Le syndicat Info’Com CGT, qui syndique les salarié-es de l’information et de la communication (et membre de la FILPAC CGT), à l’origine d’une affiche qui a fait débat (y compris dans le syndicat CGT Police qui l’a critiquée) sur les violences policières (voir ci-dessous), écrit à la direction confédérale CGT. Plus bas, l’intervention de Romain Altmann, secrétaire général d’Info’Com à la Nuit Debout, le soir de la venue de Philippe Martinez le 28 avril dernier.
- FILPAC-CGT INFO’COM-CGT
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infocomcgt.fr news@infocomcgt.fr infocomcgt - Paris, le 5 mai 2016
LETTRE AUX ORGANISATIONS DE LA CGT, AU CCN ET À LA C.E. CONFÉDÉRALE
Chère-cher camarade,
Le lourd climat d’utilisation de la force contre les manifestantes et manifestants, indistinctement, entraîne un malaise manifeste dans les rangs des unités dépendant du ministère de l’Intérieur.
Il ne doit pas être facile pour des unités républicaines de sécurité de devoir intervenir au nom d’un projet de loi de casse du Code du travail, alors que la majorité des citoyens rejette une telle régression sociale. N’empêche, cet émoi bien compréhensible devant des ordres du gouvernement propres à dénaturer l’intervention des forces de l’ordre n’excuse pas la confusion savamment entretenue par les donneurs d’ordre.
Voilà que sciemment sont confondues des affiches démocratiques – appelant la police à protéger les citoyens ou stopper la répression du mouvement social – avec un brûlot haineux, ce qui est suivi ce 2 mai par deux publications de syndicats de police, qui manient l’amalgame précédent avec l’insulte (voir liens cidessous) :
• l’un, du syndicat de Police Force Ouvrière (Unité SGP Police FO), qui dépose plainte contre nos affiches démocratiques relevant de la liberté d’expression contre notre syndicat et d’autres structures de la CGT (UL CGT Douai et SEL CGT Douaisis) ;
• l’autre, se réclamant de la CFE CGC, est titrée : « CGT : l’affiche rouge », insultant nos affiches en les comparant avec l’affiche des occupants nazis et de leurs zélés collaborateurs, connue sous le nom d’« affiche rouge », laquelle a constitué un sommet de cynisme raciste et antisémite assimilant les résistants à des terroristes étrangers.
Le malaise qui règne dans les rangs des fonctionnaires, du fait qu’ils sont chargés d’appliquer des consignes politiques de défense d’une loi qu’ils n’ont aucune obligation de partager, n’excuse en aucun cas l’escalade, où l’on voit en outre le syndicat Alliance de la CGC demander au ministre de porter plainte pour elle.
Pire, depuis hier, les syndicats de police annoncent l’organisation d’une mobilisation sur un mot d’ordre polémique « Halte à la haine anti-flics » tentant de détourner les problèmes que nous avons mis en lumière.
Aussi :
• nous appelons à la solidarité des organisations CGT en recensant les faits de répressions ou brutalités policières, ou envoyant leurs soutiens à news@infocomcgt.fr ou en éditant des expressions, affiches… comme l’a fait l’UD CGT Val-d’Oise au lendemain de la sortie de la première affiche (voir ici : http://goo.gl/u4TRZC). Nous vous appelons également, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, à signer la pétition contre les brutalités policières et la répression :
http://goo.gl/fjwl1U
• nous demandons que la direction confédérale issue du 51e congrès intervienne auprès des syndicats FO et CGC de la police pour démontrer que la position de notre syndicat relève de la
lutte commune contre la casse du Code du travail, et de l’attente citoyenne d’une police qui pratique le discernement entre propagande nazie et affiches démocratiques ;
• nous proposons qu’une déclaration publique de la CGT condamne la répression du mouvement social, dénonçant également l’amalgame orchestré par le gouvernement, consistant à
assimiler « casseurs » et « manifestants » et à relayer ce qui nous apparaît comme une opération de diversion par rapport aux véritables enjeux, à savoir un projet de loi honni qui sert de politique à un gouvernement même pas sûr de sa majorité à l’Assemblée sur ce projet de loi.
