Réactions syndicales à la situation internationale (3)

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Nous poursuivons la publication des réactions syndicales face aux contexte international, aux menaces de guerre, aux déclarations de « réarmement« . Ici une interview de la secrétaire nationale de la CFDT (Béatrice Lestic), chargée des questions internationales, et un communiqué de l’Union syndicale Solidaires sur les luttes actuelles « contre l’austérité et l’effort de guerre« .

 

“La paix ne doit pas être le prix du renoncement à nos valeurs

Extrait du  magazine n°512

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Selon la secrétaire nationale de la CFDT chargée de l’international, le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine rebat les cartes de la géopolitique mondiale. Elle estime qu’il est grand temps pour l’Union européenne de prendre ses responsabilités et d’assurer son autonomie stratégique, y compris en matière de défense.

Par Guillaume Lefèvre — Publié le 01/04/2025

 Washington, Moscou et Pékin partagent une forme de logique impérialiste assise sur la loi du plus fort. Que penser de ce revirement ?

Béatrice Lestic- Donald Trump a complètement embrassé la propagande de Vladimir Poutine. Il nie l’agression russe contre l’Ukraine et fait pression pour obtenir une apparence de « paix » y compris au détriment de l’Ukraine. Cette vision du monde – qui s’illustre dans la phrase célèbre « si vous n’êtes pas autour de la table, c’est que vous êtes au menu » – constitue un inquiétant retour à la logique des empires. Face à cette nouvelle donne, la lucidité impose à l’Union européenne de s’unir et se mobiliser pour défendre et renforcer sa prospérité et son modèle de société démocratique.

 Le 6 mars, la Commission européenne a adopté un plan de 800 milliards d’euros pour « réarmer » l’Europe. Comment réagit la CFDT à cette annonce ?

Cette décision va dans le sens de l’histoire, à condition que cette somme colossale soit utilisée à bon escient. L’UE doit se doter d’un plan stratégique pour éviter que cet argent ne profite avant tout aux fabricants d’armement américains. D’une manière plus générale, c’est une véritable stratégie industrielle que l’UE doit mettre en place. Elle ne peut plus dépendre de la Russie pour son gaz, des États-Unis pour son équipement militaire ou de la Chine pour les technologies liées à la transition écologique.

 Des voix lancent un appel pour une « paix à tout prix ». Que répond la CFDT ?

La paix est une valeur cardinale du mouvement syndical mondial, qui sait que ce sont les peuples qui paient le prix fort des guerres, ce que partage la CFDT. Mais la paix ne peut pas et ne doit pas se faire au prix d’un renoncement à nos valeurs et, dans le cas présent, d’un abandon de l’Ukraine à son sort. Il ne s’agit pas d’être dans une logique guerrière ni même d’envoyer des troupes massives sur le front. Il s’agit d’être réaliste face à une situation géopolitique mondiale qui a profondément changé, et de ne plus être dépendant d’une autre grande puissance pour assurer notre propre sécurité. Une « paix à tout prix » ne freinera pas les ambitions de Moscou, qui ne fait pas mystère de ses visées expansionnistes, y compris vis-à-vis des pays de l’UE tels que la Lettonie, la Lituanie ou l’Estonie.

Emmanuel Macron a laissé entendre que l’« effort de guerre » devrait s’accompagner d’une révision du pacte social.

Remettre en question le pacte social en rognant sur les dépenses sociales en France ou en Europe serait une grave erreur. Dans les moments de crise, il faut rechercher la cohésion et l’adhésion des peuples. Instrumentaliser cette crise pour poursuivre, voire amplifier, un agenda néolibéral n’est pas acceptable. Des solutions, il y en a. Cela passera par un assouplissement des règles de gouvernance économique européenne afin que les investissements militaires ne se fassent pas au détriment des investissements sociaux. Cela peut passer aussi par de nouvelles ressources financières, avec une taxation des très grandes fortunes, des transactions financières et des superprofits des entreprises multinationales, comme le défendent le mouvement syndical européen et la CFDT depuis de longs mois.

 

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En lutte contre l’austérité et l’effort de guerre !

Depuis plusieurs mois, des travailleurs et travailleuses précaires de différents secteurs sont en lutte. Leur point commun? Les coupes budgétaires annoncées qui vont avoir pour conséquence la remise en cause de leurs emplois, de leurs salaires, leurs conditions de travail et de la qualité de leur travail. Ce sont notamment les services publics de la culture, du social et de la santé, du travail, de l’éducation ou les études qui vont les subir de plein fouet. Ce sont notamment les services publics de la culture, du social et de la santé, du travail, de l’éducation ou les études qui vont les subir de plein fouet.

Le 20 mars les salarié·es et précaires de la Culture, les étudiant·es et les retraité·es étaient mobilisé·es. Dans certaines villes, il y a eu des conjonctions entre manifestations (notamment à Lyon et Tours). Dans la Culture, des collectivités territoriales sur certains territoires ont aussi manifesté. Cette mobilisation au long cours dit le refus de voir la culture, le lien social qui en découle, sacrifié sur l’autel des politiques de Macron et de son “effort de guerre”.

Les étudiant·es se mobilisent depuis plusieurs semaines aussi : contre les coupes budgétaires mais aussi la guerre. A Paris, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales les étudiant·es en AG ont été expulsé·es. Il y a aussi des mobilisations à Science Po, à l’IUT d’activité se mobilisent.

Le 1er avril les salarié·es de France travail seront mobilisés. Sud emploi en intersyndicale appelle à la grève, ce sont 1 000 emplois au total qui sont menacés, l’accompagnement des usager·es est de plus en plus sous-traité.

L’audio visuel public ainsi que l’INRAP seront aussi mobilisés ce 1er avril.

Le secteur médico-social sera également en grève ce 1er avril à l’appel de Sud santé sociaux : les salaires sont toujours en berne, malgré les promesses, il faut absolument des créations de poste ! Et le secteur global de la santé sera mobilisé le 5 avril dans le cadre du Tour de France pour la santé.
Sud Rail a déposé un préavis de grève face au refus de négociation de la direction pour les contrôleur·euses.

Localement, des mobilisations se font également jour: la Bibliothèque Nationale de France (Paris) a des piquets tous les samedis depuis un mois et a appelé à la grève le 29 mars dernier contre la précarité et pour la titularisation des vacataires .

Le 29 mars, les syndicats et les associations de lutte pour les droits de locataires réunis dans la plateforme logement étaient dans la rue pour qu’enfin la population, en premier lieu précaire puisse bénéficier d’un logement stable, et pour 300 000 sans abris.

Le 3 avril sera aussi une date de mobilisation de la fonction publique (CGT, FSU, UNSA, Solidaires). Et ce 1er mai se doit d’être une mobilisation du refus du sacrifice de nos droits sociaux et de convergence de nos luttes !

Tandis que le conclave retraites est mort né, tandis que ce gouvernement déroule son plan austéritaire ++ et se prépare à sanctionner durement les allocataires du RSA,

Rejoignons les luttes, multiplions les mobilisations,

organisons nos résistances !

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