle. Ils ont même au contraire parfaitement fait leur travail et se sont appliqués à exercer dans la plus grande rigueur.
Antoine a créé sa propre entreprise, en parallèle, il a dû s’inscrire à Pôle Emploi pour subvenir à ses besoins. Aidé et soutenu par son conseiller, il a bénéficié d’aides dont il n’aurait jamais connu l’existence tout seul, jusqu’à ce qu’il n’ai plus de nouvelles de son conseiller.
On m’a souvent dit que si je passais par Pôle emploi, le moindre papier prendrait un mois d’attente. En arrivant, j’ai été bien accueilli, mon conseillé a sauvé mon entreprise.
Un jour il n’arrive plus à joindre son conseiller.
Aujourd’hui, le seul contact que j’ai avec Pôle Emploi, c’est le 3949, mais à chaque fois il y a trop de monde qui appelle, je dois laisser un message. On me rappelle pour me dire qu’on ne peut pas m’aider, qu’il y a d’autres dossiers en priorité.
Conseiller Pôle emploi depuis 2006, Yann Gaudin a toujours tenu à aider le plus possible les demandeurs d’emploi. En leur proposant les meilleures formations possibles en fonction de leurs situations certes, mais aussi en les aidant à bénéficier de tout le soutien financier auquel il avaient droit, malgré les différents et nombreux dossiers à remplir.
J’étais très heureux de rentrer à l’ANPE et de travailler uniquement au service du public.
Je me suis dit que j’allais apporter le service que j’aurais aimé qu’on m’apporte en tant que demandeur d’emploi. Je me suis beaucoup investi dès le départ, mais on m’a rapidement reproché d’en faire trop.
Jusqu’au jour où il découvre des anomalies qui amputent des milliers de bénéficiaires de leurs droits.
Quand j’ai compris que ma hiérarchie ne ferait rien pour les usagers, j’ai décidé de les prévenir de leurs droits.
Yann devient alors très gênant pour ses collègues et sa hiérarchie. Quoi qu’il en soit, il continue d’aider les demandeurs d’emploi et les personnes en situation de précarité. En juin 2020, l’Observatoire national du suicide publie un nouveau rapport qui présente un sondage inquiétant : 30 % des demandeurs d’emploi songent sérieusement à mettre fin à leurs jours, contre 19 % des actifs en poste. (Source : Le Monde)
Anthony a le droit du travail chevillé au corps. Responsable syndical au ministère du travail, il a également été inspecteur du travail, pour défendre les employés et leur assurer d’exercer en sécurité et dans la dignité.
Lorsque le premier ministre annonce la fermeture des bars, c’est surréaliste. On reçoit des milliers d’appels de salariés paniqués, qui n’ont pas de masques, pas de gel et leur employeur refuse leur droit de retrait. Et là, on se rend compte que le ministère du travail ne dit rien.
Saisi au début du confinement par des aides à domiciles forcés de travailler sans protection, il a engagé, comme d’habitude une bataille avec l’employeur. Sans imaginer où ça le mènerait.
Je suis suspendu de mes fonctions par SMS, débranché, par le ministère du travail pour avoir réalisé ce qui est le cœur de mon métier.
- Reportage : Clawdia Prolongeau
- Réalisation : Clémence Gross
Merci à Antoine Marquet, Yann Gaudin, Anthony Smith, Valérie Labatut et Clément Conte.
Chanson de fin : « Gutama » de El Maout.