Le congrès de la FSU s’est achevé le vendredi 7 février 2025 à Rennes. Nous y reviendrons. Son écho portera loin dans le mouvement syndical, notamment par l’approbation par une très large majorité (96, 48 %) du processus de « maison commune » du syndicalisme, rapprochement entre la FSU et la CGT. Pour la FSU, ce processus est ouvert à Solidaires et sans exclusive. La FSU réaffirme également sa place dans l’Intersyndicale nationale, laquelle est maintenant animée par une majorité de femmes avec la nouvelle secrétaire générale de la FSU Caroline Chevé.
Nous publions ci-dessous :
- Télécharger le discours d’ouverture de Benoit Teste, secrétaire général sortant : Discours de Benoît Teste au congrès de Rennes;
- intervention de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT : Sophie Binet-2025_02_06_intervention_sophie_binet_congres_fsu
- le discours de clôture du congrès par la nouvelle secrétaire générale Caroline Chevé : Caroline Chevé-Discours de clôture du congrès de Rennes .
Discours de Benoît Teste au congrès de Rennes (2025):
4 février 2025
Quel plaisir d’ouvrir un congrès de la fsu, surtout avec ce superbe accueil de la part de la section départementale du 35, quelle émotion aussi car ce sera pour moi la dernière fois en tant que secrétaire général et je veux d’emblée vous remercier pour la confiance que vous m’avez accordée, et puisqu’un congrès est un temps fort militant d’une organisation, je veux absolument vous dire que je suis très fier d’avoir porté et de porter ce drapeau-là, parce que la FSU est cette belle organisation, dont nous devons prendre soin, elle nous permet de nous battre ensemble et œuvrer à des jours meilleurs.
Je voudrais, avant de commencer le complément au rapport d’activité, évoquer la mémoire de ceux qui nous ont quittés pendant la mandature, dans un ordre aléatoire je voudrais rendre hommage ici à Olivier Lelarge décédé l’été qui a suivi le congrès de Metz et à qui nous devons beaucoup notamment pour la vigueur de nos luttes syndicales pour l’égalité des droits et contre les LGBTIphobies, Nicole Geneix, figure historique de notre syndicalisme, femme déterminée, secrétaire générale du SNUIPP et donc aussi personnalité majeure de la FSU à sa fondation puisqu’elle a contribué à faire que le SNUIPP devienne très rapidement la première force dans le 1° degré, Frédérique Lalys, militante active du SNES et de la FSU ici même à Rennes, active c’est peu de le dire que ce soit sur la défense des personnels notamment sur la formation, sur l’égalité femmes-hommes, sur tous les combats féministes, ou encore les combats pour la paix dont elle était une militante déterminée ; nous avons perdu également Marcel BERGE, ancien secrétaire général du SNEP et Pierrot Delacroix, secrétaire national secteur Sport et Corpo, Jean-philippe Legois, SNASUB, Roland Michel animateur de la tendance Front Unique, Alfred Sorel animateur de la tendance Unité et Action, Marie-France Le Marec, militante du SNESUP, investie dans la SD 44 puis à la SFRN au titre de l’Ecole Emancipée, Yannick Ledu, secrétaire départemental SNUIPP et FSU du Rhône, Marc Le Disert militant du SNUIPP et qui avait en particulier accepté la responsabilité du secrétariat général de la FGR, Raph Szajnfeld, un des fondateurs de la FSU et à qui l’institut rendra un hommage complet à la hauteur de ce que lui doit la FSU, Michel Gonnet ancien SG du SNPI devenu SUI, et enfin deux militants très récemment décédés, Olivier Buffard, militant du SNUTER et qui venait d’arriver au siège de la FSU pour y assurer des tâches d’orga, sa discrétion sa gentillesse nous ont marqué et sa disparition nous a bouleversé, et enfin la figure si singulière de Guy Tresallet lui aussi sa disparition nous a bouleversé, il a en particulier œuvré à la création du SNUEP, puis a été secrétaire départemental de la FSU 93 puis de la FSU Ile de France, en particulier à l’orga des manifs à Paris, militant également de la cause palestinienne et sur tant d’autres sujets, il va beaucoup nous manquer.
Je commencerai évidemment ce complément au rapport d’activité, qui est aussi l’occasion de donner quelques grands enjeux du congrès, par une note de gravité, ce n’est pas de la fausse solennité ou de la grandiloquence à peu de frais que de dire que l’heure est grave, dans une situation où la fuite en avant libérale et la régression fasciste s’alimentent l’une l’autre, gravité devant la mise en place d’une internationale réactionnaire Trump, Milei, Méloni, Orban, une oligarchie qui non seulement étend son emprise mais qui en plus veut que cela se sache, tient à ce que l’on voit qu’elle ne respectera rien ni personne, du salut fasciste du milliardaire Elon Musk au chantage à la délocalisation du milliardaire Bernard Arnaud, c’est un très mauvais scénario qui se met en place.
Dans ce contexte, je veux d’emblée pointer qu’il est frappant de voir à quel point une des formes de la régression fasciste dans le monde est aujourd’hui aussi la haine des fonctionnaires, la haine des Services publics en tant que dépense publique, ce qui d’ailleurs permet les ponts avec les libéraux, mais aussi la haine de ce que les fonctionnaires incarnent fondamentalement, cette attention à l’autre, ce souci de faire société, cette indépendance, on pense à la tronçonneuse de Milei mais il y a beaucoup d’autres exemples, il y a derrière tout cela la haine de ce qui fait du commun, au profit non plus seulement de l’individualisme mais aussi au profit de la loi du plus fort, de la dureté de la société. Et c’est pour ça que nos combats prennent un relief tout particulier, c’est pour ça par exemple qu’une goutte d’eau comme le fait de faire plier le gouvernement sur les 3 jours de carence, sur les postes, sur un certain nombre de dispositions du choc des savoir est particulièrement important. Oui, quand on met en mouvement les agents publics, quand on leur donne un cadre de mobilisation comme nous l’avons fait le 5 décembre dernier pour contrer les mensonges, la démagogie anti fonctionnaires et la brutalité d’un Kasbarian qui s’était allié pour l’occasion avec l’extrême droite, on lutte aussi, à notre manière, contre la régression fasciste. Tout comme quand on lutte contre le choc des savoirs dans l’éducation, et la période récente a vu un énième renoncement à ce dispositif à travers l’abandon du DNB (diplôme national du brevet) barrage à l’entrée au lycée, là aussi ce type de victoire faire du bien et doit nous confirmer dans l’idée que c’est l’ensemble du choc des savoirs qui doit être désormais abandonné, de même qu’il faut revenir sur les réformes récentes en particulier la réforme du lycée professionnel. Nous devons également continuer à nous battre pour que le SNU (service national universel) soit définitivement abandonné, là aussi nos mobilisations ont largement pesé pour que ce dispositif coûteux, inutile et dangereux pour notre jeunesse soit pour le moment en sursis, et souhaitons-le abandonné complètement.
