Suite au 1er Mai que la CFDT juge « historique« , l’Hebdo de la CFDT publie un article sur les suites de la mobilisation.
Un 1er-Mai historique
Extrait de l’hebdo n°3872
Rarement journée internationale des travailleurs aura été l’occasion d’une telle photo de famille. Traditionnellement célébrée dans la plupart des pays du monde, le 1er-Mai a toujours été l’occasion d’importantes manifestations du monde du travail pour les droits des travailleurs. Alors qu’en Europe cette édition 2023 s’inscrivait sous le signe de la colère sociale (en Angleterre, mais aussi en Allemagne, où d’importants mouvements de grève ont lieu depuis l’automne contre l’inflation), en France, les syndicats avaient choisi de faire de cette date symbolique leur treizième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Près de 300 cortèges prévus partout en France ont rassemblé 1 467 000 personnes (chiffres CFDT), bien au-delà des attentes.
« On a un 1er-Mai historique, je peux le dire », lançait d’ailleurs Laurent Berger avant même le départ du cortège parisien. Lui qui appelait il y a quelques jours encore à « casser la baraque » voit dans « ce gros succès de la mobilisation le rejet de la réforme et l’aspiration des travailleurs à être considérés autrement par le gouvernement ».
Solidarité syndicale internationale
Oui, ce 1er-Mai unitaire et intersyndical (pour la première fois depuis 2009) est, de fait, historique. Et à plus d’un titre. À Paris, une cinquantaine de représentants syndicaux (dont la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats [CES], Esther Lynch, et le secrétaire général par intérim de la Confédération syndicale internationale [CSI], Luc Triangle) se tiennent aux côtés des organisations syndicales françaises pour dire leur solidarité avec le mouvement social contre la réforme des retraites. « Je suis là pour apporter la solidarité des 50 millions de travailleurs de toute l’Europe, affirme Esther Lynch, aux côtés de Laurent Berger dans le carré de tête parisien. Les travailleurs ne doivent pas payer le prix de la crise. Nous appelons à un dialogue social très fort avec une solidarité avec les syndicats français. »
À quelques mètres de là, la Fédération italienne des ouvriers métallurgistes (FIOM-CGIL) s’émeut du mouvement social français. « Cette capacité de mobilisation dans la durée et l’unité, c’est un cadeau énorme que les syndicats français ont fait aux travailleurs de l’Europe entière, et une grande leçon de combativité », affirme leur représentante Valentina Orazzini.
Quelles suites pour l’intersyndicale ?
Historique, ce 1er-Mai l’est aussi tant il aura déjoué tous les pronostics de longévité de l’intersyndicale, que d’aucuns auraient aimé voir se fissurer dès les premiers jours de la mobilisaton. « Il y a une volonté de maintenir l’intersyndicale, notamment sur des revendications communes, réaffirme Laurent Berger, au même titre que ses homologues syndicaux. On a fait la preuve de notre maturité et de notre capacité à travailler ensemble pour élaborer un rapport de force. On mène l’intersyndicale depuis le début sur deux éléments : un mot d’ordre commun “Non aux 64 ans” et sur le fait d’annoncer ensemble ce qu’on allait faire ensuite. On décidera donc ensemble demain des suites », explique le leader CFDT.
L’intersyndicale, réunie ce 2 mai au matin, doit notamment discuter des suites de la mobilisation dans la perspective de la décision du Conseil constitutionnel autour du RIP (référendum d’initiative partagée) attendue le 3 mai et de la proposition de loi du groupe Liot, début juin, qui pourrait permettre d’avoir un premier vote à l’Assemblée nationale sur le texte. « Nous appelons unitairement nos organisations à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi. Dans ce cadre, l’intersyndicale appelle à multiplier les initiatives avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestions le 6 juin prochain permettant à l’ensemble des salariés de se faire entendre des parlementaires », explique l’intersyndicale dans un communiqué commun daté du 2 mai.
Quant à la proposition d’Élisabeth Borne de discuter en bilatérales avec les partenaires sociaux (invitation encore non formalisée par la Première ministre pour l’heure), la CFDT a indiqué qu’elle irait, conditionnant la reprise du dialogue à certaines conditions. Avant de s’adresser à l’exécutif : « Si vous voulez qu’on discute, il va falloir que vous soyez à la hauteur sur la méthode et que vous mettiez sur la table plusieurs points sur l’organisation du travail. Sinon, ce sera sans nous. »