Dans une attente particulièrement attentive, nous vous assurons, chère-cher camarades, de notre engagement syndicaliste CGT.
Amicalement et fraternellement.
Marc Peyrade Romain Altmann
Secrétaire général de la Filpac-CGT Secrétaire général d’Info’Com-CGT
Tu trouveras ci-dessous, plusieurs documents importants dont voici le détail :
• Communiqué du syndicat de police Unité SGP-FO annonçant une attaque en justice contre notre syndicat et d’autres
structures de la CGT (UL CGT Douai et le SEL CGT Douaisis) : https://goo.gl/wUPwoU
• Communiqué du syndicat Synergie Officier CGC qualifiant nos affiches « d’affiche rouge » en référence honteuse à
l’affiche de l’occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale : https://goo.gl/IRjCkT
• L’affiche du syndicat Alliance PN CGC appelant à la mobilisation le 18 mai prochain contre une prétendue « Haine antiflic
» et occultant – volontairement ? – les revendications légitimes sur les moyens d’un service public de qualité, leur rôle
dans les événements contre la Loi Travail et la manipulation des forces de l’ordre par le gouvernement pour intimider le
mouvement social : https://goo.gl/Qfiq2t
• La question au gouvernement de la droite à l’Assemblée nationale, par son leur porte-parole Eric Ciotti, qui demande
clairement des poursuites judiciaires contre nos affiches mais aussi l’interdiction des manifestations ou des
rassemblements Nuits Debout : https://goo.gl/9wiyPH
• L’attaque du ministre de l’Intérieur contre la CGT en réponse à une question au gouvernement de Pierre Laurent,
sénateur : https://goo.gl/Co7cC2
• Tous les reportages, prises de position, expressions dans les médias ici :
https://drive.google.com/folderview?id=0B8kkFcIxt–wYXlFY1pQcEZYN28&usp=sharing
- L’affiche Info’Com critiquée par la CGT Police :
LA CONVERGENCE C’EST MAINTENANT !
AG jeudi 28 avril (#59Mars) – Place de la République à Paris
INTERVENTION D’INFO’COM-CGT À NUIT DEBOUT
Romain Altmann (Secrétaire général d’Info’Com-CGT, le syndicat CGT des salariés de l’information, de la communication et du numérique).
Pour ceux qui ne connaissent pas, nous sommes les auteurs de la récente affiche sur les brutalités policières de la CGT qui a déclenché une tempête médiatique la semaine dernière et énervé le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve (http://infocomcgt.fr/france/item/affiche-violence-policiere-reponse-a-cazeneuve). Depuis nous avons lancé une pétition sur ce sujet. Plus de 4500 signataires à ce jour et une centaine de témoignages. http://repressionsocialecasuffit.wesign.it/fr
- Bain de jouvence de se retrouver ensemble, ici, place de la République.
- Je souhaite angler mon intervention sur la nécessaire et vitale jonction entre Nuit Debout, les coordinations et syndicats pour gagner contre la loi Travail.
- La convergence des luttes n’est plus une chimère. Elle se concrétise par ce rassemblement des coordinations lycéennes et étudiantes, de Nuit Debout et des organisations syndicales déterminées, dans un premier temps, à obtenir le retrait du projet de loi travail.
- Ce mouvement populaire profond et intergénérationnel ne peut se contenter du simple retrait de la loi. C’est une aspiration commune à un changement radical d’un modèle sociétal qui anime les débats sur beaucoup de places de France, dans les lycées, les universités et les entreprises.
