Solidarité Myanmar (Birmanie) : CGT, CSI

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Ci-dessous le communiqué CGT de solidarité « avec les peuples du Myanmar« . Il souligne aussi le mouvement de grève qui a démarré, en plus des manifestations, et soutient le président du syndicat CTUM Maung Maung.  Plus bas, la prise de position de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui appelle à un « barrage sonore » mondial le 11 février 2021, à 20h heure de Rangoon. 131369468_1582082338669529_3043496408690627605_n

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Libération pour les peuples du Myanmar !

 

La CGT condamne le coup d’État militaire qui s’est déroulé au Myanmar. Quelle que soit la situation complexe d’un pays, un coup d’État militaire ne constitue jamais une réponse démocratique. Bien au contraire, cela ne fera qu’aggraver les violations des droits humains déjà en cours.

Dans ce pays, l’armée, la Tatmadaw, conserve depuis longtemps un pouvoir considérable et détenait les ministères clés. Les élections de novembre dernier, même si elles se sont tenues dans des conditions difficiles, ont montré un échec total du parti lié à l’armée. L’intervention de celle-ci s’est déroulée alors que le Parlement issu de ces élections devait entamer sa première session. Aung San Suu Kyi, conseiller d’État, a été arrêtée et inculpée.

La position d’Aung San Suu Kyi face à l’armée a été ambigüe, notamment face au génocide à l’encontre des Rohingyas. Elle ira même jusqu’à défendre le Myanmar devant la Cour internationale de justice, en décembre 2019, alors que les généraux birmans sont accusés de «génocide» par les Nations Unies. Peu de temps avant, lors d’un déplacement à Singapour, elle affirmait que ses rapports avec l’armée « n’étaient pas si mauvais » et que les généraux disposant de postes ministériels-clés dans son gouvernement (défense, intérieur, frontières) étaient « plutôt gentils ».

La cause du coup d’État est, sans doute, à rechercher du côté du chef du coup d’État, le général Min Aung Hlaing. Celui-ci a, avec d’autres militaires et leurs familles, de vastes intérêts commerciaux, y compris des accords lucratifs avec des entreprises, certaines françaises, en dehors du Myanmar. Parmi les entreprises fortement impliquées dans les « affaires » avec la Tatmadaw on trouve Total qui ne cache pas ses liens avec l’armée du Myanmar.

La puissance de l’armée birmane n’est pas seulement militaire, elle est aussi économique : elle dispose de 14 % du budget national ; ses financements sont, cependant, plus importants que ne le disent les chiffres officiels et leurs sources restent en partie opaques. Outre son implication bien connue dans les mines de jade et le trafic de drogue, les militaires du Myanmar peuvent profiter des dividendes engrangés par un conglomérat lui appartenant, la Myanmar Economic Holding Public Company Ltd (MEHL), naguère décrite par un diplomate américain comme « l’une des organisations les plus puissantes et corrompues du pays ». La MEHL a, désormais, étendu son influence dans pratiquement chaque secteur économique, des brasseries de bière au tabac en passant par l’exploitation minière et les manufactures textiles.

L’armée reste perçue comme l’institution ayant oppressé le peuple durant son demi-siècle au pouvoir, de 1962-2011.

En 2017, l’ampleur de l’agression militaire a forcé plus de 700 000 Rohingyas à se réfugier au Bangladesh voisin pour fuir massacres, exécutions sommaires et viols perpétrés par les soldats du Myanmar. Mais, les persécutions avaient commencé bien avant et ce n’est certainement pas le pouvoir militaire qui va ramener la paix et des conditions de vie décentes pour ce peuple persécuté.

Le lendemain du coup d’État, des médecins et des agents de santé de 70 hôpitaux du Myanmar ont déposé leurs ustensiles et instruments pour protester contre le coup d’État. Les habitants de Yangon frappent sur des casseroles chaque nuit, à 20 heures, pour s’opposer au coup d’État.

En quelques jours, les travailleurs se sont mis en grève dans tout le pays, fermant les lieux de travail, y compris la Myanmar Oil and Gas Enterprise contrôlée par Tatmadaw, la Myanmar National Airlines, les chemins de fer, les mines et les ministères du gouvernement, ainsi que des chantiers de construction, des usines de confection et des écoles.

Maung Maung, le Président de CTUM, qui s’était exprimé au congrès de la CGT, à Toulouse, en 2013, après de très nombreuses années de clandestinité et de nombreux.euses militant·e·s syndicalistes ont dû fuir dans la forêt birmane, en un lieu sûr, pour échapper aux arrestations et aux exactions.

La CGT adresse sa solidarité aux militants du mouvement social et particulièrement à leur organisation syndicale CTUM et espère que l’intervention des organisations internationales comme la CSI, l’OIT et les Nations Unies aideront à ramener la démocratie, pour toutes les populations de Birmanie.

