La FSM et le régime d’Iran

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L’Alliance internationale pour le soutien des travailleurs en Iran (IASWI) a publié dans son bulletin une adresse à la Fédération syndicale mondiale (FSM) et à ses syndicats pour cesser de soutenir   la « Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran« . Nous reproduisons ici ces documents disponibles (datant de 2007), publiés en novembre 2016 sur le bulletin de l’Alliance.  Auparavant, nous donnons des indications sur cette Alliance de soutien créée en 2000. Ces informations sont extraites du bulletin international N°8 de l’Union syndicale Solidaires, qui comprend un dossier complet sur l’Iran, les luttes sociales, et la répression anti-syndicale dans ce pays.

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Qu’est-ce que l’Alliance internationale pour le soutien des travailleurs en Iran (IASWI)

L’Alliance internationale pour le soutien des travailleurs en Iran (IASWI) a été créée en janvier 2000, avec le soutien d’organisations du monde du travail, en particulier du mouvement syndical canadien, pour lancer et organiser, avec d’autres forces, des campagnes de solidarité internationale de soutien aux droits des travailleurs d’Iran ainsi qu’à leurs luttes.

TEXTE DE PRÉSENTATION*
L’absence d’organisations ouvrières libres et indépendantes en Iran, ainsi que du droit de grève, ont créé de grands obstacles pour les travailleurs dans leurs luttes pour l’obtention de leurs droits et revendications. Dans son combat, la classe ouvrière d’Iran a besoin de l’appui international des travailleurs et de leurs organisations dans d’autres parties du monde.
L’Alliance internationale pour le soutien des travailleurs en Iran (IASWI) poursuit les objectifs suivants : • Soutenir la lutte des travailleurs en Iran pour de meilleures conditions de travail et de vie ; • Plaider en faveur des revendications du mouvement ouvrier en Iran, dont le droit pour les travailleurs de mettre en place des organisations libres et indépendantes, ainsi que de faire grève ; • Obtenir l’arrêt définitif de la répression systématique, de la persécution, de l’emprisonnement, de la torture, de l’assassinat et de l’exécution des militants ouvriers et opposants politiques en Iran ; • Promouvoir, pour l’ensemble de la population d’Iran, la mise en place et le respect des droits humains et des libertés reconnus internationalement, dont ceux concernant les travailleurs.
* www.workers-iran.org

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Ci-dessous : Extraits du Bulletin spécial de l’International Alliance in Support of Workers in Iran (IASWI), [Alliance internationale pour le soutien des travailleurs en Iran], novembre 2016

 

 

La FSM et ses relations scandaleuses avec la Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran & Lettre ouverte à la FSM

 

 La FSM et l’affiliation de la « Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran » & Ali Reza Mahjoub, membre du conseil présidentiel de la FSM (IASWI, novembre 2016)

La coopération entre la direction de la Fédération syndicale mondiale (FSM) et la Maison des

travailleurs de la République islamique d’Iran (MT)* est honteuse depuis plusieurs années. Nous avons maintes fois condamné la conduite regrettable de la FSM qui ne soutient toujours pas les organisations syndicales indépendantes en Iran.

La FSM n’a pas mis fin à ses liens avec les pseudo-organisations « syndicales » du régime islamique capitaliste parrainées par l’État. Au contraire elle a promu la MT du statut de membre associé au statut de membre à part entière. Ali Reza Mahjoub, secrétaire général de la MT et membre du parlement de la République islamique d’Iran, est devenu membre du conseil présidentiel de la et un des vice-présidents de la FSM.

Les responsables de la FSM et en particulier son secrétaire général ont été pleinement et continuellement informés de la conduite criminelle de Mahjoub et de ses liens étroits avec le régime islamique. Mais les responsables de la FSM n’ont communiqué aucune de ces informations à leurs affiliés sur l’histoire épouvantable de Mahjoub et ont plutôt offert une plate-forme et une opportunité à Mahjoub et à son organisation parrainée par le gouvernement lors de leurs activités.

Malheureusement, il semble que la politique menée par la direction de la FSM continue de s’inspirer de la politique de l’ère de la guerre froide et de la rivalité entre cette fédération syndicale et la CSI.

