- Les syndicats français (membres de la Coalition climat) interpellent le président de la COP 21 sur la transition juste
Les organisations syndicales françaises, CFDT, CGT, FO ont adressé mercredi 9 décembre une lettre au Président de la Cop 21, Laurent Fabius, dans laquelle elles rappellent la nécessité de maintenir la transition juste dans le corps du texte de l’accord final afin que les travailleurs ne soient pas les grands oubliés des négociations.
« Monsieur le Ministre,
Nous sommes bien avancés dans la deuxième semaine de négociation dans le cadre de la COP 21 au Bourget.
Nous mesurons toute l’urgence que cette négociation aboutisse à un accord climatique ferme pour un avenir juste et durable. La communauté internationale ne peut renvoyer à plus tard l’adoption des mesures nécessaires pour garantir un monde viable pour les êtres humains. Toutefois, un tel accord ne peut pas être ambitieux sans la prise en compte des intérêts des salariés. A la lecture du texte qui vous a été remis samedi par les deux coprésidents de la Plateforme de Durban, chargée de définir les grandes lignes de l’accord de Paris, nous ne pouvons que réitérer nos revendications. Nous rappelons par ailleurs les engagements pris par la France dans l’appel conjoint à l’action de la France et du Pérou sur le changement climatique et l’emploi décent du 10 juin 2015, qui stipule notamment que : « l’objectif de cet appel est d’encourager les parties à la CCNUCC à mieux intégrer les dimensions du travail décent dans la lutte contre le changement climatique ».
Ainsi, la principale revendication du mouvement syndical international, une transition juste pour les travailleurs, n’apparait plus que dans le préambule. Elle doit au contraire figurer dans le corps du texte, dans l’article 2, pour garantir sa prise en compte. Pour nos organisations, l’enjeu est de parvenir à situer les questions d’emploi dans les actions en cours, non pas comme une variable d’ajustement, mais bien comme une condition de réussite de celles-ci.
Il est donc encore temps pour que les travailleurs ne soient pas oubliés dans l’indispensable lutte contre les changements climatiques. Les parcours professionnels des salariés doivent être sécurisés par le dialogue social. Une évolution des compétences et des qualifications des salariés et des dirigeants est nécessaire et doit être anticipée.
Nos organisations, aux côtés de la Confédération Syndicale Internationale, souhaitent que la Présidence française de la COP mette tout en oeuvre pour aboutir à un accord ambitieux et contraignant, dans lequel la Transition Juste pour les travailleurs est inscrite dans la partie opérationnelle du texte.
Nous comptons sur l’impulsion et le volontarisme de la présidence française pour répondre aux attentes des salariés.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération. »
- Positions de la Confédération syndicale internationale (CSI)
Le Sommet sur le climat en jeu alors que les gouvernements reculent devant la « transition juste »
Les gouvernements présents au Sommet sur le climat à Paris mettent en danger l’avenir de l’action climatique en supprimant l’engagement en faveur des droits humains et d’une « transition juste » vers un avenir à faibles émissions de carbone du mandat d’action dans les conclusions du Sommet.
Le gouvernement norvégien a suscité la colère des syndicats, des groupes de protection de l’environnement et d’autres organisations de la société civile en prenant l’initiative de supprimer l’engagement de respecter les droits et de s’engager avec les travailleurs et les travailleuses ainsi que leurs communautés dans la lutte pour limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius. D’autres gouvernements soutiendraient la mesure prise par la Norvège, réduisant l’engagement à une référence vague dans le préambule des conclusions du Sommet.
Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, présente au Sommet, a déclaré « Quels que soient les progrès réalisés en ce qui concerne les autres questions débattues à Paris, l’action climatique échouera si les gouvernements pensent que les solutions peuvent être simplement imposées aux personnes sans engager pleinement les travailleurs et leurs communautés dans un effort commun pour une transformation industrielle et sans édifier un avenir où les droits humains et les droits des travailleurs sont respectés. Les syndicats sont disposés à s’engager aux quatre coins du monde. Ils sont déjà engagés sur leur lieu de travail ainsi que dans les industries, et il est nécessaire que les gouvernements placent cet engagement au cœur des actions, en empêchant qu’il ne devienne une référence vague et que les citoyens ne soient pas pris en considération. Bien que certaines entreprises puissent se réjouir que les citoyens, y compris leur main-d’œuvre, soient laissés de côté, nombreuses sont celles qui comprennent qu’elles doivent collaborer, et non dicter. »
La CSI appelle les présidents du Sommet, Manuel Pulgar Vidal du Pérou et Laurent Fabius de France, à veiller à mettre un terme à l’initiative de supprimer l’engagement.
« Les résultats du Sommet doivent être pertinents pour le monde réel et les citoyens, et ne doivent pas seulement satisfaire la mentalité bureaucratique des négociateurs des gouvernements qui semblent en décalage avec les actions en cours et ce qui doit encore être réalisé dans les usines, les exploitations agricoles, les bureaux et d’autres lieux de travail dans le monde. L’action climatique doit être menée conjointement avec les citoyens, et non pas à leur encontre », a déclaré Sharan Burrow.
