La FSU fait connaitre des communiqués de la FSU et du SNES-FSU de Mayotte, appelant à la grève le jeudi 22 février 2018, suite à des actes de violence dans les établissements.
- Télécharger les PDF : FSU Communiqué FSU grève du 22 février (voir texte ci-dessous)
- Et SNES : Violences du 19 janvier 2018 à Kahani (voir ci-dessous)
Violences au lycée de Kahani ce vendredi 19 janvier 2018
Cet établissement a de nouveau été le théâtre d’affrontements ultra-violents. Une bande d’une quarantaine de jeunes visiblement organisés parce que tous vêtus d’habits blancs, équipés de lunettes et de cagoules a attaqué le lycée, tout en montant des barrages. Ces agresseurs ont envoyé des pierres dans le lycée et réussi à faire tomber le grillage pour y pénétrer. Ils ont donné l’assaut alors que des barres de fer étaient cachées derrière des bâtiments pour être utilisées dans les combats. Des élèves à l’intérieur parfois en sang ont décidé de répliquer et la situation a dégénéré en bagarre générale. Il aura fallu à la fois le courage et le sang froid des personnels mais aussi l’intervention des forces de l’ordre, à coups de gaz lacrymogènes, dans l’établissement même, pour mettre fin à ces déchaînements de violence qui heureusement n’ont fait aucune victime. Pour le SNES-FSU, ces faits démontrent, s’il en était besoin, la nécessité absolue de sécuriser tous les établissements scolaires de Mayotte. Il faut cesser l’angélisme et regarder en face une situation d’insécurité devenue insupportable pour les usagers comme les personnels.
Dés les événements de décembre 2017, le secrétaire SNUIPP-FSU du CHSCT ( comité hygiène, sécurité et conditions de travail) avait demandé la réunion en urgence du CHSCT notamment pour lancer une enquête immédiate sur les améliorations à apporter pour sécuriser le site. Lors d’une réunion convoquée le 5 décembre dernier à l’initiative du secrétaire général (SG) du vice-rectorat sur l’exercice du droit de retrait, le co-secrétaire du SNES-FSU et le secrétaire du CHSCT avaient demandé des informations sur Kahani. Le SG et le directeur de cabinet n’avaient pas jugé bon d’en parler puisque les personnels avaient repris le travail et que le seul objet de la réunion pour le SG était de remettre en cause le bien fondé du droit de retrait au lycée du nord en menaçant de faire retirer un trentième de salaire pour chaque collègue concerné.
Pour la FSU, ces faits prouvent que la sécurisation de l’établissement reste insuffisante et que les agents étaient fondés et le sont de nouveau à exercer leur droit de retrait pour qu’enfin des décisions radicales soient prises. Il semble que ce soit le cas pour la clôture de Kahani qui serait réinstallée en double avec barbelés au milieu. Nous souhaitons que les moyens en EMS ( équipes mobiles de sécurité) et plus globalement en personnels de vie scolaire soient également augmentés à Kahani.
Lors des événements de décembre, comme nous l’avons démontré plus haut, le VR n’avait pas encore pris la mesure de la gravité de la situation. Espérons que ce soit le cas maintenant car le degré de violence atteint est sans précédent tant dans la préparation que dans l’intrusion. Si nous comprenons jusqu’à un certain point l’objectif de maintenir les cours nous ne pouvons accepter que systématiquement le vice rectorat refuse de faire intervenir le CHSCT dans un délai rapproché ( la visite par une délégation du CHSCT est prévue mais pas avant mars). Il est donc indispensable que ces questions soient traitées en urgence et au fond. Et nous sommes bien conscients que ces problèmes ne relèvent pas du seul vice-rectorat mais d’une insécurité qui est de nouveau en hausse dans le département.
Le SNES-FSU demandera par l’intermédiaire du secrétaire du CHSCT qu’il soit procédé à une enquête administrative sous le contrôle du CHSCT.
Il apportera son soutien total aux agents qui décideraient de se mettre en droit de retrait, comme il l’a toujours fait. Il interviendra lors des rencontres prévues la semaine prochaine avec la DGRH ( direction générale des ressources humaines) et l’inspectrice générale de l’éducation nationale pour demander une vraie politique d’attractivité tenant compte des conditions de plus en plus difficiles de travail et de vie à Mayotte.
Communiqué FSU Mayotte : Grève le 22 février
A des degrés divers, tous les établissements (écoles, collèges et lycées) sont atteints par des phénomènes de violence. Leur point commun : le sureffectif !
Les événements récents au lycée de Kahani comme à Tsararano ont été précédés de débordements de violence. On peut se demander pourquoi les interventions ont tellement tardé. D’autant qu’à chaque explosion de violence, la FSU Mayotte a demandé des enquêtes associant le comité hygiène, sécurité et conditions de travail académique (CHSCTA).