Dans la dernière période, la FSU a également été un moteur pour relancer un cadre de mobilisation pour que la remise à plat d’un système où l’Etat et la puissance publique finance sa propre concurrence avec l’école privée, qui sert bien souvent à maintenir un entre soi social : cette plateforme qui rassemble le camp laïque très largement est aussi un motif de fierté de cette période, car il faut que cette question s’impose dans le débat public : non au financement public de l’école privée, et je sais que je le dis ici en Bretagne où ce combat constitue quasiment une identité de la FSU, une FSU Bretagne fer de lance de la défense de l’école publique, seule école de la République, c’est un enjeu de société majeur si là aussi on croit dans la vertu émancipatrice, libératrice de l’école et dans sa capacité à construire du commun.
Et bien sûr, dans ce contexte délétère, un autre élément majeur de notre responsabilité est de ne pas laisser se développer les discours de haine et de division. Quelle indignité de décrire la réalité actuelle, comme l’a fait le Premier ministre, comme une submersion, de laisser entendre qu’il y aurait dans notre pays des envahisseurs, dans notre société des ennemis de l’intérieur, on sait trop ce que ces discours produisent de renforcement du racisme et de la discrimination. Nous voyons en France se déployer un discours et une politique anti immigrés, nous voyons reprendre la chasse aux sans-papiers et à leurs enfants, jusque dans un collège à Metz, situation que nous avons bien entendu dénoncé. Les migrants, qui ont quitté leur pays et risqué leur vie, condamnés bien souvent ici à l’invisibilité et à l’exploitation, seraient les responsables des maux de notre société ? La FSU s’honore à l’inverse, de participer à tous les cadres collectifs qui se battent pour les droits de tous les travailleurs, elle était encore présente à la manifestation du 18 décembre dernier et continue notamment à s’investir dans le collectif qui s’est monté contre la loi Darmanin il y a un an.
Nous avons aussi contribué à construire un cadre intersyndical à huit contre les discriminations qui devrait aboutir tout prochainement à des actions, avec une conférence de presse de lancement le 21 mars.
Il y a beaucoup de cadres collectifs et d’actions qui se mènent et dans lesquelles la FSU est impliquée, ce n’est définitivement pas possible de laisser prospérer les idées de haine et de division du corps social. Et ce n’est définitivement pas possible de donner des brevets de respectabilité à une extrême droite qui n’a changé que dans quelques formes, mais pas sur l’essentiel, elle se fait aujourd’hui comme elle se faisait hier, le réceptacle et l’amplificateur des haines racistes.
De même nous avons continué et devons continuer à le faire, à construire tous les cadres de lutte contre l’extrême droite, notamment VISA (vigilance et initiatives syndicales antifascistes), un cadre collectif, et 1001 territoires contre l’extrême droite qui a l’avantage de mettre en mouvement le monde de l’éducation avec par exemple la ligue de l’enseignement,
Et puis grâce à nos syndicats, en particulier du ministère de la justice, nous menons aussi la bagarre pour que l’éducatif prime sur le répressif, c’est un combat de longue haleine qui là aussi dessine un tout autre projet de société que celle ultra sécuritaire qui ne faire que nous enfermer dans une spirale de violence et de malheurs sociaux. Les ministères de Darmanin à la justice et Retailleau à l’intérieur nous font craindre le pire sur une surenchère sécuritaire qui n’aurait plus de limite, nous avons été de tous les combats pour défendre nos droits et nos libertés.
Je voudrais dire aussi la centralité de l’engagement féministe dans une telle période, cet engagement féministe a irrigué et doit continuer à le faire l’ensemble des actions de la FSU, l’ensemble de nos positionnements et actions. Il reste beaucoup à faire pour que la FSU, le mouvement syndical, les organisations en général soient pleinement et entièrement féministes, et on doit les avancées dans ce domaine aux camarades féministes qui se sont battues inlassablement pour cela et qui ont bien fait de le faire car c’est une question pleinement syndicale, pleinement sociale car pour changer la société, changer les rapports de domination, il faut aussi lutter contre le patriarcat et son monde, le secteur droit des femmes fera une intervention à cette tribune pour ouvrir le congrès, donc pour le dire rapidement, bien entendu nous avons continué toutes nos interventions pour l’égalité professionnelle à tous niveaux, contre les VSS, le procès de Mazan a été un moment fort de prise de conscience qui ne doit pas retomber et qui doit nous permettre d’en finir avec la culture du viol, nous avons bien sûr été de toutes les actions à l’occasion du 25 novembre, par ailleurs nous nous attelons à préparer un 8 mars fort cette année encore. Et sur cette question de l’égalité, nous devons être encore plus forts sur la dénonciation de la ségrégation professionnelle, je voudrais donc juste mettre un focus en deux mots sur la nécessaire défense, par les syndicats de la FSU, des AESH, une profession que nous devons vraiment continuer de porter vers le statut dans un premier temps et vers la reconnaissance en général, tant cette profession est emblématique du mépris de notre société pour les métiers les plus féminisés, celles qui s’occupent de ce lien social pourtant essentiel, et emblématique aussi de la relégation dans lequel notre société continue de cantonner les plus fragiles, ici les élèves en situation de handicap.
Je voudrais dire aussi à quel point nous sommes fières et fiers de porter les combats contre les LGBTIphobies, là aussi c’est une activité qui concerne directement un syndicat de transformation sociale, contre les discriminations au travail, dans la société, pour agir sur les représentations et en particulier à l’école, là aussi notre implication dans le collectif éducation contre l’homophobie a été suivie. Et on peut voir aussi ce que font les réactionnaires contre les personnes LGBT, on pense là encore aux discours et à la politique de Trump.
Sur tous ces sujets, je voudrais aussi mettre en relief une action toute particulière qui a été menée pour les programmes de l’EVARS qui, là aussi, a vu le jour grâce à notre opiniâtreté, notamment lors de la dernière séance du CSE où le travail fédéral a payé, 50 amendements ont été défendus pied à pied par les camarades de la fsu, 29 ont été retenus, ce qui a permis d’enrichir et d’améliorer un texte qui a pu être voté très largement. C’est cela aussi, faire reculer l’extrême droite, faire reculer les menées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite contre le programme EVARS.
