La FSM peut-elle attirer des syndicalistes?

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Ce texte de Jean-Pierre Page, ancien responsable du secteur international de la CGT,  peut susciter des interrogations. Il pose la question du bilan de l’adhésion CGT à la CES et la CSI, en encourageant à ne pas être « sectaire » avec la FSM, avec laquelle la CGT a rompu. Cette approche semble commencer à séduire certaines structures CGT, en recherche d’efficacité plus grande face au capitalisme international et à ses relais, notamment en Europe. Il convient donc  certainement de faire le point sur le syndicalisme international aujourd’hui. Nous avons sélectionné des passages significatifs de l’argumentation.

Jean-Pierre Page a travaillé à Air France,  il a été secrétaire général de l’Union départementale de la CGT du Val de Marne (1979-1990), membre de la commission exécutive confédérale de la CGT(1981-2000), responsable du département international de la CGT(1991-2000). Il est l’auteur de plusieurs livres dont « Camarades, je demande la parole ».

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« Internationalement, où en est la CGT? »

Dans les extraits ci-dessous, les intertitres en bleu et en italique ont été introduits par nous :

[…]

Choix internationaux et syndicalisme rassemblé:

Bien que la quasi-totalité des confédérations syndicales en Europe soutenait  l’affiliation de la CGT, le blocage persistait.  Pour sortir de cette situation, il fallait parvenir à un nécessaire « aggiornamento ». 

 Celui-ci exigeait de faire des compromis, accélérer une mutation déjà en marche depuis des années. Commodément, ceci fut fait au nom d’un nouveau concept, celui du« syndicalisme rassemblé » qu’on s’empressa d’adopter et que l’on continue à défendre bec et ongles malgré l’évidence de son échec.  Aujourd’hui cette obstination dont certains font preuve n’est  pas sans risques pour l’unité et la cohésion de la CGT.

Cette révision doctrinale impliquait une réorientation des activités internationales de la CGT, une approche différente des enjeux européens, une normalisation des relations avec la centrale de Nicole Notat, une révision des fondamentaux qui appartenaient au patrimoine de la CGT comme le rôle déterminant accordé dorénavant à la proposition et à la négociation au détriment de l’action. Ce ralliement fut accepté !

[…]

Ouverture d’esprit

Notre activité internationale exige donc une ouverture d’esprit, une disponibilité, la recherche des connaissances nécessaires, la curiosité, la tolérance et la modestie pour chercher à comprendre et mieux expliquer aux travailleurs dans quel monde nous vivons. Nous devons pour cela apprendre aussi auprès des travailleurs qui par leur travail productif perçoivent souvent mieux les logiques économiques que bien des experts, ou encore certains syndicalistes de collaboration comme on en trouve à la CES ou la CSI.

Ainsi, si nous sommes d’accord pour dire que le mouvement syndical international est divers et si nous avons besoin d’échanger, de partager, d’écouter et d’apprendre les uns des autres, alors nous ne saurions  exclure quiconque! Nous devons le faire dans le respect des positions de chaque organisation, sans jugement péremptoire, ou pire encore en cherchant à les  masquer, à les cacher, à les travestir en faisant parfois preuve d’arrogance et de suffisance.

Voilà pourquoi dans son activité la CGT se doit d’écarter toutes formes d’ignorance, d’indifférence d’idées reçues, sur ce qu’est la réalité des orientations défendues par chaque syndicat dans le monde. Les succès acquis par certains devraient conduire à faire preuve de modestie et renoncer à toutes formes de condescendance.

[…]

Lecture des enjeux luttes de classe en Syrie, Lybie, Ukraine

Deux visions s’opposent : d’une part ceux qui défendant une conception de luttes de classes et qui inscrivent leur démarche non seulement dans la contestation radicale du système capitaliste, mais dans son éradication pour y substituer une société répondant aux besoins de l’humanité, des peuples, des travailleurs : une société socialiste. D’autre part une conception qui consiste à vouloir accompagner, reformer« en redoublant d’efforts pour gérer la mondialisation » comme  l’a déclaré clairement la CES  à Rome à l’occasion du 60e anniversaire du Traité de Rome, ce traité  fondateur de l’union européenne. Cette même Union européenne dont toute l’histoire, et la finalité sont d’être au service exclusif du Capital transnational dans une vassalité absolue aux intérêts du pays capitaliste le plus puissant, les USA.

En fait presque 30 ans après la chute du mur de Berlin le syndicalisme international reste souvent arc- bouté sur des conceptions politiques et idéologiques héritées du passé. Le cas du soutien inconditionnel de la CES à l’UE, à l’euro, à l’intégration fédérale est significatif de cette dérive de la guerre froide et ce malgré la nocivité et la faillite des institutions bruxelloises.

C’est également  au niveau international le fait de la CSI dans ses positions sur des conflits en Syrie, Libye en Ukraine ou elle soutient peu ou prou les positions occidentales, également par son hostilité  vis a vis de la Chine, de Cuba et de ses syndicats. ou encore par son appui inconditionnel à la Histadrut en Israël, ce syndicat totalement inféodé au pouvoir fascisant de Netanyahu.

