Les Ateliers Travail et Démocratie prennent l’initiative d’une Assemblée citoyenne pour la démocratie au travail, le samedi 15 janvier 2022. A la Bourse du travail de Paris.
INSCRIPTION GRATUITE et vivement souhaitée pour des raisons pratiques
Les Ateliers Travail et Démocratie (site en construction atd.nursit.com ) regroupent des syndicalistes, chercheur.es et intervenant.es en santé-travail qui veulent faire reconnaître la démocratie au travail comme un enjeu décisif de la santé humaine et environnementale et de la démocratie politique.
« Ne lâchons pas le travail ! »
Le 15 janvier prochain, se tiendra dans la grande salle de la Bourse du travail de Paris une assemblée citoyenne pour la démocratie au travail. Son objectif : faire entendre la cause du travail vivant dans le débat politique en cours.
Dans cette campagne présidentielle, on le voit déjà, la droite célèbre une soi-disant « valeur travail » réduite à la stigmatisation des chômeurs, tandis que la gauche et les écologistes ne parlent guère du travail ou se préparent à sa supposée disparition. A ce jour, les programmes des candidats de tous bords parlent parfois de l’emploi mais jamais de la qualité et de la soutenabilité du travail, professionnel ou domestique. La dernière réforme qui a cherché à promouvoir la qualité du travail salarié, les lois Auroux, date de 1982 : quarante ans !
Pourtant la souffrance au travail, et aujourd’hui la fuite devant le maltravail, marquent profondément la situation actuelle. Plus que jamais, ce pour quoi nous travaillons et la façon dont nous travaillons déterminent la qualité de nos rapports aux autres, de notre santé et de celle de la nature, de la démocratie, bref de notre vie. Un exemple récent, et pas des moindres : qu’elle provienne d’une fuite de laboratoire, d’un élevage intensif ou de la déforestation, la pandémie est intimement liée à la dégradation du travail sous domination financière et extractiviste.
Autre exemple marquant : l’effondrement en cours de notre système hospitalier, où des milliers de lits sont fermés non plus à cause de restrictions budgétaires, mais parce que les soignants démissionnent en masse pour fuir une organisation du travail absolument insoutenable. Comment se résigner à ce qu’après dix-huit mois de crise sanitaire, l’hôpital soit le « grand absent de la campagne présidentielle »1 ? D’autant que cette fuite devant le maltravail s’étend désormais à de multiples secteurs : sanitaire et social, hôtels-restaurants, BTP…, où les salariés refusent des conditions de travail délétères, ce qui a amené le gouvernement à réduire drastiquement les allocations chômage.
Face au déni politique, les Ateliers Travail et Démocratie souhaitent donner à la question du travail et de son organisation la place qu’elle mérite dans le débat public. Nous souhaitons ouvrir la discussion sur les impasses auxquelles nous mène la négligence de cette question, et sur les moyens de la prendre en compte sérieusement par des propositions politiques.
Quatre dimensions nous semblent aujourd’hui centrales dans les réflexions et les initiatives autour du travail. La première concerne les transformations du travail dans la pandémie. Nous savions déjà que malgré l’emprise croissante des normes et objectifs quantitatifs, la logique de « care », de l’attention aux autres (usagers, clients, collègues…), imprègne clandestinement la plupart des expériences de travail. Comment la pandémie a-t-elle transformé nos rapports au travail ? Que signifie la « recherche de sens au travail » qui oriente aujourd’hui beaucoup de bifurcations professionnelles ? Comment faire reculer la « gouvernance par les nombres » au bénéfice du travail attentionné ? Le 15 janvier, des témoignages et propositions de travailleuses et de travailleurs de la santé, de l’éducation ou de l’industrie éclaireront ces enjeux.
En second lieu, il n’est plus possible de prétendre penser la transition écologique sans y intégrer la question du travail. Consumérisme et pollutions résultent d’un travail abstrait (marketing, publicité, conception des produits et procédés…) piloté par les impératifs de profit et indifférent à ses effets concrets sur le vivant. Et les GAFAM n’arrangent pas les choses… Quels conflits et quelles initiatives émergent-elles de la contradiction capital / nature ? Comment instituer la défense du vivant dans l’organisation du travail ? Des expériences et propositions issues du monde agricole et industriel seront présentées par les actrices et acteurs qui les portent.
En troisième lieu, il convient de réinterroger la proposition centrale que porte historiquement la gauche, la réduction du temps de travail, qui figure à ce jour dans la plupart des programmes des candidat.es de gauche et écologistes. La RTT vise classiquement à limiter l’emprise de l’aliénation salariale sur la vie, accroître le temps libre et les activités autonomes des salarié.es, redistribuer les richesses grâce au maintien des salaires et aux embauches. Comment en faire aussi un instrument de la sortie du productivisme et de la reprise en main du travail par les premier.es concerné.es ?
Enfin, avec la loi Travail, les ordonnances Macron et le soutien des pouvoirs publics à l’ubérisation généralisée, nous subissons une offensive véritablement inédite contre nos droits sociaux et démocratiques au travail. Les dégâts sont considérables, mais des résistances et des alternatives solidaires commencent à émerger, tant au sein du salariat que parmi les indépendant.es et auto-entrepreneur.es. Diverses recherches-actions syndicales s’attachent à redynamiser l’action collective autour des enjeux d’un travail bien fait. Comment s’appuyer sur toutes ces initiatives pour instituer des avancées démocratiques dans l’organisation du travail et commencer à penser une sortie de la subordination salariale ? Rendez-vous est pris le 15 janvier pour que ces questions émergent et résonnent dans le débat public !
1Camille Stromboni, « L’hôpital, grand absent de la campagne présidentielle après dix-huit mois de crise sanitaire », Le Monde, 14/11/2021