Les enjeux écologiques sont majeurs, ils engagent rien de moins que l’avenir de l’humanité. Ils interrogent des aspects strictement syndicaux : comment on produit, dans quel but, avec quelles qualifications. Là aussi la FSU est au cœur de ces enjeux. Nous avons beaucoup travaillé avec la Confédération paysanne, grâce en particulier à nos syndicats implantés au ministère de l’agriculture, SNETAP et SNUITAM. C’est aussi le sens de notre investissement dans l’AES, alliance écologique et sociale, à qui nous pouvons dans ce congrès redonner une ambition forte de lier la question sociale et la question écologique, il y a urgence, nous l’avons fait en particulier sur la défense du frêt ferroviaire, qui est là une lutte qui a trouvé quelques aboutissements, très insuffisants eux aussi mais assez pour nous donner l’envie de continuer, et nous avons aussi suivi, grâce aux camardes des départements concernés, à savoir la Haute-Garonne et le Tarn, participé de la mobilisation contre l’A 69, enfin je citerai aussi la préparation d’actions pour exiger la rénovation des écoles, nous aurons l’occasion de revenir sur tous ces sujets mercredi avec l’expression à cette tribune de Jean-François Julliard, Julien Troccaz et Cécile Duflot. ET c’est évidemment aussi l’occasion de marquer le soutien plein et entier aux agents de l’OFB, en grève la semaine dernière et en lutte eux aussi pour défendre leurs métiers attaqués de manière démagogique et scandaleuse par le Premier Ministre qui se fait le relais du lobby agro industriel.
Un mot sur la situation internationale qui est également marquée par la guerre, la FSU a réaffirmé tous ses engagements internationalistes, du soutien aux populations face au régime obscurantiste en Iran à celui aux ukrainiens confrontés au despote Poutine. L’ engagement historique aux côtés du peuple palestinien s’est traduit par une participation au cadre du collectif pour une paix juste et durable, avec notamment plusieurs manifestations les samedis, ce soutien à la population de gaza en particulier mais aussi à la Cisjordanie, et on a vu aussi dans la période récente les implications que cela avait pour les libanais qui ont eux aussi subi la guerre, et pour l’ensemble des peuples de la région, notre soutien à la lutte des peuples pour leur émancipation est indéfectible, et pour en témoigner un camarade palestinien viendra s’exprimer à cette tribune, cet engagement nous l’avons toujours eu pour dénoncer une situation coloniale et dans le sens de la recherche d’une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens.
Dans la période, la FSU a poursuivi tous ses engagements internationaux, dont, pour les syndicats de la FSU, celui de l’internationale de l’éducation et sa déclinaison européenne, celui aussi de la coopération francophone dans le CSFEF, et celui qui est nouveau pour la fédération, dans la fédération syndicale européenne des services publics, EPSU en anglais, c’est un champ nouveau et utile de son activité syndicale, Françoise Geng sa présidente viendra ici dire un mot sur quelques enjeux de ce travail là.
Globalement, la période que nous venons de traverser a été une période où nous ne nous sommes départis d’aucune tâche, où nous n’avons jamais baissé les bras, et où notre action a eu des effets.
Et c’est donc aussi, en ce début de congrès, en plus de la gravité nécessaire, la note d’espoir : les syndicats sont un rempart, un contre pouvoir, les 6 derniers mois d’activité de la FSU se sont inscrits dans la continuité de cet attachement constant à favoriser l’unité syndicale et avec toutes les forces disponibles, associatives en particulier, politiques également, sans rien lâcher en termes d’ambition de nos revendications, sans rien s’interdire et notamment en participant au débat public, en continuant de soutenir un programme et une dynamique qui s’est incarnée dans le NFP, tout en conservant strictement notre indépendance. Un des enjeux de ce congrès est de creuser cette question du lien avec le politique, et surtout de ce qu’on entend par démocratie sociale, quel rôle de ce qu’on appelle plus largement la société civile, je suis convaincu que c’est une des clés dans la lutte contre l’extrême droite, il faut « refaire société » et redonner espoir, nous avons un rôle majeur à tenir.
Et bien sûr, nous avons continué dans la période précédente à porter une toute autre politique pour les services publics, en particulier sur la question des salaires, le combat du point d’indice doit continuer, nous avons dénoncé fermement la baisse du taux de remplacement de la rémunération à 90% en cas de congé maladie, sur celle des conditions de travail, des réformes, du niveau des pensions. Le fait d’avoir obtenu que 4000 postes ne soient pas supprimés à l’Educ et 500 à France Travail est là aussi à mettre à l’actif de nos luttes, et là encore nous ne nous en contenterons pas tant les besoins du service public sont immenses, mais c’est un point d’appui pour continuer nos combats. Et nous ne sommes pas d’accord avec l’argument de la nécessaire stabilité, qui n’est rien d’autre que la sempiternelle justification des mêmes politiques. Non il ne faut pas de stabilité dans les politiques régressives, notre pays peut et doit financer une toute autre politique.
Et puis il y a, dans le paysage, la question majeure des retraites qui a marqué la période récente, mais en fait tout le mandat depuis Metz et même avant. Cette question des retraites est sans doute l’illustration au moins d’une chose : le fait qu’on ne peut tout simplement pas dissoudre le peuple ! La Macronie aimerait bien, mais on ne peut pas faire fi d’un mouvement social puissant qui a exprimé des choses qui venaient des profondeurs du monde du travail, on peut pas « tourner la page » et nous raconter qu’il n’y a pas d’autre solution que le maintien voire l’aggravation de la réforme quand c’est une exigence de la population et que nous avons fait la démonstration que les alternatives existent. Nous avons dénoncé le fait que la FSU n’ait pas été invitée à la première réunion ayant rouvert la porte sur les retraites, non pas que nous faisions confiance a priori à ce cadre, comment faire confiance à un cadre baptisé « conclave », mais parce que cette porte entrebaillée doit être l’occasion pour toute l’intersyndicale de porter ses sujets, de continuer à intervenir pour obtenir l’abrogation de la réforme de 2023 et pour obtenir de meilleurs droits à retraite, nous nous sommes attelés en tous cas, dans toutes les interventions de la FSU, à faire en sorte que ce sujet reste un sujet majeur, et nous ne lâcherons pas là-dessus, il ne va de la vie de millions de travailleurs, le vol d’années de vie pourtant issues de droits acquis pendant sa vie au travail est insupportable, le monde du travail n’a pas dit son dernier mot sur cette question.