La CSI par ailleurs développe à partir de ses relais institutionnels une mainmise sur l’OIT, où elle appuie une réforme qui vise à mettre fin au système tripartite d’élaboration des normes et des conventions. Elle entretient des relations incestueuses avec les entreprises transnationales et les institutions financières comme avec les fondations supranationales ou s’élaborent les stratégies de  domination capitaliste sur le monde souvent en accointances avec certains services de renseignements US ou autre. Un exemple en est donné à travers le « Global Labor Institute » basé à Genève .Est ce par naïveté qu’un ancien secrétaire général de la CGT y prête son concours ?

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Où en est le syndicalisme grec

Or, c’est là une des causes du déficit de luttes de classes, et celui-ci, c’est bien en Europe  et dans le premier monde capitaliste qu’il se situe !

Comme on l’a vu avec la vague de répression de militants CGT en France ou vis-à-vis du besoin d’élargir la lutte au niveau européen contre la casse du code travail, ce syndicalisme constructif s’est trouvé et continue à être aux abonnés absents. Si l’on prend l’exemple de la Grèce cela est particulièrement éloquent. On aurait du mal à trouver des initiatives et actions de solidarité avec les combatifs travailleurs grecs. Est ce parce que le syndicat GSEE affilié à la CES et à la CSI a capitulé en rase campagne depuis longtemps et que la seule organisation qui est de tous les combats du monde du travail est PAME, affiliée à la FSM ?

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Soutenir le mouvement des parapluies à Hong Kong ?

…on a vu le 10 juillet 2016 le bureau confédéral de la CGT décider d’apporter une aide financière de 2000 euros  à l’action de  « Mémorial » une ONG pour la défense des droits homosexuels- LGBT en Tchétchénie. « Mémorial » est une organisation interdite en Russie, elle est en effet liée à Georges Soros mais est aussi financée par le « NED » et Freedom House » qui comme l’on sait est aussi une des multiples couvertures de la CIA. Je ne veux en tirer aucune conclusion mais c’est là une bien étrange compagnie pour la CGT ! Est ce par ignorance des réalités internationales, du rôle joué par certaines ONG dans la mise en œuvre des stratégies géo politiques de l’impérialisme ? Sans doute, mais il serait intéressant d’en savoir plus et plus encore qui est à l’origine de cette proposition !

On pourrait compléter à travers le soutien apporté par la CGT au « Mouvement des parapluies » pour la « démocratie » à Hong Kong qui est un mouvement politique piloté par des fondations US spécialisées dans les « révolutions de couleurs », théorisées par le philosophe américain Gene Sharp.  Ou encore aux pseudo syndicalistes chinois soi disant victimes de la répression, mais dont on ignore qui ils sont, à quel secteur professionnel ils appartiennent et de quelle partie et groupe social de la Chine viennent ils !

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Rénovation à la FSM et adhésions en France

J’ai évoqué longuement la CES et la CSI, parlons maintenant de la FSM, un sujet qui est quasiment devenu tabou dans la CGT.

En effet, faut-il ignorer ou feindre d’ignorer l’existence de la  FSM parce qu’elle défend  des positions anticapitalistes et anti impérialistes et qu’elle revendique désormais près de 100 millions d’adhérents dans plus de 125 pays ? Son récent congrès de Durban a été un grand succès, elle est dorénavant présidée par un dirigeant de la prestigieuse COSATU d’Afrique du Sud et animée par un secrétaire général bien connu dans son pays la Grèce et internationalement, il s’agit de Georges Mavrekos issu de PAME ce syndicat particulièrement combatif le seul à la tête des luttes des travailleurs grecs.

Devrions nous taire le fait qu’une importante Fédération de la CGT celle des industries chimiques a décidé d’adhérer à la FSM, ou encore le  syndicat de Paris de la Fédération CGT de l’énergie,  et que d’autres importantes organisations de la CGT envisagent de le faire. C’est ce qu’a confirmé le succès de la réunion du 28 octobre 2017 à Paris, où ont participé un nombre inattendu d’organisations de la CGT en présence du secrétaire général de la FSM.

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La FSM a changé

Disant cela, je ne cherche pas à démontrer que la FSM serait sans critiques, sans carences, sans faiblesses, ni insuffisances.  Mais,  il est un fait indiscutable que depuis son congrès de La Havane en 2005, celle-ci s’est profondément renouvelée, transformée en mettant en pratique des réformes que d’ailleurs la CGT avait préconisé dès les années 90. Ses résultats sont incontestables, sa crédibilité a progressé de manière significative. Pour beaucoup de syndicats, cette évolution est observée comme une alternative possible à la crise du syndicalisme international. La FSM compte de nouveau dans le paysage syndical mondial ! Au nom de quoi et de qui faudrait, il le taire dans la CGT ? Que craint on ?

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Pas d’exclusive !

Le renouveau syndical international appelle plus de débats d’idées, d’échanges de partage. Il faut le faire sans exclusive et par-dessus tout il faut veiller à l’indépendance de celui-ci tout particulièrement vis à vis des forces du capital afin de permettre le développement des luttes et redonner confiance. Le syndicalisme a trop souffert des exclusions, de ce refus de la différence.

[…]

 

 

 

 

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