La Newsletter CFDT publie une forte critique de l’application des ordonnances Travail à propos des « accords de performance collective » (APC) qui impliquent des reculs sociaux en même temps qu’un chantage à l’emploi.
Accords de performance collective : Négociation à hauts risques
Une révolution discrète mais réelle est à l’œuvre dans les entreprises. En témoigne la signature, par dizaines, d’accords de performance collective (APC), issus des ordonnances Travail et qui viennent se substituer à trois précédents dispositifs : les accords de maintien dans l’emploi (AME), ceux de préservation ou de développement de l’emploi et ceux de mobilité professionnelle ou géographique.
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En deux ans, 250 accords ont été signés. Mais le mouvement s’accélère et conduit plusieurs experts à anticiper 400 accords d’ici à la fin 2019. Et pas seulement dans les grandes ou moyennes entreprises : un tiers des APC ont été signés dans des entreprises de moins de 50 salariés.
Pourquoi un tel engouement ? « Ce sont de redoutables outils aux mains des employeurs pour conduire leurs transformations », explique Christian Pellet, directeur de Sextant Expertise*. Dans les faits, l’APC permet de revoir les dispositions fondamentales que sont les rémunérations, le temps de travail, la mobilité géographique et professionnelle. Et ce, sans avoir à justifier de difficultés économiques de l’entreprise – comme c’était le cas dans les accords de maintien de l’emploi – mais en se contentant d’arguer des « nécessités liées au fonctionnement de l’entreprise » (article L2254-2 du code du travail). Résultat : la structuration même des rémunérations peut se retrouver modifiée (28 % des accords prévoient une baisse directe des rémunérations avec suppression des primes, par exemple), ainsi que l’organisation du temps de travail.
Chantage à l’emploi
À la différence des précédents accords comme les AME, les APC sont aux trois quarts signés pour une durée indéterminée et ne prévoient pas de clause de retour à meilleure fortune. Or ces accords, une fois signés, s’imposent aux salariés, quoi que stipule leur contrat de travail. Ceux qui les refuseraient se voient licenciés pour cause réelle et sérieuse – sans indemnités, donc. Au regard des enjeux de négociation, il y a urgence à informer et préparer les militants. « Et attention au piège du chantage à l’emploi, sous la forme “c’est l’APC ou un PSE”, prévient Philippe Portier, secrétaire national chargé du dialogue social. Prendre le temps de poser un cadre clair à la négociation, ne pas hésiter à avoir recours à un expert et négocier des contreparties pour les salariés, tels sont les préalables indispensables. »