- La CGT a mis en ligne un journal régulier de prises de positions (Infos du jour):
Extraits : UN PRIX DU CARBONE BASE SUR DES CRITERES SOCIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX
Parmi les multiples initiatives se tenant au Bourget à l’occasion de la COP 21 sur le prix du carbone, le débat du CESE réalisé à partir de l’étude demandée au cabinet Syndex par le groupe des travailleurs retient l’attention des syndicalistes. En effet, il existe plusieurs façons de donner un prix au carbone de façon directe ou indirecte. De façon directe, il est possible d’instaurer une taxe ou des droits d’émission. Mais de façon indirecte, la fixation de normes d’émissions correspond à un prix du carbone implicite. La fixation d’une norme d’émissions contraignante est la solution la plus efficace pour atteindre l’objectif environnemental. Les pou-voirs publics peuvent accompagner l’entrée en vigueur de la norme par des crédits d’impôt et/ou des systèmes de bonus malus comme dans l’automobile en France. Néanmoins la taxation apparait comme le moyen le plus simple et le plus direct pour modifier le comportement des agents économiques encore faut il que cette taxation soit acceptable socialement. Pour cela, une politique de redis-tribution doit être construite en réorientant les activités économiques.
Pour sauvegarder l’emploi dans les industries européennes fortement émettrices, il est proposé d’instaurer un ajuste-ment carbone aux frontières. Cet ajustement pourrait se traduire par une obligation pour les importateurs de se porter acquéreurs de droits d’émission dans des conditions identiques à celle des producteurs nationaux. Cette propo-sition rejoint celle faite par Edouard Martin dans le rapport du Parlement européen « développer une industrie euro-péenne durable des métaux de base » décembre 2015 commission ITRE. Inutile de préciser que cette proposition suscite des inter-rogations et provoque l’opposition des représentants patro-naux qui dénoncent un risque pour l’innovation et le dynamisme de l’industrie européenne. Parmi les initiatives de redistribution monétaire envers les plus modestes, plu-sieurs voies ont été expérimentées en Europe : bons de consommation pour des produits bas carbone, crédits d’impôt, tiers investisseur, emplois bas carbone… La Confédération européenne des syndicats (CES) qui s’est déclarée favorable à la fixation d’un prix du carbone propose de voir dans le même temps les mesures en fa-veur des salariés compte tenu des conséquences en termes de pouvoir d’achat, d’emploi et d’inégalités. Des mesures spécifiques doivent être prises pour le secteur des transports et pour la rénovation de l’habitat.
Le débat ainsi lancé doit se poursuivre dans chacun des pays compte tenu des diversités de situation afin de répar-tir de la façon la plus équitable possible le coût de la pro-tection de l’environnement au travers d’un prix donné au carbone.
Cliquez pour le 4 pages entier : 4pagesmobilisationsclimat2015
Extraits :
POUR LUTTER CONTRE LES DÉRÈGLEMENTS CLIMATIQUES, CHANGEONS D’AIR !
C’EST LA RAISON DE LA MODIFICATION DU LOGO SOLIDAIRES POUR LANCER LA CAMPAGNE DE MOBILISATION.
Les enjeux de transformation sociale et de solidarité internationale sont indissociables des questions environnementales et climatiques
Le chômage de masse, devenu la norme et la dégradation de la situation écologique de la planète sont là pour en témoigner. Cette approche de plus en plus partagée questionne le modèle de développement dominant, basé sur la recherche d’une croissance infinie, à l’origine de la crise écologique comme des inégalités sociales. Pourtant, les profiteurs du système économique actuel pensent encore pouvoir dominer les contraintes naturelles. Pour cela, ils sont prêts à soutenir, des technologies, dites de “géo-ingénierie” sans même poser démocratiquement la question de la pertinence de telles solutions.
Aujourd’hui, l’urgence climatique nous oblige à être lucide. On ne pourra résoudre la question écologique sans s’attaquer aux causes des inégalités.
C’est un sytème social et économique juste qu’il faut construire en respectant la finitude de la terre et la fragilité des écosystèmes.
L’union syndicale Solidaires qui se réfère au syndicalisme de transformation sociale, s’inscrit dans cette perspective. Il s’agit de rompre avec la logique productiviste et satisfaire les besoins sociaux tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle mondiale.
La question de l’emploi est fondamentale.
La défense de l’environnement ne peut se faire sur le dos des salarié-e-s. Néanmoins, la sauvegarde de l’emploi ne peut justifier le maintien d’activités dangereuses pour l’être humain
et la planète. Dans ce cadre, le rôle des organisations syndicales est déterminant pour lier la défense des droit des salarié-e-s et la résolution des problèmes écologiques. La réappropriation des choix de développement par les travailleurs et les populations conduit à renforcer le lien entre les combats du monde du travail et de ceux qui militent pour la défense de l’environnement et de la solidarité internationale.
L’union syndicale Solidaires appelle à la mobilisation pour le climat et la justice sociale. L’organisation de la CoP 21 à Paris-Le Bourget du 30 novembre au 11 décembre est une formidable occasion pour les salarié-e-s de se mobiliser pour lutter contre la crise sociale et environnementale et exiger un autre modèle de société.