De la même manière, nous avons agi mais devons agir beaucoup plus dans le contexte de mise en place de la PSC dans la fonction publique pour mettre et remettre dans le débat public le 100 % sécurité sociale. Ce sera un des objets du débat de ce congrès que de voir comment nous analysons la situation actuelle et ce que nous en tirons comme conclusion en termes de stratégie syndicale, mais une chose est certaine : la situation actuelle est lourde de dangers, et nous l’avons analysée comme telle, avec la destruction bout à bout de la Sécu et la mise en marché d’une partie de plus en plus importante de la protection sociale des agents après avoir mis en marché celle des salariés du secteur privé avec l’ANI de 2013, cela menace directement les solidarités, il faut se mettre en ordre de marche pour contrer cette logique.
C’est l’ensemble de la politique menée par ce pouvoir que nous avons continué à dénoncer. Pendant 7 ans, ceux qui étaient déjà les plus riches se sont gavés, le bilan de ce qui a été appelé la politique de l’offre est terrifiant : une planète que nous continuons de saccager et de livrer aux appétits d’un capitalisme de plus en plus destructeur, des services publics exsangues, parfois au bord de l’effondrement, une dette et un déficit budgétaire colossaux car on s’est privé de recettes fiscales et de cotisations, la désespérance sociale qui résulte des politiques menées alimentant une extrême droite dont le discours est toujours plus pesant. Il faut d’urgence se redonner des marges de manœuvre, l’argent existe pour ré investir sur l’avenir, c’est un choix politique, cela a été l’objet des campagnes FSU que nous avons menées tout au long du débat budgétaire toujours en cours et notamment la campagne sur les recettes fiscales.
Toute cette situation appelle à travailler en intersyndicale ET à unir le syndicalisme de transformation sociale, deux tâches auxquelles nous nous sommes attelés de concert. La réflexion à mener pour créer un nouvel outil syndical a rencontré un écho auprès de la CGT qui, comme nous, veut trouver les voies d’une unité plus forte et dynamisante, c’est-à-dire que cela nous renforce les uns et les autres, nous avons en commun de vouloir cela, ce qui ne nous fait en rien abandonner la perspective de nous adresser à toutes les forces qui pourraient être intéressées, en particulier Solidaires. Là aussi, le congrès de la FSU doit réfléchir à la manière dont nous continuons dans cette dynamique, ce sera l’occasion de préciser un certain nombre d’éléments, les débats du thème 4 et les interventions de jeudi seront riches d’enseignement, ce sera un des enjeux majeurs de notre congrès.
Pour terminer, et la FSU dans tout ça ?
Bien sûr, elle n’est pas parfaite, loin de là, ses syndicats n’ont, comme tous les syndicats français, pas assez de syndiqués, il n’y a pas de sections FSU dans tous les lieux de travail où nous souhaiterions qu’il y en ait, elle n’est pas parfaite que ce soit dans son fonctionnement ou dans ses prises de position et nous sommes là pour en débattre. Mais ce que la FSU pose en termes de fabrication de synthèses pour entraîner l’adhésion de tous parce que le positionnement aura été discuté, partagé, donc ce qu’elle pose en termes de volonté de rassembler là où les divisions sont parfois la solution de facilité, ce qu’elle pose aussi en termes de pratiques syndicales qui consiste à ne jamais se départir d’aucune besogne syndicale, en étant au plus proche des préoccupations des collègues, attentive à construire avec elles et eux plutôt qu’à s’en tenir à un syndicalisme délégataire, attentive à toujours faire les liens avec l’intérêt général, attentive à lier revendications et propositions, pour tout cela la FSU est, je crois, reconnue . Et donc à la question comment va-t-elle en ouverture de son 11è congrès ? Elle est une fédération très identifiée dans l’éducation, hégémonique même dans certains de ses secteurs, et c’est une très bonne chose car elle a su maintenir cette position sans jamais en rabattre sur son caractère combattif et sans jamais non plus que cela nuise à son côté rassembleur, c’est plutôt l’éducation au sens large que la FSU incarne, c’est ce qui lui permet de porter haut toutes les valeurs du service public dont on voit bien aujourd’hui qu’elles peuvent avoir un effet entraînant : en plus du ministère de l’éducation nationale, la FSU est majoritaire à l’agriculture, aux affaires étrangères depuis les dernières élections professionnelles, première organisation des agents publics de France Travail, première dans la plupart des corps d’enseignement et de recherche du supérieur et forte aussi dans tout le ministère de l’Enseignement et de la Recherche, à la Culture, à la Transition Ecologique, au ministère du Travail, à Jeunesse et Sports, à la PJJ, dans l’administration pénitentiaire, et, également depuis les dernières élections professionnelles, représentative dans le versant territorial de la FP où elle est une fédération de plus en plus identifiée, on le doit à l’incroyable investissement des camarades des syndicats nationaux, et mention spéciale à celles et ceux de la FSU territoriale qui ont arraché cette représentativité, là aussi, la dynamique FSU est palpable !
Faisons vivre cette dynamique FSU, passons un bon congrès, riche de débats, de confrontations et de recherche des synthèses pour avancer, c’est tout cela que j’ai trouvé à la fsu et pour cela encore un grand merci de m’avoir fait confiance, le syndicalisme a des responsabilités immenses, je suis persuadé qu’il peut redonner de l’espoir.
Je voudrais finir en évoquant un autre territoire où la fsu est particulièrement active et j’en félicite les camarades, c’est Mayotte. Ce congrès intervient quelques semaines après un drame terrible subi par nos camarades de Mayotte chers à notre cœur. C’est donc d’une part l’occasion de leur témoigner de notre solidarité indéfectible, sincère, et d’autre part, d’analyser la crise qui a secoué Mayotte car elle est un condensé des crises du moment. La gestion de la crise particulièrement chaotique a suscité des réactions fortes et nos camarades de Mayotte sont aujourd’hui en lutte, c’est pour cela que je voudrais qu’on leur fasse une place particulière dès ce discours d’ouverture et que je les appelle à venir à cette tribune pour que nous leur témoignons de toute notre solidarité.
Congrès de la FSU – 3/7 février 2025 : intervention de Sophie Binet, Secrétaire générale de la CGT
Texte publié le 6 février 2025.
