Grève générale au Portugal

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« Ce 11 décembre, la CGTP-IN et l’UGT, les deux principaux syndicats portugais appellent à une grève générale pour dénoncer la réforme « Trabalho XXI» qui modifie plus de 100 articles du code du travail. Le gouvernement entend ainsi flexibiliser l’économie quand les opposants dénoncent une précarisation du travail sans précédant » (site Rapports de force).

Appel à la grève générale de la CGTP Crédit : CGTP

Au Portugal, appel à la grève générale contre « l’une des plus grandes attaques jamais menées contre les travailleurs » 

Ce 11 décembre, la CGTP-IN et l’UGT, les deux principaux syndicats portugais appellent à une grève générale pour dénoncer la réforme « Trabalho XXI» qui modifie plus de 100 articles du code du travail. Le gouvernement entend ainsi flexibiliser l’économie quand les opposants dénoncent une précarisation du travail sans précédant.

Une première depuis douze ans. Les deux principaux syndicats de travailleurs portugais appellent à une grève générale dans tout le pays ce 11 décembre. La CGTP-IN et l’UGT dénoncent la réforme libérale du code du travail, lancée par le gouvernement, qui « constitue un affront à la Constitution de la République portugaise ». C’est « l’une des plus grandes attaques jamais menées contre les travailleurs » au Portugal, a lancé le secrétaire général de la CGTP, Tiago Oliveira, lors d’une manifestation à Lisbonne.

Son nom ? « Trabalho XXI ». Son projet : la modification de pas moins de 100 articles du Code du travail, impactant aussi bien la parentalité, les congés, le télétravail que la vie en entreprise des Portugais.e.s. Au programme : recours accru aux emplois de courte durée, facilitation des licenciements individuels sans motif valable, augmentation de la sous-traitance moins coûteuse et sans obligation, limitation du rôle des syndicats dans les entreprises, extension du service minimum à de nombreux secteurs d’activité en cas de grève, rétablissement d’une banque de temps individuelle supprimant le paiement des heures supplémentaires, ou encore, révision du congé parental. Avec, en ligne de mire, la « forte probabilité de passer toute sa vie comme travailleur précaire », s’indigne le journaliste de L’Expresso, Daniel Oliveira qui voit dans ce projet « la contre-réforme ultime ».

Là où les opposants redoutent une précarisation de la main-d’œuvre à bas coût, l’artisan de cette loi y voit une meilleure flexibilité, gage de compétitivité pour les entreprises. « Des opportunités émergent et fleurissent dans notre économie, donc la question sérieuse ici est : pourquoi une grève générale ? Pour exiger quoi du gouvernement et du pouvoir politique ? » s’est étonné le Premier ministre devant le Parlement.

Luis Montenegro s’indigne que les syndicats recourent à une arme qu’il juge « anachronique », avant même l’application du texte. « Personne ne peut le comprendre et, à mon avis, cela ne fait pas honneur au mouvement syndical », a déclaré ce membre du Parti social-démocrate (PPD/PSD) qui y voit une manœuvre politique. « La grève motive ceux qui ne parviendront jamais à un accord, qui ne veulent pas d’un accord — la CGTP — et mobilise les autres qui, franchement, sont tombés dans son piège ». Bien sûr, « les syndicats ont tout ce qu’il faut pour remplir leur mission et leur rôle (…) je trouve très bien qu’ils représentent les intérêts des travailleurs portugais – mais quand la réalité du pays ne correspond pas à celle des syndicats, c’est qu’il y a un problème, et ce n’est pas le pays qui est en cause », a poursuivi le chef du gouvernement. Il a rappelé qu’au sein de l’OCDE, le Portugal était « le pays où les revenus des citoyens ont le plus augmenté ». Sauf que le Portugal est aussi l’un des États européens subissant le plus le coût de la vie.

Les arguments de l’exécutif n’ont pas convaincu l’opposition de gauche de la légitimité de la loi. « Plus nous en savons sur le contenu, plus il y a de raisons de lutter et de faire une grande grève générale », estime le secrétaire général du Parti communiste, Paulo Raimundo. « Vous envoyez les jeunes vers des emplois précaires (…) et vers l’économie informelle », a renchéri le secrétaire général du PS, José Luis Carneiro.

Malgré son ton combatif, le gouvernement, ne disposant que d’une majorité relative à l’Assemblée, devra compter sur les voix de l’Aliança Democrática (centre-droit) et du parti d’extrême droite Chega pour faire adopter son texte. L’appel du pied à l’extrême droite renforce la détermination du monde du travail.

Malgré quelques légères concessions envoyées aux syndicats, le gouvernement n’est « pas disposé à retirer l’intégralité de la proposition ». La journée du 11 décembre pourrait donc être décisive quant à l’issue de cette réforme. Les assemblées générales de travailleurs pour rejoindre le mouvement se multiplient dans les entreprises de la métallurgie, de la restauration ou de l’agro-alimentaire. Dans le secteur public, des services minimums ont été décrétés dans les écoles ou les hôpitaux, malgré le renoncement de dernière minute du syndicat des urgentistes. La grève dans les transports devrait paralyser autant les aéroports que le métro de Lisbonne et de Porto. « Probablement la grève générale la plus transversale de l’histoire », anticipe le journaliste Daniel Oliveira.

Le Portugal n’a pas connu un tel blocage depuis 2013, lors de la contestation contre l’emprise austéritaire de la Troïka, ce trio composé de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international.

Crédit photo : CGTP

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