La tribune ci-dessous est parue dans l’Humanité.
Ne laissons pas Macron commémorer Mai 68 !
« Il apparaîtrait que, dans les sphères dirigeantes, on veuille célébrer le cinquantenaire de Mai 68 ! Les thuriféraires du marché, les champions du « There is no alternative », les représentants du CAC 40 et des start-up à la manœuvre pour célébrer quoi ? Les 10 millions de salariés en grève ? En 1968, j’avais 13 ans, j’étais avec mon père, ouvrier syndiqué CGT, pour occuper l’usine dans laquelle il travaillait dans le 15e arrondissement à Paris. Je ne peux pas, je ne veux pas, sans doute comme des millions de personnes dans le pays, qu’ils aient ou non participé à la plus grande grève de l’histoire sociale de notre pays, que ceux qui représentent les riches, qui détruisent tous les « conquis » sociaux, de notre camp social, aient l’outrecuidance de commémorer Mai 68. Car, s’ils le font, personne n’en doute, ce sera pour ignorer et enterrer les grévistes, leurs revendications, leurs espoirs, leurs rêves. Cela sera, comme ils l’ont toujours fait, pour conjurer leur peur et surtout pousser au silence les acteurs, ceux qui ont fait l’histoire. Ils ont agi ainsi avec 1789 pour le bicentenaire de 1989, avec auparavant 1848 en ignorant ou salissant juin 1848, ou encore avec Octobre 1917. Le meilleur moyen de célébrer Mai 68 serait d’aller vers la généralisation des grèves, et que les anonymes, les « rien » comme dit Macron, prennent la rue. Imaginer Macron, Castaner, July, Barbier, Reynié, Calvi, nous voler Mai 68… ce n’est pas possible. 1968 nous appartient.
Reprenons la parole, luttons ici et maintenant pour changer l’ordre social injuste existant. Les temps changent et pourtant, aujourd’hui, nous avons encore plus de raisons de nous révolter.«