Cher·es camarades,
Je tiens à vous remercier de votre invitation à intervenir et à assister à vos débats. Les travaux auxquels j’ai assisté ce matin confirment à quel point nos analyses et nos débats sont convergents.
Nous sommes dans un moment de basculement.
La coalition entre Donald Trump et Elon Musk aux Etats Unis va accélérer l’alliance entre les milliardaires et l’extrême droite. Nous en voyions déjà les prémisses avec la croisade réactionnaire menée par Bolloré et Sterin en France, ou avec la neutralité bienveillante du patronat français vis-à-vis de l’extrême droite. Le basculement va maintenant s’accélérer. Pourquoi ? Parce que pour le capital, la démocratie est désormais un problème. Nous avons réussi à gagner une nouvelle lucidité et l’incroyable mobilisation que nous avons construit contre la réforme des retraites en est le signe. Ils n’ont jamais été aussi isolés, leur seule arme, pour continuer à accaparer les richesses que nous produisons grâce à notre travail, c’est d’installer des gouvernements autoritaires. C’est ce que vient de faire le patronat autrichien qui a joué un rôle moteur pour que les conservateurs s’allient à l’extrême droite, ce qui va permettre, pour la première fois dans l’histoire du pays, au dirigeant d’un parti néonazi d’être premier ministre.
Ce moment si particulier exige une réflexion, une redéfinition de notre stratégie syndicale à l’aune du danger mortel de l’extrême droite.
Pour affronter l’internationale d’extrême droite, de Trump, Musk, Poutine, Netanyahou et tant d’autres, il nous faut renforcer notre stratégie internationale et européenne. Ce contexte glaçant est aussi un moment de clarification. Un moment où il va falloir choisir son camp. L’intérêt général a rarement été aussi fragilisé. Impossible de nier désormais que le pouvoir des multinationales, et notamment des GAFAM est dangereux pour nos démocraties. Souvenons-nous. Dans le programme du CNR, rédigé pour que plus jamais le pays ne puisse basculer dans le fascisme, figurait bien sûr la sécurité sociale, mais aussi le fait que l’on ne pouvait pas être patron de presse tout en étant capitaine d’industrie. Aujourd’hui c’est l’inverse, la presse, l’édition et les réseaux sociaux n’ont jamais été aussi concentrés et on ne peut plus être patron de presse sans être capitaine d’industrie.
L’extrême droite prospère sur le déclassement. Le déclassement du travail qui ne paie plus. Le déclassement de nos services publics. La mixité sociale recule et vous le vivez directement dans l’enseignement y compris maintenant dans le supérieur avec le développement inédit du privé. Quand on ferme une usine, quand on ferme un service public, on fait élire un député d’extrême droite. Face à la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, l’Europe doit changer de paradigme. Si nous ne voulons pas que notre industrie soit balayée il faut protéger notre industrie, relocaliser et tourner notre agriculture et notre industrie vers la réponse aux besoins des populations du continent plutôt que d’inonder le monde de poulets low cost.
La victoire que nous avons remporté le 7 juillet au soir en empêchant Bardella de rentrer à Matignon démontre qu’il n’y a pas de fatalité. Nous pouvons en être fier. C’est la mobilisation de la société civile et d’une majorité des organisations syndicales qui a déjoué tous les sondages.
Pour que le sursaut ne se transforme pas en sursis il faut que les leçons soient tirées.
Pour lutter contre l’extrême droite, il faut lier le social et le sociétal. Kamala Harris a perdu parce qu’elle n’a pas traité la question sociale, parce que le parti démocrate ne s’est pas adressé aux travailleuses et aux travailleurs, se limitant à la défense de la démocratie et des valeurs.
Mais il nous faut aussi balayer devant notre porte et combattre vigoureusement le sexisme et le racisme et en faire des batailles syndicales à part entière. C’est ce que nous faisons le 8 mars et il nous faut sur tous les lieux de travail appeler à la grève féministe. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous allons lancer le 21 mars prochain une campagne intersyndicale contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie sur les lieux de travail. De même sur la question environnementale. L’extrême droite prospère sur le climato scepticisme et sur les mises en opposition du social et de l’environnemental. Pour les déjouer, la CGT a décidé de lancer un plan d’action syndical pour l’environnement, pour porter la question environnementale à partir du travail, comme nous le faisons par exemple à Tefal où la CGT refuse le chantage à l’emploi et dénonce les PFAS.
Du front populaire de 36 à la Résistance, l’histoire démontre que le fascisme n’a été vaincu que grâce à l’unité, et que l’unité syndicale a toujours précédé l’unité politique. Nous pouvons être fiers d’avoir réussi, contre vents et marées, à maintenir l’intersyndicale 2 ans après la mobilisation contre la réforme des retraites !
Mais ce moment de clarification doit aussi nous permettre de nouer de nouvelles alliances. Nous allons le voir aux Etats-Unis, la résistance face à Trump sera d’abord le
fait des syndicats, des associations féministes et antiracistes et des intellectuels. Le mouvement ouvrier en France a trop longtemps été fragilisé par la rupture avec le monde intellectuel et de l’éducation. Se battre contre l’extrême droite c’est combattre le monde de la post vérité. Le monde où on peut dire que la terre est plate ou que les migrants mangent des chats et des chiens. Le travail que nous sommes en train de renforcer entre nos organisations, cette maison commune dont vous allez je l’espère valider l’édification, est donc déterminante pour lutter contre l’extrême droite. Elle est aussi très importante pour éviter que le monde intellectuel ait une forme d’angle mort sur les stratégies du capital. Preuve qu’il ne s’agit pas de stratégies d’en haut, le positionnement commun de nos organisations lors de toute la séquence des législatives. Nous avons appelé ensemble à voter pour le NFP puis à battre l’extrême droite. Nous avons aussi ensemble considéré qu’il n’était pas de notre responsabilité syndicale d’appeler à manifester le 8 septembre dernier.
Pour finir, je crois que ce que nous partageons aussi, c’est la conviction que pour barrer la route à l’extrême droite il faut incarner un syndicalisme optimiste. Pas l’optimisme béat des happy manager qui font des catastrophes sur nos lieux de travail, mais un optimisme de combat. Pour convaincre les salariés de se mobiliser, valorisons toujours nos victoires. C’est grâce à notre mobilisation et notamment à la grève du 5 décembre que nous avons gagné l’enterrement des 3 jours de carence, de la suppression des 4000 postes d’enseignants et la revalorisation des pensions des retraités. « Je ne suis pas une victime je suis une résistante » avait l’habitude de dire notre camarade Madeleine Riffaud, magnifique résistante qui vient malheureusement de nous quitter. Je suis sûre qu’ensemble, nous continuerons à faire vivre cet optimisme de combat !
