Suite au récent congrès de l’Union syndicale Solidaires, le groupe de travail sur l’antifascisme devient une « commission » à part entière de l’Union. Celle-ci publie un bulletin dont voici le numéro de novembre 2021 : « Bulletin d’information de la Commission » Ripostes syndicales face à l’extrême-droite » de l’Union syndicale Solidaires« .
- Télécharger le bulletin complet : 9_VF-1 solidaires
- Ci-dessous l’article d’ouverture sur « la lutte antifasciste reste d’actualité ».
MÊME APRÈS DEUX CARTONS ÉLECTORAUX POUR LE FN/RN LA LUTTE ANTIFASCISTE RESTE TOUJOURS D’ACTUALITÉ
Lors des municipales de 2020, le FN/RN n’a dépassé les 10% des suffrages au premier tour que dans 51,9% des communes où il avait déposé des listes, contre 85,9% en 2014. Le principal parti d’extrême- droite vient de se prendre une nouvelle claque électorale aux régionales de mai 2021 puisque cette édition électorale lui rapporte 252 conseillers régionaux et 26 conseillers départementaux contre, respectivement, 358 et 62 en 2015. Au soir du 27 juin, ces médiocres résultats ont valu à l’électorat FN/ RN un remontage de bretelles de la part des cadres du parti qui, sur les plateaux télé étaient à deux doigts d’engueuler celles et ceux qui de leur électorat étaient resté·es à la maison.
Si jusqu’à présent le vote FN/RN fonctionnait comme un agrégat de toutes les oppositions (parfois même contradictoires), ses résultats aux deux derniers scrutins laissent à penser que le parti des Le Pen commence lui aussi à être impacté par la crise de la démocratie représentative qui se traduit par des taux d’abstention de plus en plus importants.
UNE DÉDIABOLISATION QUI DÉBOUSSOLE
Le processus de dédiabolisation entamé par le FN/RN depuis que Marine Le Pen en a pris la présidence pourrait être une des explications de ces échecs électoraux. De fait, si l’on s’en tient uniquement au discours officiel du FN/RN, on constate que le parti a abandonné une grosse partie de ses chevaux de bataille traditionnels. C’est ainsi par exemple qu’il a abandonné la sortie de l’Union européenne et de la zone euro pour revendiquer maintenant une refonte de l’UE de l’intérieur. Et où sont passées les récurrentes déclarations homophobes de l’ancien président? Si Jean-Marie Le Pen affirmait en 1984 que l’homosexualité était une « anomalie biologique et sociale », maintenant sa fille déclare « Qu’on soit homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, chrétien, juif, musulman ou non croyant, on est d’abord français ! » . A croire que le FN/RN serait maintenant devenu « gay friendly ». Pour autant, même si les positions officielles du parti se sont très largement édulcorées, en matière d’antisémitisme notamment, il lui reste toujours un solide fond raciste et plus particulièrement islamophobe.
Mais voilà : ce déplacement de curseur idéologique imposé par une dédiabolisation de façade déboussole sérieusement les adhérent·es historiques du parti.
D’autant que si le discours du parti a changé, nombre de militant·es, voire de candidat·es FN/RN, se lâchent toujours sur les réseaux sociaux, ce qui amène parfois la direction à devoir faire du ménage dans ses rangs, histoire de donner des garanties sur le changement d’orientation.
UN PARTI PAS SI DIFFÉRENT DES AUTRES
Les réussites électorales précédentes ont permis à des militant·es frontistes de se faire une place au soleil. Comme les autres organisations politiques, le FN/RN se voit maintenant confronté au difficile exercice de la distribution des places. Cette tâche délicate a été compliquée par l’accueil des candidats d’ouvertures. Ces entrées se sont parfois faites au détriment de militant·es déjà bien en place, et qui, n’acceptant pas ces parachutages téléguidés par la direction parisienne du parti, finissent parfois par claquer la porte plus ou moins bruyamment. Ce fut le cas en Occitanie avec Jean-Paul Garraud, débauché de l’UMP, qui est devenu le président du groupe RN à la place de Julien Sanchez, qui y était pressenti. Idem en Nouvelle-Aquitaine où l’arrivée d’anciens cadres de Debout la France a provoqué des départs.
De fait, nous pouvons nous réjouir car ces nombreux départs vont affaiblir le parti. Au-delà de cette perte de forces militantes c’est aussi l’image du FN/RN qui change. Cette guerre du pouvoir au sein du parti le rend de plus en plus semblable à d’autres organisations politiques et il est probable qu’il devienne de plus en plus difficile pour lui de continuer à se faire passer pour « le parti antisystème » qu’il prétend incarner depuis des décennies.
DES ÉCHECS QUI NE DOIVENT PAS NOUS FAIRE BAISSER LA GARDE
Pour autant il importe que nous fassions attention à l’effet du mode de scrutin. Si l’on peut se réjouir de ces deux échecs successifs, il ne faut pas oublier que les règles du jeu électoral ne sont pas toujours les mêmes suivant le type d’élection. La faible implantation locale du FN/RN est certainement une des raisons expliquant la perte d’audience sur les scrutins de liste des municipales et des régionales. Mais le principal parti politique d’extrême-droite a déjà su se relever d’échecs électoraux bien plus cuisants et pour la présidentielle ce sera une tout autre histoire. Le vote se fera sur un nom, et bien que nous ne connaissions pas encore tou·tes les candidat·es qui seront réellement présent·es, c’est là que nous verrons si celui de Le Pen a encore le crédit des plus de 10 millions de voix qui se sont portées sur lui au second tour des présidentielles du 7 mai 2017.
Restera aussi à voir en quoi l’arrivée éventuelle d’un concurrent d’extrême-droite en la personne d’Eric Zemmour viendra empiéter sur l’électorat du FN/RN.
LE GROUPE DE TRAVAIL DEVIENT UNE COMMISSION
- Le Sommaire comprend aussi des articles sur la situation en Europe :
SOMMAIRE :
P2 NE BAISSONS PAS LA GARDE MALGRÉ LES VESTES ELECTORALES DU FN/RN
P3 LE GROUPE DE TRAVAIL DEVIENT UNE COMMISSION !
P4 EXTREME-DROITE PARLEMENTAIRE EUROPÉENNE
P8 SOLIDAIRES CONTRE LE CONGRÈS DU RN
P9 LES LOCAUX DE LA GAB DÉGRADÉS PAR LES FACHOS
P12 ANTIFA LE JEU