- Ce qui se construit au quotidien, c’est un projet de société qui place l’humain au cœur d’une transformation sociale éloignée des dogmes de la compétitivité, de la rentabilité, de cette course effrénée aux profits.
- La cupidité, unique valeur de la finance et d’un patronat sûr de son emprise sur une classe politique dénuée de valeur et d’idéal, s’érige en programme politique et de société.
- Cette violence sociale ne connaît aucune limite. Les bénéficiaires de ce modèle n’accepteront jamais le moindre compromis. Ce modèle économique et social n’est pas amendable, il doit être détruit dans ses fondements et à sa racine.
- Aujourd’hui ici, et dans de nombreuses villes, l’espoir renaît. L’espoir de ne plus vivre dans la résignation, de ne plus se contenter des miettes que les puissants concèdent.
- Nuit Debout, les coordinations étudiantes et les organisations syndicales présentes aujourd’hui sont différentes. La culture, les pratiques, les fonctionnements sont différents, mais les aspirations sont communes et convergentes.
- Le mépris et la hargne contre cet espoir s’expriment à flot continu dans les rangs du Medef, du gouvernement, de la droite, de l’extrême droite, relayés par leurs chiens de garde dans l’ensemble des médias. Ils sont le passé, nous sommes l’avenir.
- La colère qui nous anime n’est pas destructrice, elle s’appuie sur une force constructrice fidèle aux valeurs fondamentales qui ont construit la République.
- Cette semaine, de nombreuses initiatives ont permis d’autres actes symboliques forts. S’emparer de lieux de culture pour laisser libre cours aux échanges, à la réflexion, aux revendications, à de nouveaux projets… C’est une véritable bouffée d’oxygène. Eh bien nous vous proposons de faire de même devant les sièges éditoriaux, les rédactions, les médias…
- Des initiatives similaires en direction des entreprises, favorisant les échanges avec les salariés, doivent se multiplier afin d’amplifier les convergences de luttes.
- Apprendre à se connaître et à échanger reste le meilleur moyen de « faire peur à l’oligarchie, de faire reculer le pouvoir ».
Jonction et convergence, c’est maintenant ! Nos propositions :
- Mettre nos moyens de communication (affiches) au service de Nuit Debout
- Se réapproprier les places mais aussi le cœur de l’exploitation capitaliste : les entreprises. Nous organisons par exemple le 19 mai à l’entreprise POP (imprime une partie des quotidien nationaux), avec Info’Com-CGT et OMOS (Observatoire de Mouvements de la Société), un débat sur le thème de l’appropriation des moyens de production.
- Projet de manifeste commun pour la jonction entre forces syndicales et Nuit Debout
Pour que le jour se lève
Le jour, on refuse de se coucher devant la loi Travail.
La nuit, on y voit plus clair, parce qu’on reste debout.
Nous avons en commun ce qui nous a poussés à nous lever. Ensemble, restons éveillés :
Au bout de la nuit, la fin de la loi Travail, une étape nécessaire mais insuffisante.
À la pointe du jour, l’expression d’une énergie issue des places de France remet en cause l’ordre établi qui réduit au silence, les exclus et les exploités
Un commencement est toujours d’une délicatesse extrême, ce mouvement essentiel où l’imagination s’empare du désir de lendemain et grippe la machine à servitude.
Construisons la jonction entre l’indignation nocturne des places et l’action de jour des salariés groupés en syndicats. Chacun devrait-il rester à sa place ? Non : pour le droit du travail et le projet d’une République sociale, tout le monde doit prendre place dans ce qui vit aujourd’hui. « On vaut mieux que ça. » Passons la « nuit debout ».
Cette jonction n’est pas récupération. C’est juste une précaution pour que la belle énergie déployée prenne corps et se diffuse partout dans le pays.
Plus de place pour l’indignation en marche, plus de marcheurs contre la loi travail, additionnons nos forces, multiplions nos actions pour l’émancipation de chacun et pour la transformation sociale.