Pour une surprise, c’est une surprise! Alors que le Premier mai a fait étalage d’une division syndicale peu de temps après la journée plutôt réussie du 9 avril- mais l’arc de forces syndicales mobilisable dans l’une ou l’autre journée n’était pas le même, ce qui a beaucoup compliqué la situation- et alors que la dernière intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires réunie le 12 mai n’a pas donné lieu à de nouvelles perspectives communes avant l’été (une nouvelle rencontre est néanmoins prévue le 8 juin), l’hebdomadaire Marianne met autour d’une table Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez (CGT). S’en suit une longue conversation où chacun semble avoir le coeur de trouver des rapprochements possible. Mais comme ils le disent l’un et l’autre en conclusion, un cheminement s’est produit discrètement, et pas seulement entre CFDT et CGT, depuis le 11 janvier dernier, qui devrait bientôt faire apparaitre une déclaration commune très large. Le coup de semonce du Front national, les tensions racistes persistantes, les débats de société (laïcité…), poussent les directions syndicales à rechercher les points de valeurs communes. C’est une bonne chose, surtout si cela pousse aussi à débattre d’un cadre revendicatif convergent. Mais là, nous n’en sommes qu’aux balbutiements.
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» Ce que nous pouvons faire ensemble »
(Extraits)
Laurent Berger (à propos du Pacte de responsabilité) : « Nous avons fait ce choix sans penser qu’il s’agissait d’une solution miracle. Nous ne le regrettons pas, même s’il y a un manque de mobilisation dans certaines branches […]. la CFDT s’est battue pour que la trajectoire du pacte de responsabilité soit annoncée… mais pour que les aides 2016 et 2017 ne soient pas inscrites dans la loi ! Je le martèle : les aides potentielles de 2016 ne devront être versées qu’aux branches et entreprises qui ont investi, formé, créé de l’emploi ».
Philippe Martinez (sur la portée de l’unité d’action) : « J’en suis convaincu : tant que nous ne rapprocherons pas nos positions sur des sujets majeurs, nous ne décanterons pas la situation dans ce pays ! A la CGT, on a un débat sur le coût du capital (versus celui travail) qui – quel’on soit d’accord ou pas – mériterait un travail en commun avec les salariés. En se posant la question : y a-t-il de l’argent ou pas en France, en Europe ? »
Sur les accords négociés: P.Martinez : « Entre ce que la CGT voudrait et la réalité, il y a aussi des différences. J’accepte tout à fait que mon organisation paraphe un accord qu’elle a critiqué lorsque les salariés l’ont décidé parce que certaines dispositions améliorent leur situation concrète. Ce n’est pas partagé par tous dans mon organisation, c’est cependant notre conception de la démocratie en entreprise. »
L.Berger : « Sur ce point, nos approches peuvent être similaires ».
Sur les chômeurs : L. Berger : « Je te propose de travailler ensemble sur un vrai sujet : le chômage de longue durée. Car, si l’économie repart, des gens resteront scotchés parce qu’il n’y a pas de formations d’accompagnement disponibles. Nous devrons dégager des moyens supplémentaires ».
P.Martinez : « On ne peut pas faire reposer l’absence de reprise de l’emploi sur les droits acquis des salariés. Il faut lutter contre cette idée. Quel que soit le dessein du gouvernement, nous refuserons une flexibilisation des contrats de travail ! »
L.Berger : « Sur ce point aussi, nous sommes d’accord ».