En tout état de cause, l’absence de réponse satisfaisante du vice-rectorat face au droit de retrait des agents, que la FSU a soutenu et soutient sans réserve, pointe clairement sa responsabilité, notamment en terme de dialogue avec leurs représentants et le CHSCT académique, mais aussi en ce qui concerne les mesures prises ; Le seul réflexe de l’administration ayant été de menacer sournoisement de retrait de salaire.
Le département de Mayotte connaît une évolution des effectifs scolaires sans comparaison avec les académies métropolitaines ou « domiennes » ; en 10 ans, on avoisine un doublement ! Cette évolution n’a pas été anticipée par les autorités de l’état. Aujourd’hui, ce phénomène se conjugue à l’insuffisance des infrastructures existantes et produit des effets de tous ordres dont la violence intolérable à l’intérieur comme à l’extérieur des lycées.
Ce n’est qu’en 2015 que le département a été classé en réseau d’éducation prioritaire (REP). Pire, seuls certains écoles et collèges ont été classés en REP+. Les lycées professionnels, les généraux et technologiques cumulent et concentrent les phénomènes d’échec scolaire augmentés par la politique de gestion des flux et d’économie tous azimuts qui réduit les passages en lycée professionnel et les choix de sections. Malgré cela, ils ne sont toujours pas classés en éducation prioritaire.
Par ailleurs, depuis quelques années, les syndicats de la FSU Mayotte alertent le gouvernement sur la nécessité de maintenir un système d’attractivité pour faire venir des fonctionnaires. Aujourd’hui les titulaires sont en nombre insuffisant. Pourtant, des personnels formés et expérimentés sont indispensables dans ces zones ; seulement 52 % des enseignants sont titulaires dans le second degré. Comment former des effectifs de contractuels en permanente augmentation dans tous les secteurs de l’éducation alors que le nombre de titulaires ne cesse de diminuer ? La FSU Mayotte considère que notre département n’a pas vocation à n’être qu’un centre de formation. L’attention portée aux élèves exige de faire venir des titulaires en nombre !
De même, les moyens humains rapportés au nombre d’élèves sont très insuffisants. Il n’y a pas assez d’enseignants-es, de personnels de vie scolaire (AED, surveillants), d’assistants-es sociaux, d’infirmiers-es scolaires, de médecins scolaires, de psychologues de l’éducation nationale, d’inspecteurs, de personnels d’encadrement, de personnels administratifs, techniques et ouvriers … Les élèves du département dans les établissements placés en REP (écoles et collèges) ne bénéficient pas des mêmes conditions d’étude par rapport aux autres REP domiens et métropolitains (26 élèves par classe en collège à Mayotte pour une moyenne de 21 ailleurs dans les autres REP).
Dans un département où la moitié de la population est scolarisable, il est assez incroyable que l’État n’ait pas prévu ces évolutions et planifié en conséquence. La FSU Mayotte demande un plan d’urgence qui permette de construire des établissements en tant que de besoin dans le premier comme le second degré, de sécuriser les établissements, de prendre des mesures de stabilisation et de restaurer l’attractivité pour les agents titulaires de l’État.
S’agissant des mesures de stabilisation, la FSU Mayotte revendique une augmentation de l’indexation à 1,53, une augmentation des contingents à la hors-classe et à la classe exceptionnelle, une attribution de l’ISG (indemnité de sujétion géographique) aux collègues ayant perçu l’IE (indemnité d’éloignement) dégressive et souhaitant rester à Mayotte et enfin une transformation de la totalité des établissements en REP + avec les moyens afférents.
Concernant l’attractivité, la FSU Mayotte revendique un abaissement de la condition de durée de service nécessaire à l’obtention de l’IFCR ( déménagement et billet d’avion) à un an pour faciliter la venue de néo-titulaires, une attribution par agent de l’ISG et non par couple comme c’est le cas actuellement, la mise en place d’une indemnité spécifique, inspirée du décret n°77- 1364 du 5 décembre 1977 et enfin un allongement de la durée de versement à 5 ans avec une fraction supplémentaire de 5 mois.
Pour finir, la FSU Mayotte considère que c’est une éducation de qualité dont a besoin la jeunesse de Mayotte, ce qui signifie des transports et des établissements sécurisés, une augmentation du nombre d’internats de manière à limiter les déplacements fréquents, stressants et fatigants imposés aux élèves, la mise en place d’une restauration scolaire généralisée à tous les établissements, la mise en conformité en matière d’hygiène et de sécurité des établissements scolaires du premier comme du second degré. Ces mesures doivent être envisagées en collaboration avec tous les services de l’état impliqués et devraient faire l’objet d’un comité de pilotage associant tous les acteurs (préfecture, gendarmerie, services sociaux, transporteurs, autorités locales, éducation nationale, représentants du personnel).
La FSU Mayotte interviendra au niveau ministériel à Paris par le biais de ses responsables nationaux. Elle travaille également à des communications au niveau de la presse nationale. Une mobilisation locale doit être décidée si nous voulons être entendus. C’est pourquoi la FSU Mayotte dépose un préavis de grève pour le 22 février 2018.