Le 25 novembre est maintenant une journée de mobilisation internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. En France, l’intersyndicale des 8 organisations y appelle et décline un ensemble de propositions. Dès le 17 octobre 2024, des dizaines d’associations féministes, des syndicats et partis politiques appelaient à manifester contre les violences sexistes et sexuelles suite au procès et aux violeurs de Mazan et à toutes les révélations de cet automne 2024 : nous rappelons cette prise de position, qui donnait la journée du 25 novembre en perspective.
- Télécharger l’appel :2024_11_18 CP Intersyndical 25 novembre 2024
Au travail, les violences sexistes et sexuelles existent !
STOP, il faut des actes et des moyens !
Le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, a une signification encore plus particulière cette année. Le procès de Mazan, comme d’autres récemment, secoue notre société et révèle à quel point le pays doit se doter d’un plan global interministériel pour prévenir et traiter rigoureusement les violences sexistes et sexuelles. Dans ce cadre, les services publics – en particulier ceux de la santé, la justice, la police, l’Education doivent être renforcés et bénéficier d’un budget à la hauteur des enjeux que représente l’éradication de ces violences.
Au travail comme ailleurs, les violences sont massives, graves et touchent les femmes de toutes professions, du secteur privé comme public et de toutes catégories socioprofessionnelles.
Harcèlement moral à caractère sexiste, agissement sexiste, harcèlement sexuel, agression sexuelle et viol, ne sont pas que des mots : 9% des viols ou tentatives de viols ont lieu au travail, 30% des salariées ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail et 70 % de ces victimes de violences au travail déclarent n’en avoir jamais parlé à leur employeur. Pour celles qui parlent, c’est souvent la double peine : 40 % estiment que la situation s’est réglée en leur défaveur, par une mobilité forcée voire un licenciement
De trop nombreux employeurs, qu’ils soient publics ou privés ne respectent pas leurs obligations en matière de prévention, de protection des victimes et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail alors même que la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses est une obligation de l’employeur.
Nous exigeons des actes, des moyens et une politique ambitieuse de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans la vie, comme au travail.
Les violences sexistes et sexuelles au travail : un problème majeur de santé publique !
Ça suffit, il faut changer de paradigme
Or dans le secteur privé comme dans la Fonction publique, cette obligation est insuffisamment respectée. En témoignent l’absence de plans de prévention et le fait que certaines administrations publiques ne répondent pas à leur obligation sur la mise en place de dispositifs de signalement qui restent peu opérationnels car pas suffisamment financés en moyens humain et budgétaire et méconnus des agentes de la Fonction publique.
Le 12 avril 2023, la France a ratifié la 190ème Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Une victoire en demi-teinte car le gouvernement français ne l’accompagne pas d’évolutions du droit français. Or, la législation française n’est en l’état pas pleinement conforme à la Convention 190 et à la recommandation 206 qui l’accompagne. Nous demandons donc au gouvernement de franchir une nouvelle étape en matière de prévention, d’obligations et de sanctions pour lutter contre ces violences et renforcer la protection des victimes.
Il est temps que la France s’aligne sur les meilleures législations européennes, qu’elle aille au bout de ses engagements et que des concertations soient rapidement ouvertes pour intégrer de nouveaux dispositifs dans la loi :
- Faire un bilan rigoureux des mesures de 2018 et identifier les nouvelles dispositions à
- Construire un baromètre annuel pour évaluer le ressenti des salarié∙e∙s et des agent∙e∙s sur les violences sexistes et sexuelles au travail – sous l’égide du Haut Conseil à l’Égalité.
- La mise en place de sanctions pour toutes les entreprises et établissements qui n’ont pas de plan de prévention des violences sexistes et sexuelles et de dispositif de signalement négocié
- Des droits pour protéger les victimes de violences conjugales : abrogation des jours de carence en cas d’arrêt maladie, interdiction de licenciement, droit à absences rémunérées pour faire ses démarches, droit à la mobilité géographique et fonctionnelle
- L’obligation de formation des personnels des ressources humaines, personnels encadrants, élu·es dans les instances représentatives du personnel (comité sociaux…)
- Des moyens pour que les référent∙es harcèlement/violence et les élues VDHA (violence, discrimination, harcèlement, agissement sexiste) puissent jouer leur rôle syndical : prérogatives clairement définies, temps de délégation, formations….
- L’obligation annuelle d’une campagne de sensibilisation sur les violences sexistes et sexuelles auprès de l’ensemble des salarié∙es sur leur temps et lieu de travail.