Un grand merci à Benoit pour sa hauteur de vue, ses positionnements clairs et rassembleurs en intersyndicale, qui ont contribué à toujours garder le cap de l’unité et bienvenue à Caroline. Murielle Guilbert disait il y a 2 ans dans une tribune « je ne veux plus être seule sur la photo ». Et bien Murielle, non seulement tu n’es plus seule, mais grâce à l’arrivée de Caroline, nous sommes maintenant majoritaires !
Discours de clôture du congrès de Rennes par sa nouvelle secrétaire générale, Caroline Chevé
7 février 2025
Avec la fin de ce congrès s’ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de la FSU. Les enjeux sont immenses pour les agent.es publics, actif.ves comme retraité.es, pour les services publics et pour leurs usager.es. Notre responsabilité est grande. Je vous remercie sincèrement de la confiance que vous me témoignez en me confiant ce rôle important pour la mise en œuvre collective de la nouvelle feuille de route que nous venons de nous donner.
Chacun sait que je viens de la SD13 (ce qui en soi est déjà tout un programme…), et aussi peut être que j’enseigne la philosophie dans les quartiers nord de Marseille.
Venir d’une SD, c’est être peu familière des appareils nationaux en général. Cela supposera un apprentissage, sans doute des maladresses et quelques malentendus. Je vous demanderai donc un peu de patience, je pense notamment à cette première année qui vient, au cours de laquelle il me faudra encore découvrir et comprendre avant d’être pleinement efficace.
Je souhaite le dire ouvertement devant vous, au moment de m’engager : mon engagement est entier, je mesure la responsabilité que vous me confiez, je l’endosse et je m’y consacrerai pleinement. Mais je le ferai avec ce que je suis, une femme avec une famille, des enfants dont même les plus grands ont encore besoin d’elle et dont la dernière est encore au collège, avec une partie de vie laissée à Marseille aussi, et donc avec sans doute un peu moins de temps et de disponibilité que celles et ceux qui m’ont précédé.
Venir d’une SD, c’est se confronter en permanence à la diversité au sein de notre fédération. On est formé dans son SN, c’est un attachement très fort, mais le travail fédéral permet de découvrir d’autres pratiques, d’autres problématiques. Vus d’une SD, les syndicats de la fédération, ce sont d’abord des camarades qui font d’autres métiers : agents des parc nationaux, ou de la collecte des déchets, cuisiniers, OP, jardiniers, ATSEM, travailleurs sociaux, éducateurs.trices, et bien sûr PLP, PE, assistantes sociales, AESH, infirmières… C’est cette expérience que j’emporte, avec le visage de toutes et tous ces camarades, auprès de qui j’ai tellement appris, pour défendre l’idée que la fonction publique ce sont d’abord des personnes qui font bien leur métier au service de la population.
Venir d’une SD c’est aussi s’efforcer de faire vivre le pluralisme sur le terrain. Le pluralisme à la FSU, ce n’est pas seulement la pluralité, c’est la nécessité de respecter sincèrement les points de vues, d’affronter les contradictions, de pousser les débats au fond pour que chacun.e soit respecté.e dans ce qu’il ou elle porte, et que ce qui en sort ne soit pas une louche d’eau tiède, pas des formules creuses, mais une pensée et une volonté nouvelles.
Quand on vit dans une SD, rassembler la FSU, c’est d’abord rassembler des personnes au sein des équipes militantes, pour qu’elles agissent ensemble, concrètement et efficacement, et qu’elles y trouvent du plaisir.
J’en tire la conviction qu’il faut prendre soin de nos divergences, parce que c’est d’elles que vient notre force.
Dans ce discours j’aurais aimé pouvoir ouvrir largement des horizons, nourrir de confiance et de détermination les forces des militant.es que vous êtes, et vous renvoyer chez vous pleins d’espoir.
Comment faire cela dans le contexte international ? Avec l’ascension des pouvoirs autoritaires, réactionnaires et menaçants, dont la proximité avec des formes de néofascisme n’échappe à personne, avec la guerre installée sur le sol européen et au Moyen Orient et avec l’affaissement profond du droit international ?
Comment faire cela quand Trump imagine une Riviera à Gaza !
Comment faire cela avec un développement de l’IA sans aucune régulation, avec la mainmise des milliardaires néo fascistes sur l’information, et avec la contestation permanente de la recherche scientifique ?
Comment faire cela avec les catastrophes naturelles, les mégafeux, les cyclones, les inondations – et en cette fin de congrès nos pensées vont à nouveau aux camarades de Mayotte et à la population qui va devoir faire face à la reconstruction.
Mais comment faire cela dans le contexte national ? Avec les différents avatars du gouvernement qui se sont eux-mêmes placés sous la pression de l’extrême droite, qui se sont installés dans un usage brutal de la constitution, et qui réaffirment sans cesse le choix de l’austérité budgétaire, de la baisse du coût du travail et de la dépense sociale.
Comment faire cela sans être naïfs et romantiques, mais avec clairvoyance et détermination ?
Vous allez peut-être trouver que c’est un peu trop posé, que ça manque de souffle, mais il m’a semblé que cela pouvait se faire modestement, en réaffirmant tranquillement ce qui nous fait agir et militer, ce qui nous fait nous battre, en nous disant que nous allons le faire, simplement parce que c’est ce que nous savons faire de mieux : nous tenir au milieu de nos collègues pour les défendre, nous tenir aux côtés de la population – et notamment des plus fragiles – pour défendre les services publics et l’intérêt général, rassembler, organiser les combats, résister et faire face.
Notre combat contre la réforme des retraites en 2023 n’a pas permis l’abrogation que nous continuons de demander. Mais il pèse aujourd’hui encore dans la situation politique, « la poutre travaille encore » comme l’a écrit Benoit dans son dernier Edito, prouvant que les rapport de force que nous pouvons construire ont aussi un effet dans la durée, que ce n’est jamais tout ou rien. Début janvier, une porte s’est entrouverte. Elle est plus qu’étroite, piégée, et elle peut très vite se refermer. Pourtant nous allons mettre le pied dans cette porte et l’élargir : nous allons remettre la réforme des retraites sur le devant de la scène, informer, décrypter, démonter les mensonges du gouvernement, parler à nos collègues, et aller le plus loin que nous pourrons dans la défense des pensions comme salaire continué, du maintien de la parité de niveau de vie entre actifs et retraité.es, et de la solidarité intergénérationnelle.
