Cet article est paru en ligne dans la NVO, mensuel de la CGT. Pour le 1er mai, des délégations syndicales internationales manifesteront leur soutien au mouvement contre la réforme des retraites en France. Du « jamais vu » à ce point dit Pierre Coutaz de l’espace internationale CGT.
image site Global Union
Les syndicats du monde entier expriment leur solidarité avec l’intersyndicale française
« Pour l’honneur des travailleuses et pour une retraite heureuse, le comité Femmes de la Confédération européenne des syndicats apporte son soutien plein et entier aux camarades français. » « Votre combat est aussi notre combat ! Nous savons à quel point la solidarité internationale est importante entre ceux qui partagent les mêmes luttes pour améliorer les conditions de travail et de vie de la classe ouvrière en France, au Pays basque et dans le monde », assure le syndicat ELA (Solidarité des travailleurs et travailleuses basques), tandis que, pour l’Union marocaine du travail, « cette réforme imposée par le gouvernement, sans prise en considération de vos propositions syndicales et du mouvement social, est inacceptable »…
Ces messages encourageants parmi des centaines d’autres sont transmis chaque jour par les syndicats du monde entier à leurs homologues français. Depuis janvier, et aujourd’hui encore, les expressions de soutien, de solidarité, les marques d’estime, ne cessent d’affluer dans les boîtes mail des syndicats français mobilisés contre la réforme des retraites. « Une solidarité internationale d’une telle ampleur et d’une telle constance dans la durée, même après la promulgation de la loi, c’est du jamais-vu auparavant », assure Pierre Coutaz, animateur de l’espace Europe-International de la CGT.
Ce degré inédit d’attention porté au combat des syndicats français contre cette réforme spécifique est révélateur. Il en dit long sur le rayonnement international du modèle social français hérité du CNR d’après-guerre. Celui-ci paraît encore comme la meilleure référence en matière de progrès aux yeux des travailleurs et des syndicats du monde entier. « La tendance mondiale à privatiser les profits et socialiser les pertes ne semble pas avoir de limites. Vous menez un noble combat, vous honorez la mémoire de ceux et celles qui vous ont précédés pour arracher de tels acquis et vous refusez de ne laisser qu’un champ dévasté aux générations futures. Nous vous déclarons notre entière solidarité », écrit ainsi la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie.
Une unité syndicale remarquée et saluée
Plus encore que cet acquis social, la retraite, qui a été arraché de haute lutte par le monde du travail, ce qui est salué à travers ces messages de solidarité, c’est avant tout l’unité des syndicats. Elle est perçue, à juste titre, comme la condition première de la mobilisation des travailleurs pour la défense de leurs intérêts de classe. « Nous partageons votre lutte contre les politiques néolibérales qui, depuis des années, bafouent partout les droits sociaux, du travail et des syndicats. »
Quelles qu’en soient les formes d’expression, cette solidarité internationale reflète aussi une conscience très avancée que ce qui se joue en France contre la réforme du président Macron concerne les travailleurs du monde entier :
« Repousser l’âge de départ à la retraite est une mesure antisociale. Les plus riches trinquent tandis que le peuple trime à payer le capital. C’est la garantie de vieillir en mauvaise santé, surtout pour ceux ayant les revenus les plus modestes. Le gouvernement français joue le rôle de gardien des riches en abandonnant les intérêts des gens du peuple », indique ainsi le syndicat des travailleurs de l’habillement du Bangladesh. Avec cet espoir partagé, partout dans le monde, qu’une victoire du mouvement social français puisse inciter les travailleurs de tous les pays à continuer de se battre pour leurs droits, partout où ils sont attaqués, comme l’exprime la Fédération nationale des syndicats des ouvrier et employés au Liban : « Nous condamnons et dénonçons l’attitude du gouvernement français envers la classe ouvrière. L’atteinte aux droits des travailleurs acquis est inadmissible. La mobilisation de vos militants ne peut être qu’un pas pour mobiliser le monde entier. »