Les 8, 9 et 10 octobre 2019, avait lieu à Villarceaux (60) un stage syndical international organisé par le Global Labour Institute (GLI) et en France par le REACT (Réseau pour l’action collective transnationale). Y participaient des syndicalistes CGT, FSU, Solidaires, mais aussi de plusieurs pays d’Europe (Belgique, Suisse, Pologne), des USA et d’Afrique, ainsi que des militants associatifs (livreurs à vélo par exemple). Un compte rendu partiel sera fait ultérieurement. Nous publions ci-dessous le Manifeste du GLI adopté à Manchester en 2015, qui résume le projet de cet institut de soutien au syndicalisme international.
Manifeste du GLI
Université du syndicalisme international – Manchester, UK, 2015
A. Notre objectif politique commun
L’agenda néolibéral constitue un défi fondamental pour les valeurs sur lesquelles repose le mouvement syndical : démocratie, bien commun, coopération et équité. Une organisation industrielle internationale forte est nécessaire, mais insuffisante en soi. Le mouvement syndical international doit établir ou réaffirmer un agenda politique. Une grande partie du mouvement syndical international a tellement intériorisé l’idéologie néolibérale dominante qu’il n’y a que peu ou pas de discussion sur la politique : par exemple, comment établir un contrôle démocratique sur les marchés financiers ou comment gérer les banques comme des services publics. Le changement climatique, qui représente une menace existentielle pour la vie sur terre, reste en marge de l’agenda syndical. Nous devons lutter contre toutes les formes de discrimination à l’encontre des groupes vulnérables et sous-représentés.
Nous avons besoin de :
- Développer des programmes de formation politique et historique au sein des syndicats nationaux et des fédérations internationales afin d’explorer, discuter et redéfinir la dimension politique du syndicalisme pour créer un agenda politique international
- Construire des mouvements de solidarité véritablement mondiaux en utilisant des stratégies horizontales, et s’engager avec des mouvements de justice sociale, des groupes citoyens et des campagnes plus
- Veiller à ce que le mouvement syndical international représente les intérêts économiques, sociaux et politiques de tous les travailleurs, y compris les travailleurs informels, précaires, au chômage et
- Promouvoir la pluralité et le dialogue politique
B. Démocratie
Le renforcement du rôle des organisations syndicales internationales doit aller de pair avec un renforcement de la capacité de rendre des comptes et de répondre aux membres et des représentants élus des syndicats affiliés.
Nous avons besoin de :
- Renforcer le fait que les responsables des politiques et programmes internationaux des syndicats nationaux soient comptables devant leurs membres
- Critères solides, clairs et applicables pour l’acceptation des syndicats et des fédérations nationales au sein des fédérations internationales, fondés sur les principes clés du syndicalisme démocratique : indépendance vis-à-vis des gouvernements et des employeurs et structures basées sur les cotisations
- Veiller à ce que les alliances politiques travaillent pour nous dans la transparence et la responsabilité démocratique envers nos membres, y compris l’autonomie financière et politique.
- Établir des normes et des procédures pour traiter le problème des syndicats affiliés qui sont jugés corrompus, non démocratiques ou manipulés par les gouvernements, les employeurs ou les partis politiques, y compris, le cas échéant, l’expulsion des organisations syndicales internationales. Reconnaître ouvertement que le problème existe et est
profondément préjudiciable au mouvement syndical démocratique, et encourager un débat et une discussion ouverts sur les critères et le processus d’affiliation/désaffiliation.
- Les organisations syndicales internationales devraient soutenir et défendre le droit des travailleurs à établir leurs propres syndicats démocratiques lorsqu’ils sont confrontés à des organisations non démocratiques ou corrompues, même lorsque cela a pour effet de créer des structures syndicales rivales ou de violer les lois nationales du travail. Les Fédérations syndicales internationales et le Groupe des travailleurs de l’OIT devraient soutenir les syndicats dans ce
- Les syndicats nationaux doivent développer des agendas politiques internationaux, y compris des stratégies de solidarité horizontale pour s’assurer que les centres nationaux prennent des mesures pour influencer les gouvernements
C. L’organisation
Il est clair que les structures et les politiques actuelles du mouvement ouvrier, en particulier au niveau international, ne sont pas adéquates pour relever les défis d’une économie mondialisée, vandalisée sur le plan environnemental, privatisée, financiarisée, et dont ses travailleur.ses sont informalisé.es et précairement employé.es.
Nous avons besoin :
- d’organisations et réseaux internationaux qui s’engagent avec les membres des syndicats sur le lieu de travail et dans leurs communautés, et qui sont directement pertinents pour
- que les syndicats nationaux investissent de manière substantielle de l’argent et du temps dans le renforcement de la capacité des FSI à être efficaces en tant que contre- pouvoirs vis-à-vis des entreprises mondiales et les institutions financières internationales. Les FSI pour stimuler l’éducation, la discussion et le débat parmi leurs affiliés nationaux sur le rôle futur des FSI dans la construction d’un mouvement
- de reconnaître et mettre à profit les luttes internationales récentes et les victoires obtenues par les travailleurs des sociétés transnationales, en investissant davantage dans la création d’organisations syndicales transfrontalières permanentes et durables au sein des entreprises multinationales, sous la direction de représentants élus du
- que les organisations syndicales nationales et internationales mettent la priorité à une réforme en profondeur des constitutions, des structures et des stratégies d’organisation pour organiser et représenter le nombre croissant de travailleurs informels, précaires et migrants dans toutes les régions du monde, rurales et
- d’une réforme en profondeur de toutes les organisations syndicales régionales, en particulier en Europe, où nous devons élaborer une stratégie de syndicalisation paneuropéenne sérieuse, indépendante du financement de l’UE et intégrée dans les structures de la FSI/CSI, en reconnaissant que les stratégies et modèles d’organisation européens continuent à avoir une influence considérable vis-a-vis d’autres régions du monde.
- Une coopération pratique plus intégrée entre les FSI en matière d’organisation au sein des entreprises multinationales, dans les secteurs qui se chevauchent et autour de questions intersectorielles clés, en plus du travail de solidarité d’urgence.
- Reconstruire le mouvement syndical par le bas. Accueillir favorablement les possibilités et le potentiel de nouvelles formes d’organisation et de solidarité syndicales internationales basées sur les travailleurs et militants de la base, utilisant toutes les formes de stratégies de communication, tout en reconnaissant certains des dangers inhérents.
Contactez-nous
Institut mondial du travail
(GLI Network Ltd)
541 Royal Exchange
Manchester
M2 7EN
Royaume-Uni
Téléphone: +44 161 835 9103
Email: gli-uk@global-labour.net