A l’heure où le nouveau gouvernement a mis en avant un « chèque alimentaire » dans son projet de mesures face à l’inflation, plusieurs organisations, dont la Confédération paysanne, partie prenante du collectif Plus jamais ça, développent une idée neuve : une « Sécurité sociale de l’alimentation« , basée sur des cotisations donnant accès à des produits de qualité, en lien avec une agriculture en circuit court. Ci-dessous le communiqué de la Confédération paysanne.
- site : www.confederationpaysanne.fr
- Collectif : https://securite-sociale-alimentaire.org
Pour une politique alimentaire et agricole, le gouvernement doit mettre en place la sécurité sociale de l’alimentation
Si ces débats ont le mérite de pointer un défaut d’accès universel à une alimentation de qualité et une explosion de la précarité alimentaire (+ 50 % de bénéficiaires de l’aide alimentaire entre 2018 et 2020*), ce n’est en aucun cas une politique publique de l’alimentation et encore moins une politique agricole remettant au cœur des débats l’enjeu de la rémunération paysanne. Si cette question n’est pas abordée, il sera illusoire d’espérer renouveler les générations de paysans et paysannes et donc de permettre à chacun et chacune de manger en quantité et qualité. La Confédération paysanne regarde donc avec circonspection ce projet.
En effet, avec le Collectif « pour une sécurité sociale de l’alimentation », la Confédération paysanne propose depuis 2018 la mise en place d’une véritable politique publique alimentaire, basée sur la cotisation, capable de transformer en profondeur le système de production agricole pour fournir aux citoyen.nes un accès universel à une alimentation choisie et de meilleure qualité respectant les fondements du droit à l’alimentation.
L’heure n’est plus aux mesurettes ni à la perpétuation d’un système qui instaure des politiques pour les « riches » et pour les « pauvres » et qui fait de l’aide alimentaire le débouché de l’agro-industrie et des produits ultra-transformés.
Dans le respect de l’article 1er de la Loi d’avenir agricole de 2014, le Gouvernement aurait déjà dû mettre en place une politique publique permettant « d’assurer à la population l’accès à une alimentation sûre, saine, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante, produite dans des conditions économiquement et socialement acceptables par tous, favorisant l’emploi, la protection de l’environnement et des paysages et contribuant à l’atténuation et à l’adaptation aux effets du changement climatique ».
Pour réaliser ces objectifs, une seule option : la création d’une sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Sortir du cercle vicieux de l’aide alimentaire, mettre les citoyen.nes au centre des décisions, permettre aux paysannes et paysans d’être justement rémunérés via un conventionnement : tels sont les grands principes de la SSA.
Nous sommes conscients de l’ampleur de la tâche. Nous avons su socialiser l’accès à la production de santé, nous saurons le faire pour l’accès à l’alimentation. Nous sommes prêts à soumettre cette proposition à la Première ministre et aux futur.e.s élu.es de l’Assemblée nationale afin de la concrétiser dès la prochaine loi de finances et faire ainsi face au double défi de l’accès à une alimentation de qualité pour tous et toutes et de la rémunération des paysan.nes.
10 juin 2022
* Chiffres du Conseil National de l’Alimentation 2022.