L’article ci-dessous est sur le site de la CFDT et date du 9 juillet 2020. La CFDT semble ne pas vouloir un retour du débat « retraites », qui viendrait « polluer » la priorité sur l’emploi.
RENCONTRE À MATIGNON: L’EMPLOI DOIT ÊTRE AU CŒUR DES PRIORITÉS
Les 9 et 10 juillet, le premier ministre reçoit un par un les partenaires sociaux pour une première prise de contact. Ces rencontres se poursuivront la semaine prochaine avec une multilérale visant à dessiner une méthode de travail et un calendrier. L’emploi demeure la préoccupation majeure de la CFDT, loin de la question des retraites qui n’a pas sa place dans l’actualité.
Prise de contact et rendez-vous de méthode. Jean Castex a reçu à partir du 9 juillet au matin l’ensemble des partenaires sociaux à Matignon. La CFDT, qui ouvrait le bal, salue à sa sortie « une réunion franche et ouverte » menée dans « un climat d’écoute et d’échange ». « Être reçus la semaine de la nomination, alors que toutes les équipes ne sont pas totalement constituées, est un signal positif », souligne Laurent Berger sur le perron de Matignon. Pendant près d’une heure, les échanges ont davantage traité de la forme que du fond. Cette première étape – que le Premier ministre a poursuivie jusqu’au vendredi 10 juillet avec l’ensemble des partenaires sociaux – sera suivie, a priori dès ce vendredi 17 juillet d’une rencontre multilatérale. « Il en sortira une méthode. Il faudra ensuite s’attaquer au fond », souligne le secrétaire général de la CFDT.
Une priorité, des propositions
Or le fond, ce sont clairement les questions d’emploi. Les propositions de la CFDT ne sont pas nouvelles. Elles avaient été remises à l’exécutif dès les premiers jours du confinement, à la mi-mars, que ce soit sur le maintien de l’emploi et des compétences (avec dix mesures d’urgence), l’emploi des jeunes (avec des propositions spécifiques en matière l’apprentissage et d’aides aux plus précaires) ou l’absolue nécessité d’engager un dialogue économique et social à tous les niveaux (grâce à des conférences sociales régionales ou pactes régionaux de relance).
Elles ont depuis été étoffées, incluant les questions d’organisation du travail (via des préconisations communes au sujet du télétravail débouchant sur l’ouverture d’une concertation paritaire) et de « l’après-crise », l’objectif étant de dessiner les contours d’une relance qui ne soit pas seulement économique mais bien sociale et écologique. « La crise que nous traversons fragilise les travailleurs, dont la situation peut être fortement modifiée. Elle nous oblige à repenser certains dispositifs de protection sociale, certains accompagnements. Il est indispensable que ces évolutions prévoient la protection générale et complémentaire pour ces travailleurs, y compris lors des transitions, afin de ne laisser personne au bord de la route », résume ainsi la CFDT dans le document remis à Jean Castex.
“Éviter d’arroser le sable”
Alors que des annonces sont attendues dans les tout prochains jours sur l’emploi des jeunes, Laurent Berger met en garde contre les effets d’aubaine que pourrait entraîner une mesure d’exonération massive de charges : « Il faut éviter d’arroser le sable. Il faut avoir des aides ciblées pour les entreprises qui s’inscrivent dans des transitions écologiques, numériques et qui favorisent l’emploi des jeunes. Ce n’est pas qu’une question d’exonération pour les entreprises mais aussi une question d’accompagnement et de conditionnalité des aides. »
Balayant d’un revers de la main la question des retraites, la CFDT refuse que le sujet « ne vienne polluer la relance socio-économique, la préservation et la création d’emplois […]. L’emploi et le plan de relance sont l’urgence absolue et doivent nous mobiliser tous dans les prochains mois ». De son côté, Bercy annonce la présentation de son plan de relance à la fin août. Laurent Berger souhaite que celui-ci fasse l’objet de concertation avec le ministère de l’Économie et le ministère du Travail. Ainsi, l’été s’annonce dense sur le plan du dialogue social. « Sur le fond, ce sera aux actes que l’on jugera », conclut le secrétaire général.