- L’obligation de mise en place de dispositifs de prévention spécifiques pour les travailleuses et travailleurs les plus vulnérables et notamment les jeunes, les précaires, les personnes LGBTI+, les travailleuses de nuit ou en milieu non mixte…
- Des droits pour que les victimes de violences sexistes et sexuelles travaillant dans des entreprises sans représentant∙e du personnel puissent être défendues et accompagnées par un syndicat face à leur employeur.
- Un accès aux soins garanti avec le remboursement à 100 % des consultations en psycho- traumatologie pour les victimes.
Les violences sexistes et sexuelles au travail ne sont pas une fatalité et transformer le travail, c’est transformer la société tout entière !
Des rassemblements partout contre les violences sexuelles le 19 octobre 2024
jeudi 17 octobre 2024
Le 19 octobre toutes ensemble devant les Palais de Justice contre les violences sexuelles
Procès des violeurs de Mazan, révélations sur l’Abbé Pierre, viol suivi du meurtre de Philippine, chaque jour qui passe nous montre à quel point la culture du viol imprègne notre société et à quel point l’impunité des agresseurs est forte.
Infirmier, chanteur, abbé, médecin, employé, acteur….il n’y a pas de profil type du violeur, celui ci est un monsieur tout le monde. Ces violences sont perpétrées à 96% par des hommes qui mettent en place des stratégies spécifiques pour arriver à leurs fins, dont la soumission chimique au coeur du procès de Mazan.
Certain.e.s récupèrent le viol et le meurtre terribles de Philippine non pour demander des actes et des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, et notamment ici la prévention de la récidive, mais pour exiger plus de répression à l’encontre des étrangers. De fait leur but n’est pas de défendre les femmes, ni de lutter contre le patriarcat.
Ils instrumentalisent la lutte contre les violences faites aux femmes pour servir leurs objectifs racistes et anti immigrés.
Nous leur disons que nous ne sommes pas dupes, la cause des femmes ne servira pas leur projet politique xénophobe.
Mais, face à la révolution MeToo, où est la révolution institutionnelle ?
Contre l’impunité qui progresse au lieu de régresser.
Pour que la Justice soit enfin rendue aux 94000 victimes de viol et aux victimes d’agressions sexuelles chaque année en France.
Pour que les victimes soient renforcées dans leurs droits, protégées et non maltraitées, que leur parole ne soit pas systématiquement déniée.
Pour qu’enfin les institutions soient à la hauteur du courage des victimes.
Pour que les corps des femmes et des enfants cessent d’être considérés comme mis à disposition des agresseurs qui agissent en toute impunité .
Pour une loi cadre intégrale contre les violences sexuelles et 2,6 milliards d’Euros par an contre les violences dont 332 millions dédiés à la lutte contre les violences sexuelles.
Le 14 septembre nous avons été plusieurs dizaines de milliers à montrer notre colère à l’encontre de ce système qui
reproduit les violences et les légitime et notre solidarité avec toutes les victimes partout en France.
Le 19 octobre nous serons à nouveau unies et mobilisées pour montrer que nous sommes déterminées à mettre un terme
aux violences sexuelles par des rassemblements et des chaînes humaines devant tous les Palais de Justice .
Le 23 novembre nous serons à nouveau dans la rue pour exiger des moyens et des actes contre toutes les violences.
En décembre, janvier, février, mars… nous serons mobilisées chaque mois jusqu’à ce que nous soyons entendues.
Signataires au 17 Octobre 2024 : Après, Assemblée des Femmes, Association #StopFisha, Association Mémoire traumatique et victimologie, Attac France, CentraleSupelec au Féminin, CGT, Chiennes de Garde, Coll civg Tenon, Collectif droits des femmes 14 LGBT+,Collectif national pour les Droits des Femmes, Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, ENSEMBLE !, Ensemble contre le sexisme,FAGE,Fédération nationale Solidarité Femmes, Femmes Egalité,Femmes ici et ailleurs,Femmes solidaires,Femmes Sourdes Citoyennes et Solidaires,Fondation Copernic, Fondation des femmes, FSU,Gauche Eco Socialiste, Iran justice, La France Insoumise, Las Rojas, Le Cercle Olympe de Gouges, LDH ,Le Planning familial, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes de Paris, Maison des Femmes Thérèse Clerc, Marche Mondiale des Femmes France, Mémoire traumatique et victimologie, NPA l’Anticapitaliste, Organisation de Solidarité Trans (OST ),Osez le féminisme, Parti de Gauche, PCF, Pépite Sexiste, Réseau Féministe « Ruptures », Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France, UNEF le syndicat étudiant, Union des Femmes Socialistes – SKB, Union étudiante, Union syndicale Solidaires. Zéromacho.