Travailleuses à la ville de Paris

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Nous publions ici l’éditoral : « Les travailleuses des services publics » (numéro spécial du bulletin : Travailleur des services publics parisiens), qui introduit et donne à lire de nombreux articles sur ce que signifie les inégalités femmes/hommes dans le travail, mais aussi la réalité des violences sexistes et sexuelles qui persistent, y compris dans la CGT. Comme le dit Maryse Dumas, citation tirée du livre « Féministe la CGT? » (Les femmes, leur travail et l’action syndicale, Sophie Binet, Maryse Dumas, Rachel Silvera, éditions de l’Atelier, 2019) : « Il fallait  que cela reste un peu silencieux« . Le silence est désormais brisé, dans les syndicats comme partout. Mais cela ne se passe pas sans durs conflits.

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photo : paginasiete.bo

Editorial

Le préambule des statuts de la CGT indique que la CGT agit « pour une société démocratique libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, la xénophobie, et toutes les exclusions » et pour « promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes».

En 2007, une Charte pour l’égalité Femmes/homme, définissant les principes de l’approche de la CGT en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, est adoptée par le CCN et annexée aux statuts. Au dernier congrès confédéral de mai 2019, la CGT se définit comme féministe et consolide ses engagements tant en interne que dans les luttes dans le monde du travail.

La CGT et ses militant.es doivent porter des valeurs anticapitalistes, antiracistes, antihomophobie-transphobie et… féministes. La réalité s’avère évidemment plus complexe.

Si, grâce au combat féministe de nos aîné.e.s, l’égalité est rarement remise en cause dans la théorie, dans la pratique, la lutte pour les droits des femmes reste un combat difficile pour les militant.es au sein de l’organisation. Ce qui rend encore plus difficile la lutte dans les entreprises, les administrations, envers nos collègues et contre nos employeurs, toujours en dessous de tout en matière d’égalité professionnelle et de reconnaissance des violences faites aux femmes.

Le fait est que toutes les organisations, syndicales, politiques, se trouvent confrontées aux mêmes constats, en particulier sur la prévention et le traitement des violences. Comme le soulignait Maryse Dumas dans Mediapart en octobre 2019 pour la sortie du livre « Féministe, la CGT ? » : « On essayait de régler une situation de violences sexistes et sexuelles entre nous sans faire trop de vague. Il fallait que cela reste un peu silencieux. La grande différence aujourd’hui, c’est justement la parole, le fait qu’on en parle, et que cela devienne un sujet abordé dans des réunions mixtes, avec des responsables, ou en direction confédérale. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais quand on commence à aborder un problème, on commence à le résoudre. Parler des violences à l’égard des femmes reste encore difficile : l’idée que cela va « gêner » l’organisation, ou « nuire à son image » reste bien implantée. Et comme les femmes sont elles-mêmes des militantes, elles s’autocensurent. Il nous faut donc expliquer sans relâche que ce qui nuit à l’organisation, ce ne sont pas les camarades qui dénoncent des propos ou des comportements, ce sont les comportements des hommes violents» .

Pour bien comprendre pourquoi la CGT doit encore œuvrer pour faire vivre les valeurs féministes de manière concrète, des indicateurs sont à prendre en compte, et vite : 60 % des syndiquées en responsabilité déclarent avoir rencontré des difficultés dans leur parcours syndical pour mener de front vie syndicale et vie profes- sionnelle ; 43 % disent avoir rencontré des situations de sexisme à la CGT ; cette proportion passe à 17 % pour les syndiquées actives sans responsabilités. « Les difficultés à être une femme à la CGT, à y prendre toute sa place et notamment des responsabilités, sans sexisme ni violences, persistent à un niveau élevé et préoccupant et à l’écart des valeurs affichées » .

 La CGT Ville de Paris syndique 30 % de syndiquées alors que les femmes comptent pour 62 % des effectifs municipaux. Il existe donc un potentiel de mobilisation et de syndicalisation des femmes. En prenant mieux en compte les enjeux d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, en se développant dans le sala- riat précaire et dans l’encadrement, la CGT pourrait s’y renforcer.

Une CGT féministe, est un enjeu majeur pour le salariat, un enjeu majeur pour l’avenir de toute notre CGT.Selon la consultation nationale de la CGT de février 2019 [6] , les 5 priorités revendicatives retenues par les femmes sont : l’égalité salariale / l’interdiction du temps partiel imposé et la précarité de l’emploi / la revalorisation des métiers à prédominance féminine / le droit à un environnement de travail sans pression ni comportement sexiste et harcèlement sexuel / des droits renforcés pour les femmes enceintes.

Des femmes et des hommes syndiqué.es à la CGT l’ont bien compris, et font des luttes contre les discriminations des sujets sans concession, les reliant sans détour à toutes les actions et revendications syndicales, et les associant à la lutte des classes.

C’est ainsi que le collectif femmes/mixité de la Ville de Paris a été fondé en 2017 par plusieurs militantes CGT travaillant pour la ville de Paris et s’est fait remarquer pour sa ténacité à faire reconnaître, par la CGT, des violences exercées par un dirigeant syndical sur plusieurs militantes. A l’heure actuelle, les victimes sont reconnues comme telles par la confédération et l’UD CGT 75, elles ne le sont toujours pas par la fédération des services publics. Le dirigeant en question, conserve en partie son impunité.Nous venons d’apprendre qu’il aurait été vivement conseillé à ce dernier de ne pas se présenter à un nouveau mandat à la CE fédérale… Ce qui semble le cas la veille de l’ouverture du congrès fédéral des services publics. Mais à ce jour, la candidature d’une des victimes a été rejetée…

Le collectif femmes/mixité de l’US CGT Ville de Paris profite du congrès de la fédération des services publics pour partager au travers de ce journal, son histoire, ses expériences tant en interne (1er article, page 5) qu’avec les agent.e.s en matière d’égalité professionnelle et de lutte contre les violences.

Le collectif participe ainsi à toutes les luttes féministes, comme les journées du 8 mars et du 25 novembre (articles pages 12, 14 et 20 à 22). Il œuvre, parmi les autres, à la construction d’un mouvement global d’émancipation des femmes, contre le patriarcat et le capitalisme.

Au-delà du congrès, ce collectif souhaite continuer à partager avec les syndicats de la fédération des services publics, les luttes et victoires pour les salarié.e.s et pour la CGT !

BONNE LECTURE !

Pour des retours et rester en contact : femmes.mixite@us-cgt-spp.org

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