La CFDT a réalisé une grande enquête (Parlons travail) auprès de 200 000 participant-es sur le sens de leur travail. Nous y reviendrons. Elle a ensuite interrogé les candidats à l’élection présidentielle à ce propos. Ici des extraits du site de la CFDT.
[Vidéo] Parlons Travail : Les résultats et le “grand oral” des candidats
Avec plus de 200 000 participants et 20,4 millions de réponses entre septembre et décembre 2016, Parlons travail est la plus grande enquête jamais réalisée en France sur le travail. Salariés, agents des fonctions publiques, étudiants, intérimaires, contractuels, apprentis, demandeurs d’emploi, stagiaires, retraités, indépendants, autoentrepreneurs, syndiqués ou non, etc… : tous étaient invités à donner leur avis sur leur travail, par le biais d’un questionnaire en ligne.
« Parlons travail est la preuve que lorsqu’on leur donne la possibilité de le faire, les travailleurs ont des choses à dire sur le travail et la façon dont ils le vivent », a affirmé Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. « Le nombre très élevé de réponses va crédibiliser nos revendications sur le travail trop souvent invisible ou mal traité dans le débat actuel, ou bien uniquement considéré comme un coût ou une souffrance : ces angles réducteurs ne nous conviennent pas. Ce qu’en disent les travailleurs montre que le modèle de l’entreprise traditionnelle est dépassé. Le travail se transforme et avec lui, le temps de travail, les lieux où il s’exerce, le management…»
A rebours des idées reçues sur le travail
« Toutes les réponses collectées nous donnent raison sur le combat que nous menons depuis longtemps pour améliorer la qualité de vie au travail et faire reconnaître la pénibilité de certains métiers. Mais il y aussi matière à tordre le cou à quelques mensonges qui fleurissent en ce moment sur le sujet » a souligné Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT chargé du travail. Parmi ces résultats qui interpellent, il a cité les réponses des non-adhérents sur le rôle des syndicats en France, puisque plus de la moitié des répondants considèrent que les syndicats constituent « un rempart » contre l’exploitation généralisée. On retrouve le même résultat (plus de la moitié) parmi les participants non adhérents à un syndicat.
Et si les trois quart des répondants disent aimer leur travail et en être fier, ils pointent aussi du doigt de réelles inquiétudes : une charge de travail excessive, des problèmes de santé et de sommeil, un manque de reconnaissance. Moins identifié comme cause de mal-être mais révélée comme cruciale par cette enquête, le besoin d’autonomie : 73 % des personnes qui aspirent à participer plus aux décisions de leur entreprise ou leur administration, et pour plus de la moitié, ne pas pouvoir s’exprimer librement sur son lieu de travail est un facteur de souffrance.
Le « grand oral » des candidats à la présidentielle
Sur toutes ces questions, les quatre principaux candidats à l’élection présidentielle, Benoît Hamon, François Fillon, Alexis Corbière – qui représentait de Jean-Luc Mélenchon – et Emmanuel Macron, ont été invités au siège de la CFDT lors de l’événement de restitution des résultats cette après-midi devant les militants. La CFDT n’a pas invité la candidate du front national dont les thèses populistes et xénophobes sont en profonde contradiction avec les valeurs du syndicat.
Ils ont donc répondu à un panel de questions, dont certaines directement fléchées avec leurs programmes (doit-on taxer les robots ? comment améliorer le travail féminin ? (Benoît Hamon) ; doit-on toucher au temps de travail ? Comment voyez-vous l’action publique (François Fillon) ? comment améliorer la santé au travail (Alexis Corbière) ? Comment peut-on protéger les nouveaux travailleurs du numérique (Emmanuel Macron) ?).
Chacun d’eux a été invité à répondre également à une question sur le rôle et de la place des syndicats dans la société. Laurent Berger leur a ensuite remis le Manifeste de la CFDT sur le travail.
Ce Manifeste contient six mesures phares défendues par la CFDT pour accompagner les changements du travail. La plus emblématique au vu des résultats annoncés ce jour sera de « rééquilibrer le pouvoir dans l’entreprise et continuer à défendre un droit à l’expression pour les salariés. L’enquête montre clairement qu’il faut leur redonner la main sur leur travail », a constaté Laurent Berger. Il a également insisté sur la lutte contre l’intensification du travail et la généralisation des négociations sur la qualité de vie au travail, sur la création de nouveaux droits pour encadrer les transformations liées au numérique, dont le télétravail et la déconnexion, la nécessité de développer le compte personnel de prévention de la pénibilité. Sur le temps de travail, la CFDT propose la création d’une banque de temps pour pouvoir mieux répartir la durée du travail tout au long d’une vie professionnelle.
Et il a rappelé trois critères incontournables pour la CFDT : la réparation de la pénibilité, la défense de l’action publique, la légitimité du syndicalisme pour construire le progrès social. « Sur ces trois revendications, nous ne baisseront pas pavillon », a-t-il déclaré. « Je suis convaincu que l’avenir du syndicalisme passe par la consultation des salariés. Ce que nous venons de faire avec cette enquête, nous allons continuer à le faire sur le terrain, dans les entreprises » a-t-il conclu.