 

Montreuil, le 11 février 2021

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Rejoignez le mouvement syndical qui lutte pour la démocratie au Myanmar

Le 1er février 2021, un jour avant la réunion du Parlement nouvellement élu, les forces armées birmanes – officiellement connues sous le nom de Tatmadaw – ont procédé à l’arrestation du président Win Myint, de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et de plus d’une centaine de responsables politiques élus, tous membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti sorti largement victorieux des urnes lors des élections de novembre 2020. Après avoir déclaré, au mois de novembre dernier, que des fraudes avaient été commises lors de ces élections, le Tatmadaw a décrété l’État d’urgence pour une période d’un an.

Le lendemain, le 2 février 2021, les médecins et le personnel soignant de 70 hôpitaux du Myanmar ont arrêté le travail en guise de protestation contre le coup d’État. Chaque soir à 20h00, les habitants de Yangon martèlent poêles et casseroles pour marquer leur opposition à cette prise de pouvoir par la junte militaire.

En quelques jours à peine, les travailleurs sont partis en grève partout dans le pays, laissant leurs lieux de travail portes closes, notamment l’entreprise gazière et pétrolière Myanmar Oil and Gas Enterprise contrôlée par l’armée, la compagnie aérienne nationale Myanmar National Airlines, les chemins de fer, les mines et les ministères gouvernementaux, ainsi que les chantiers de construction, les usines de vêtements et les écoles.

La Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM), affiliée à la CSI, de même que la Fédération syndicale Myanmar Industry Craft and Service Trade Unions Federation (MICS), ont quitté le Forum national tripartite du travail pour marquer leur refus de reconnaître l’administration en place et ont appelé leurs membres à rejoindre les rangs des grévistes le 8 février 2021.

Au lendemain des coups d’État de 1962 et 1988, la junte militaire a écrasé les mouvements démocratiques, imposé la loi martiale, assigné à résidence les têtes de file de l’opposition, refusant de placer le pouvoir entre les mains des gouvernements élus, interdisant les organisations syndicales et érigeant une véritable forteresse économique pour extraire les richesses et les ressources naturelles du pays.

Les sanctions internationales infligées au Myanmar ont été levées en 2011 après la libération d’Aung San Suu Kyi, mettant ainsi un terme à 15 ans d’assignation à résidence. Après l’instauration d’un gouvernement civil en 2015, les dirigeants de l’ancienne Fédération des syndicats de Birmanie (FTUB), dont Maung Maung, soutenus par la CSI et les syndicats internationaux durant leur exil, ont pu retourner dans leur pays et faire enregistrer la Confédération des syndicats du Myanmar (CTUM).

Afin de soutenir la Confédération des syndicats du Myanmar, CTUM, en coordination avec le Conseil des Global Unions (CGU), la CSI appelle l’ensemble de ses affiliés à travers le monde à participer à un barrage sonore mondial, le 11 février 2021 à 20h00, heure de Yangon (14h30 CET, 09h30 EST, 10h30 BRT):

  • Manifestez bruyamment devant les bureaux du syndicat et/ou devant les ambassades ou consulats du Myanmar. N’oubliez pas de respecter les protocoles de santé et de sécurité, et de partager vos vidéos et photos en ligne.
  • Faites également du bruit sur les réseaux sociaux en publiant des déclarations, des vidéos et des photos sur les plateformes officielles et personnelles.
  • Utilisez les canaux de communication de votre syndicat pour encourager les affiliés et les travailleurs à se joindre aux actions de solidarité.
  • Organisez des conférences de presse et/ou faites connaître votre point de vue via les médias populaires.

Lors de vos actions, utilisez le salut à trois doigts, portez des chemises rouges et des ballons rouges et servez-vous de tout ce que vous avez sous la main pour faire du bruit. Hashtags recommandés: #Workers4Myanmar et #SaveMyanmar.

Suivez et soutenez la confédération CTUM sur Facebook et consultez cette page de mobilisation pour obtenir du matériel et les dernières informations à propos de cette campagne.

Liens:
- La CSI et les syndicats internationaux condamnent le coup d’État au Myanmar: CES, ISP, IndustriALL, IBB, IE, FIJ
- Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation au Myanmar demande instamment au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de convoquer une séance spéciale sur le Myanmar, le 7 février.
- L’UE suspend la formation de la police du Myanmar, 7 février
- Une mission exploratoire de l’ONU sur les liens économiques des militaires du Myanmar, septembre 2019.
- Sanctions ciblées pour les partenaires commerciaux et les entreprises aux mains de l’armée du Myanmar, Justice for Myanmar, 4 février.

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