Une tribune de syndicalistes contre l’extrême-droite

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Dans les page débats du quotidien l’Humanité (18 octobre 2024) une tribune de syndicalistes revient sur la lutte contre l’extrême droite. Les deux syndicalistes sont les coordinateurs d’un livre publié chez Syllepse abordant les défis auquel le syndicalisme est confronté au 21ème siècle. Nous reproduisons cette tribune qui contribue au débat sur la reconquête du salariat à une alternative de gauche. Et à la place du syndicalisme dans ce travail de reconquête.

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Contre l’extrême-droite, c’est le salariat qu’il faut mobiliser

Après les scores impressionnants et en progression du Rassemblement National aux dernières élections européennes et législatives, avec plus de 10 millions de voix et de nombreux suffrages chez les ouvriers et les employés, la gauche s’interroge légitimement pour savoir comment faire mieux.

Elle le doit impérativement, et pas seulement pour des raisons électorales. En effet, sans les ouvriers et les employés, la gauche n’est pas la gauche.

Une controverse s’est développée publiquement sur les lieux de militantisme à prioriser ou pas. Pour nous syndicalistes c’est un faux débat. Du moins en partie. Car la question essentielle doit être la reconquête de notre camp. Celui du travail !

Partons des faits : le Rassemblement National ne cesse de progresser, en particulier dans le vote du salariat et notamment dans les catégories les plus exploitées.

L’abandon des classes populaires a été théorisé par le « think tank » Terra Nova. Nous en connaissons les conséquences politiques puis électorales : la trahison des espoirs de notre camp social par le gouvernement Hollande, Valls, Macron, Cazeneuve.

Les lois El Khomri, Touraine, Macron ont amplifié les politiques libérales des gouvernements précédents contre les acquis sociaux du CNR et des luttes sociales passées.

Macron n’a fait que poursuivre, en l’aggravant encore, ce funeste chemin.

Une des explications, même si ce n’est pas la seule, du vote des employés et des ouvriers pour le RN s’explique en partie par cette trahison.

Chez les ouvriers et les employés ce qui domine c’est que gauche et droite c’est la même chose, d’où le refuge dans l’abstention ou le vote RN, l’identité remplaçant la fierté d’appartenir à une communauté, celle des travailleurs qui permettra par le progrès de faire en sorte que nos enfants vivent mieux que nous.

Le vote RN c’est celui du repli, celui des défaites accumulées.

La question qui nous est posée est donc celle de la reconquête.

Rien ne pourra se faire sans l’unité de toute la gauche. Le NFP est un bien précieux qu’il nous faut conserver et développer.

Au-delà de l’unité des formations politiques de gauche, qui est certes indispensable, il est tout aussi urgent de regagner les nôtres.

Ce n’est pas une perte de temps que de militer dans les quartiers ou les campagnes populaires mais rien ne changera si les ouvriers et les employés qui habitent La Courneuve, Lens, Issoire, ou Martigues, ne s’impliquent pas dans la lutte des classes.

Ils et elles sont de toutes origines.

Le salariat mène les luttes de classe dans les entreprises, là où se créent les richesses.

C’est la lutte entre le capital et le travail qui reste déterminante.

Nous avons reculé dans notre capacité à nous mobiliser là où les travaillleuses et les travailleurs créent des richesses, notamment dans le secteur privé.

Avouons que comme syndicalistes nous sommes souvent effarés du manque de connaissances du salariat réel de la part des députés de gauche, de leur ignorance du syndicalisme, de ses problématiques, de ses difficultés, de son fonctionnement.

Nous prônons de revenir aux fondamentaux que nous n’aurions jamais dû abandonner : la lutte des classes.

Il y a nécessité à imaginer ou redéfinir quelles relations nous devons tisser entre politique et mouvement syndical, quel travail en commun nous devons construire en respectant les prérogatives de chacun.

Regagner la confiance des ouvriers et des employés, unifier tous les salariés, du public au privé, de l’ouvrier à l’ingénieur passera par le renforcement du mouvement syndical.

Regagner l’hégémonie idéologique, la bataille des idées, ne peut se faire qu’avec des travailleuses et travailleurs organisés.

Regagner notre camp social consiste aussi à valoriser la fierté de ceux qui produisent les richesses et à s’engager résolument à coté du mouvement syndical, sans l’instrumentaliser ou lui donner des leçons.

Regagner les nôtres c’est aussi promouvoir dans nos partis les salariés à des postes de responsabilité.

La gauche redeviendra forte quand notre camp social s’identifiera à elle et quand ses dirigeantes et dirigeants lui ressembleront.

Pour gagner, c’est la majorité sociologique du pays qui doit se mobiliser autour de ses intérêts communs. Le NFP propose des mesures qui vont dans ce sens. Au salariat et à ses organisations de s’en emparer pour faire majorité.

 

Signataires :

Patrick Brody et Jean-Claude Branchereau, syndicalistes, co-auteurs de « Syndicalisme – Cinq défis à relever »,

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