Le Syndicat des enseignants (SE-UNSA) vient de décider de se désaffilier de la Fédération générale des retraités de la fonction publique (FGR-FP).
Cette structure, de nature associative, fondée en 1936, regroupe environ 45 000 retraités adhérents à des syndicats de salariés de la fonction publique (39 affiliés jusqu’à présent) ainsi qu’un certain nombre d’adhérents « directs ». L’adhésion se fait par le biais des syndicats et non des fédérations ou unions.
L’essentiel des forces de la FGR se trouve parmi les adhérents de la FSU (40 % de ses adhérents) et de l’UNSA (36 %). Les autres sont membres de syndicats FO ou Solidaires.
Pendant longtemps, des militants issus de la FEN, puis de l’UNSA, ont dirigé cette structure originale qui avait pour particularité d’avoir réussi à dépasser les clivages et scissions nombreux de l’histoire syndicale, y compris, celle de la FEN, en 1992, dont les conséquences auraient pu être mortelles pour la FGR.
Depuis son dernier congrès (2014), cependant, la fédération était dirigée par un bureau national composé à parité de militants issus de la FSU et issus de l’UNSA, sous l’autorité d’un secrétaire général pour la première fois issu de la FSU, Michel Salingue.
Dans un contexte marqué par de fortes divisions entre organisations, dont témoigne l’existence de deux structures souples unitaires, en partie concurrentes (« l’inter-unions confédérales de retraités », dont la FGR est membre, mais pas la FSU ni Solidaires, et le « groupe des 9 »où l’on ne retrouve ni la CFDT, ni l’UNSA, mais la FSU et Solidaires ainsi que des associations représentatives de retraités, dont la FGR), la FGR constitue une expérience originale d’unité syndicale, dans un esprit de synthèse et de recherche du consensus entre des organisations pas toujours sur la même ligne.
La décision du SE-UNSA ne peut être sans conséquences sur la fédération, même si, pour l’instant, les autres syndicats UNSA affiliés n’ont pas pris la même décision.
Alors qu’une grande majorité de salariés estime que les syndicats ne prennent pas suffisamment en compte les intérêts des retraités, un affaiblissement de la FGR n’aurait évidemment rien de bon.
Au-delà, elle interroge sur la volonté forcenée de certains de provoquer partout un clivage dans le syndicalisme, de part et d’autres d’une ligne réputée infranchissable qui opposerait un syndicalisme « réformiste » à un syndicalisme « contestataire ».
Hervé Le Fiblec