François Hommeril, interviewé par Libération le 27 avril 2020, est président de la CFE-CGC. Nous en publions des extraits. Il met l’accent sur l’intervention syndicale pour contrôler les conditions d’une reprise du travail. Il n’exclut pas un « basculement » de la société, car la mécontentement est grand.
« Les entreprises doivent préparer la reprise de l’activité avec les syndicats »
Extraits
Reprise de l’activité et exigences de protection des salariés sont-elles compatibles ?
Le dialogue social peut-il être de qualité quand le Medef martèle qu’il faudra « travailler plus » ?
Le rapport de force national a été trop déséquilibré et c’est un problème. Le Medef n’est contraint à rien : soit il obtient ce qu’il veut du gouvernement, soit il renvoie à l’entreprise où le déséquilibre est encore plus fort. Le Medef est toutefois revenu sur ce scénario hors sujet de « travailler plus ». Le véritable sujet devant nous, c’est celui du chômage, des faillites d’entreprises… L’idée d’augmenter le temps de travail est microscopique à côté de ce que l’on va affronter et devoir inventer. Les salariés sont des adultes responsables, avec des crédits… Ils sont attachés à leur entreprise, bien plus que certains dirigeants, car c’est leur gagne-pain et leur mobilité n’est pas énorme.
Comment voyez-vous la suite ? Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, prédit une « flambée sociale » …
Je ne fais aucun pronostic. Qui avait prévu les gilets jaunes, l’ampleur de la mobilisation contre la réforme des retraites ? Mais le magma est là et politiquement les enjeux sont énormes. On ne peut pas repartir après tout ça en poursuivant une politique d’austérité sur les salaires ou en continuant de réduire le nombre de lits d’hôpitaux. Si la vision et les réflexes ne changent pas, alors oui, on peut craindre qu’une partie de la société bascule.