Il n’est pas envisageable qu’un conclave parle des retraites des fonctionnaires sans entendre la FSU ! Il est encore moins acceptable qu’il parle des retraites du privé dans le dos des fonctionnaires ! Pour cela il nous faut élever le rapport de force, et c’est ce que la FSU va continuer de porter dans l’intersyndicale interprofessionnelle.
Nous allons aussi reprendre le travail d’information et de mobilisation pour défendre la Sécurité Sociale. Sur la protection sociale complémentaire, nous avons signé un accord défensif, et nous l’avons fait en responsabilité. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est porter les alternatives, sortir des logiques marchandes, le 100 % Sécu n’est pas un slogan, mais une idée d’avenir. Le 100 % sécu, c’est le dépassement de la protection sociale complémentaire dans une logique universelle et solidaire. L’année 2025 doit être l’année de la Sécu à la FSU, avec une dynamique qui permette de faire des 80 ans non pas une commémoration mais le début d’une reconquête.
La grève du 5 décembre dernier, dans la fonction publique nous a toutes et tous frappé.es par sa force. Même le ministre a été contraint de le reconnaître devant l’Assemblée. Elle a permis de parer certains mauvais coups, dont les 2 jours de carence supplémentaires et le décalage de la revalorisation des pensions. Elle a enfoncé le clou sur le choc des savoirs et les 4000 postes dans l’éducation, ainsi que les 500 ETP à France Travail. Ce n’est pas rien, cela ne se serait pas passé sans notre appel unitaire à la grève.
Mais beaucoup reste à défendre, et surtout beaucoup à gagner. L’effort demandé aux collectivités territoriales est intenable. Les 90 % de la rémunération représentent une ponction trois fois supérieure aux 2 jours de carence. Et le décrochage salarial ne peut pas durer. Après l’année blanche de 2024, nous devons imposer la revalorisation du point d’indice de 20 % et les 80 points supplémentaires (!), la reconstruction des carrières, l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, la sortie de la précarité. Nous appelons les agent.es de la fonction publique, titulaires et contractuels, à se tenir informés, nous les appelons à se syndiquer massivement, à se tenir prêts à l’action, et à nous rejoindre pour se préparer au bras de fer qui ne manquera pas de nous opposer aux forces libérales. Face au budget d’austérité, arraché par 49.3, préparons-nous à défendre les services publics ! Ils sont la réponse d’avenir aux maux de nos société, ils sont la réponse à la peur, au repli, à la division : défendons-les, et développons-les.
La FSU rassemble des métiers qui sont quasiment tous en lien avec la jeunesse. C’est une part importante de ce qui nous définit. A cette jeunesse en plein désarroi, malmenée dans un système éducatif exsangue, à cette jeunesse inquiète de son avenir, à cette jeunesse qui réinvente la société, bouleverse les rapports sociaux, nous devons ouvrir des perspectives. A cette jeunesse qui est aujourd’hui en danger, nous devons un autre système éducatif, exigeant et juste, renouant avec la démocratisation, et l’ambition d’éduquer les femmes et les hommes, de former les citoyens et les citoyennes et de qualifier les travailleur.es. A cette jeunesse, nous devons des réponses éducatives et non répressives, nous devons l’accès à la santé, à l’emploi, à la culture, la sécurité, la justice et la paix.
C’est cet esprit de la jeunesse que nous voulons insuffler à nos combats : face à la catastrophe écologique, face à la montée du fascisme et des forces de prédation, la jeunesse ne renonce pas, elle cherche à tracer une route, à garder l’espoir.
Je veux parler ici d’une affaire existentielle, profondément politique et sociale, qui doit nous unir toutes et tous : c’est la volonté d’instaurer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, en commençant par l’égalité salariale et l’égalité des métiers : aujourd’hui nous disons « à travail de valeur égale, salaire égal », pour en finir avec la précarisation et la faiblesse de la rémunération des métiers les plus féminisés, ces métiers du soin et du lien qui tiennent la société.
C’est aussi la volonté d’éradiquer les violences sexistes et sexuelles, y compris en notre sein, d’en finir avec la culture du viol, de mettre à bas la domination patriarcale, sous toutes ses formes. Et pour cela nous allons réussir la journée de grève féministe du 8 mars, et en faire une première étape de mobilisation.
L’esprit de la jeunesse, c’est aussi celui qui nous anime dans le combat écologique : l’adaptation du bâti des services publics, le développement des qualifications en lien avec la bifurcation écologique, et la réorientation des choix politiques. Face aux catastrophes naturelles qui seront de plus en plus fréquentes, la population aura besoin d’agents publics plus nombreux, et mieux formés. Et nos pensées vont particulièrement à nos camarades de l’OFB et des organismes de contrôle, injustement livrés en pâture et auquel nous apportons toute notre solidarité dans leur mobilisation.
L’esprit de la jeunesse, c’est encore la volonté de combattre le racisme sous toutes ses formes, et toutes les discriminations, par l’action et par l’éducation, et pour ce qui nous concerne, nous organisations syndicales, en l’affrontant sur les lieux de travail. La FSU s’engage pleinement dans ce combat, dans le cadre de l’intersyndicale contre le racisme et l’antisémitisme sur les lieux de travail, mais avec l’ambition d’aller au-delà, pour renverser les logiques haineuses qui sont à l’oeuvre, pour débusquer les impensés qui minent les rapports sociaux, renouer avec des dynamiques d’accueil et d’ouverture.
Ce congrès nous a permis de lever les yeux.
Notre outil syndical est solide et inventif, nous allons continuer à le projeter dans l’avenir. Nous allons travailler inlassablement à l’unité la plus large, qui renforce la confiance dans les organisations syndicales et qui est une attente encore des salariés plus forte depuis 2023.
Au sujet du Nouvel outil syndical, et de la maison commune, je veux dire ici fortement, comme je l’ai dit hier au moment de voter, qu’à mes yeux les mandats ne sont pas une liste de mots avec lesquels on peut jouer habilement pour leur faire dire toutes sortes de choses. Nous tous qui sommes ici nous savons qu’un texte n’est pas une liste de mot : la FSU travaillera à faire ce qu’elle a écrit qu’elle ferait, ni plus ni moins. Les imaginaires, négatifs comme positifs, appartiennent à chacun, la FSU n’en est pas l’instrument. La responsabilité du syndicalisme est immense, elle suppose de faire les bons choix, pour ma part ce seront toujours ceux qui rassembleront le plus largement la FSU.
