Nous avons reçu ce courriel de Thomas Coutrot, pour inviter à soutenir des syndicalistes brésiliens. Il s’agit d’obtenir la reconnaissance de la participation patronale à « l’élimination de militants ouvriers » au moment de la dictature militaire. Des firmes multinationales comme Volkswagen sont directement impliquées.
A l’attention des personnalités et organisations de défense des droits et de préservation de la mémoire des travailleurs et du mouvement ouvrier
Bonjour,
Le 23 octobre, Volkswagen a signé un « terme d’ajustement de conduite » (TAC) avec les ministères publics fédéral, du travail et de l’État de São Paulo pour sa participation à de graves violations des droits de l’homme au cours de la dictature militaro-industrielle.
C’est une victoire importante, car pour la première fois la participation patronale au coup d’État de 1964 et à la répression dictatoriale de la classe ouvrière est officiellement reconnue. Cette conquête est le résultat d’années de travail de nombreux collectifs, à commencer par le Groupe de Travail « Dictature et répression des travailleurs et du mouvement syndicale, la Commission nationale pour la vérité et la Commission pour la vérité de l’État de São Paulo – Rubens Paiva.
Malgré cela, l’accord présente de sérieuses limites. La construction d’un Centre de mémoire ouvrière, pour la préservation et la diffusion de la mémoire des luttes de la classe ouvrière et de la participation des entreprises à la dictature – revendication centrale de celles et ceux qui ont enquêté sur les exactions de l’entreprise et ont lutté pour leur reconnaissance – a été ignorée. En ce sens, nous pensons qu’il y a eu une victoire pour l’entreprise: l’accord exonère Volkswagen de toute responsabilité, faisant taire la mémoire des travailleurs.
La correspondance ci-jointe est une demande d’aide (ANNEXE 1). Notre position sur le TAC est détaillée dans ce document. Nous sollicitons des instances de mémoire, des musées, des centres de documentation, des réseaux mémoriels, des entités similaires, ainsi que des militants des droits de la personne humaine et et des personnalités liées aux luttes ouvrières.
Si vous en êtes d’accord, nous vous proposons, à vous ou à votre entité, d’envoyer aux avocats chargés du suivi de l’affaire Volkswagen (liste ci-dessous) un appel en défense de la mémoire de la classe ouvrière. Nous joignons à cet e-mail un modèle de lettre (ANNEXE 2) à envoyer. N’hésitez pas à modifier ou ajouter des informations.
Si vous êtes prêt à envoyer le document aux ministères publics, mettez-nous en copie de cet e-mail (secretaria@iiep.org.br) afin que nous puissions enregistrer votre soutien.
Nous sommes disponibles pour tout éclaircissement.
Cordialement,
Sebastiao Neto,
- Télécharger l’annexe 1 : ANEXO1-apoio-memoria-trabalhadores-20112020
- Télécharger l’annexe 2 : ANEXO2-PARA ENVIO MP-modelo-carta
- Adresses :
Procuradores/as e promotores/as responsáveis pelo caso:
MPF: Dr. Pedro Machado (prsp-assessoriaprdc@mpf.mp.br
MP-SP: Dr. Eduardo Valério (valerio@mpsp.mp.br)
MPT: Dra. Sofia Vilela (sofia.vilela@mpt.mp.br) e Dr. Ricardo Ballarini (ricardo.ballarini@mpt.mp.br)
- Traduction du message à envoyer aux procureurs : (annexe 2)
A l’attention des Dr. Pedro Machado et Dr. Marlon Weichert, du Ministère Public Fédéral,
de Dr. Eduardo Valério, du Ministère Public de l’Etat de São Paulo,
et de Dra. Sofia Vilela et Dr. Ricardo Ballarini, du Ministère Public du Travail,
OBJET: Affaire Volkswagen – en défense d’un Centre de mémoire des travailleurs
____( nom de l’organisation)__
exprime sa préoccupation avec la manière dont se conclut l’«affaire Volkswagen ».
Le récent « Terme d’ajustement de conduite » signé entre le gouvernement fédéral, l’État de São Paulo et le ministère du travail est une victoire pour celles et ceux qui luttent pour les droits humains au Brésil. Volkswagen est la première entreprise à être reconnue comme ayant participé à de graves violations des droits humains commises par la dictature. Cette conquête est le résultat d’années de travail, en particulier celui du Groupe de Travail « Dictature et répression des travailleurs et du mouvement syndicale » de la Commission nationale pour la vérité, de la Commission pour la vérité de l’État de São Paulo – Rubens Paiva., des travailleurs syndiqués, ainsi que des avocats et des procureurs qui ont accepté les plaintes et mené les procédures qui ont conduit à la signature du TAC.
Cependant, nous considérons que la conclusion donnée à cette affaire ignore l’importance de préserver et de divulguer la mémoire de la classe ouvrière, ainsi que de construire une large reconnaissance de la participation patronale au coup d’État de 1964 et aux violations des droits de l’homme perpétrées par la dictature – des objectif chers aux responsables de la plainte déposée auprès du ministère public fédéral en septembre 2015.
En ce sens, nous remettons particulièrement en question l’allocation des ressources de Volkswagen au Fonds de défense des droits diffus, au Fonds spécial de dépenses pour la réparation des intérêts diffus lésés, et au Mémorial de la Lutte pour la Justice. Les deux fonds institutionnels ne sont pas liés à des projets de droits humains, encore moins à des initiatives de défense de la classe ouvrière. Quant au Mémorial de la Lutte pour la Justice, aussi louable que soit le projet, il est public et notoire qu’il vise à valoriser la mémoire des avocats et des anciens prisonniers politiques. Même en proposant des ajustements au plan muséologique actuel, il n’est pas possible de modifier structurellement le projet afin qu’il prenne en compte à titre central la mémoire des travailleurs et travailleuses. Il n’y a donc aucun lien entre les violations des droits de l’homme commises par Volkswagen – qui visait uniquement les travailleuses et les travailleurs avec pour seul objectif la maximisation de ses profits – et la destination actuelle des ressources dégagées par le TAC.
Nous estimons que les fonds versés par Volkswagen en tant que réparations devraient être utilisées pour la création d’une institution muséologique centrée sur la préservation et la divulgation de la mémoire des travailleurs et travailleuses. En ce sens, nous rappelons la proposition du groupe qui a constamment accompagné les négociations: la création d’un Centre de mémoire des travailleurs à la galerie Prestes Maia. Selon nous, les négociations engagées avec la mairie de São Paulo – à un stade avancé au moment de la signature du TAC – devraient se poursuivre pour officialiser l’attribution de cet espace.
Les travailleurs et travailleuses brésiliens ont été systématiquement ignorés par l’histoire officielle et ont peu d’espace pour faire valoir leur lutte et leur résistance ardues pour la démocratie et les droits. Nous estimons que la résolution de l’affaire Volkswagen permettrait de franchir une étape importante dans ce domaine.
Avec nos respectueuses salutations,