Dans la période qui vient, nous allons mettre en œuvre tous nos mandats et nous allons donc aussi renforcer et développer la FSU, dans nos bastions bien sûr mais aussi ailleurs, il y a des déserts syndicaux dans la fonction publique de l’État et dans la territoriale, il y a des agent.es qui aspirent à des pratiques collectives démocratiques et à des valeurs claires. Les élections professionnelles auront lieu en novembre 2026. Elles seront cruciales pour le syndicalisme dans la fonction publique, elles doivent permettre de redonner espoir dans la démocratie sociale. Il est temps de nous mettre au travail pour les préparer, avec un objectif : que sur chaque lieu de travail la FSU soit présente, ses militant.es identifié.es et reconnu.es comme des ressources solides pour leurs collègues, pour les accompagner, les défendre et construire avec eux les mobilisations. C’est ainsi que nous pourrons renforcer la représentativité de la FSU dans la territoriale et retrouver la première place à l’État, c’est à portée de main.
Je n’ai pas évoqué spécifiquement notre combat contre l’extrême droite dans ce discours et c’est volontairement. Dans le contexte qui est le nôtre, ce combat principiel n’est plus un combat spécifique, c’est un combat permanent et global que nous livrons à chacun de nos actes militants. Chaque collègue défendu, chaque amélioration gagnée, chaque droit étendu, chaque régression bloquée, chaque section syndicale créée renforcera la confiance dans le lien social et l’action collective, pour faire refluer le poison qui s’insinue dans les esprits. Par notre action quotidienne au service de l’intérêt général et de la défense des personnels, nous faisons la démonstration que rien n’est inéluctable et qu’un autre modèle de société, fondé sur la solidarité, la démocratie et le choix de la justice sociale reste possible et désirable.
Alors portons nos combats, regardons loin et large, soyons solides et déterminées, nous pouvons changer la donne, nous devons la changer !
Le combat sera long, et sans doute difficile, mais nous allons le mener, parce que nous allons continuer à travailler, à nous battre et à rassembler !
Bon retour dans vos syndicats nationaux et locaux, bons retours dans vos SD.
Avant de nous quitter, pour nous retrouver très vite dans nos combats communs, je voudrais vous dire que si ce congrès c’est si bien passé, si vous avez été aussi bien accueillis, c’est qu’ils étaient 150 ! 150 camarades dans cette splendide équipe d’orga du congrès ! Je ne vais pas les appeler un par un, une par une, mais vous allez découvrir leurs prénoms, et c’est en équipe que je voudrais en votre nom à toutes et à tous les remercier chaleureusement :
Merci à l’équipe d’accueil, leur sourire magnifique et leur disponibilité à l’arrivée, et tout au long de la semaine
Merci à l’équipe de la bagagerie : c’est le 1er congrès de la FSU en 30 ans sans aucune valise perdue
Merci à l’équipe des chauffeurs, tous à jeun depuis une semaine pour votre sécurité, ce qui constitue quand même un exploit en Bretagne
Merci à l’équipe de l’accueil-gare, merveilleux et efficace malgré les engelures et 2 amputations de doigts de pied
Merci à l’équipe ba14r : c’est bon, c’est bio et c’est ouvert 23H/24, mais la recette de la godinette restera à Rennes ainsi que la quantité officielle de nombre de fût vidés (ils tiennent à la disposition de chaque section le bilan individuel des consommations, mais pas un mot sur le SNEP et le SNUTER)
Merci à l’équipe huîtres : 6 tonnes d’huîtres ouvertes et massacrés, mais tous les congressistes sont en forme
Merci à l’équipe repro/distribution : l’équivalent de l’intégralité de « à la recherche du temps perdu » distribué chaque minute
Merci à l’équipe vestiaire : qualité, sourire, efficacité et 100% d’objets perdus retrouvés
Merci à l’équipe graphisme : on est sans mot, et on réfléchit déjà à l’embauche du graphiste pour les publications de la FSU nationale
Merci ) l’équipe des compteurs et compteuses : concentration, calme, efficacité, et tout ça sans calculatrice
Merci à l’équipe diffusion vidéo pour son attention et sa réactivité
Merci au stand de la SD35 pour la gestion des inscriptions, la vente produits régionaux de qualité exceptionnelle, les publications passionnantes, les expos
Et pour finir une annonce officielle, au cours de ce congrès la FSU accueille en son sein un nouveau syndicat, et ce petit denier, on n’est pas près de l’oublier : bienvenue et longue vie au snbec
Je voudrais aussi remercier l’orga nationale et les salariés, Nabila et Marilyne
Merci de votre travail, de votre rigueur, de votre solidité, je me réjouis de travailler avec vous demain et de savoir à quel point on peut compter sur vous !
Avec une mention toute particulière pour celle qui a tenu tout le congrès, avec son humour et sa fermeté, avec une immense disponibilité et une résistance incroyable au stress, à la fatigue et aux sollicitations, c’est Morane Le Deunf ! Bravo à toi Morane !
Merci mille fois à vous, il n’y a pas de syndicalisme, il n’y a pas de combats sans orga, locale et nationale, bravo à vous et vive l’orga !
L’orga nationale : Alain, Cédric, Didier, Julien, Laurent, Linda, Magali, Magdalena, Mathieu, Morane Renaud, Thierry
Je voudrais pour commencer et en votre nom à toutes et tous, rendre un hommage chaleureux à Benoit. Benoit depuis 6 ans tu as été notre voix et notre visage, avec ton attention aux autres, ton immense disponibilité, la force de tes analyses et de ton esprit de synthèse. Avec toi la FSU a fêté ses 30 ans, l’âge où on sait ce qu’on est, et ce qu’on veut devenir, elle a gagné en maturité, en visibilité, en cohésion, en fédéralisme, et en capacité à se projeter vers l’avenir avec lucidité et détermination. Au cours de ce dernier mandat, suite au mouvement contre la réforme des retraites, la confiance dans les organisations syndicales s’est réaffirmée, et l’unité s’est renforcée, tu y as pris toute ta part. La FSU te doit beaucoup, et elle sait qu’elle pourra encore compter sur toi. Bravo et merci Benoit.