De telles politiques et rivalités sapent les véritables luttes des travailleurs pour la création d’organisations autonomes et anticapitalistes. La République islamique d’Iran n’est pas un

gouvernement progressiste, anticapitaliste ou anti-impérialiste; c’est complètement le contraire. C’est un régime capitaliste qui a mis en œuvre la politique anti-ouvrière et néolibérale la plus agressive de l’histoire récente de l’Iran. Il a persécuté et réprimé violemment des dizaines de milliers d’ouvriers anticapitalistes et de militants socialistes depuis des années.

Toutes les institutions et fédérations internationales doivent être conscientes du fait que la classe ouvrière iranienne ne reconnaît aucune formation créée par la République islamique totalitaire, telles le Centre supérieur des conseils du travail islamiques et la Maison des travailleurs, la Haute assemblée des représentants des travailleurs et Haut centre des associations des ouvriers.

Ali Reza Mahjoub et Ali Rabiee (l’actuel ministre du Travail) faisaient partie des forces de sécurité et des renseignements qui ont attaqué, déchaîné et repris violemment la Maison des travailleurs autonome après la révolution de 1979. Ils ont été très actifs dans la répression des militants syndicaux indépendants et des forces progressistes et socialistes. Mahjoub a également dirigé l’attaque contre le Syndicat des travailleurs de la compagnie de bus de Téhéran et de sa banlieue

(syndicat Vahed) en mai 2005 et a fièrement défendu cette attaque criminelle, coordonnée avec la sécurité de la direction, qui avait entraîné des blessures corporelles de membres du syndicat et la destruction de leurs locaux.

Des organisations de travailleurs indépendantes en Iran telles que Syndicat des travailleurs de l’entreprise de bus de Téhéran et de sa banlieue Vahed, Associations professionnelles des enseignants iraniens, Syndicat des travailleurs de Haft Tapeh Sugarcane, Syndicat des peintres, Comité de coordination pour aider à former des organisations de travailleurs, Union libre des travailleurs iraniens, Comité pour la création d’organisations de travailleurs,… et leurs militants ont été la cible d’attaques quotidiennes, de persécution et d’incarcération. Les travailleurs des mines à travers le pays ont été fouettés en réponse à leurs manifestations, ils ont été abattus pour avoir exigé des heures de travail normales. Alors que cette répression continue, Ali Reza Mahjoub bénéficie du soutien du gouvernement pour participer librement à des rassemblements internationaux au nom des travailleurs iraniens, induisant en erreur l’auditoire et déformant la réalité de la situation des travailleurs en Iran

L’IASWI continuera à protester contre la présence des représentants du régime islamique aux conférences internationales du travail. Nous demandons également l’expulsion de ces formations parrainées par le gouvernement, répressives et pseudo-ouvrières de l’OIT, de la FSM ou de toute autre organisation internationale du travail. Nous exhortons toutes les organisations ouvrières indépendantes en Iran et tous les affiliés à la FSM dans différents pays à condamner les relations intimes des responsables de la FSM avec le régime iranien répressif et à exiger la rupture de tous leurs liens avec la Maison des travailleurs du régime islamique et Ali Reza Mahjoub

*Bref historique de la Maison des travailleurs

La Maison des travailleurs (Khaneh Kargar) a été fondée sous l’ancien régime monarchique. Au début des années 1970, le premier ministre Amir Abbas Hovayda a organisé le seul parti politique légal en Iran, le parti Rasstakhiz (Résurgence). L’Organisation des travailleurs iraniens, dirigée par le chef de la SAVAK (la police secrète), le général Parnianfar, ministre du Travail, un sénateur et deux représentants de Majeles (la chambre basse du parlement monarchique), était liée à cet instrument de dictature monarchique. Après la révolution de février 1979, les travailleurs ont repris les bureaux de l’Organisation des travailleurs de l’Iran et l’ont renommée Maison des travailleurs. C’était un

centre d’activités pour les travailleurs indépendants (conseils) et les syndicats (syndicats).

En septembre 1979, après une prière du vendredi à Téhéran, un groupe d’agents du gouvernement armés de matraques s’est attaqué à la Maison des travailleurs et l’a repris aux travailleurs. Ali Rabbiei, directeur adjoint de l’Organisation pour l’information et la sécurité de la République islamique, Hossein Kamali, ingénieur et représentant au parlement, et peu après le ministre du Travail, Sarhadizadeh, ministre du Travail de l’époque, et Ali Reza Mahjoub, membre du Parti de la République islamique pro-capitaliste (actuellement secrétaire général de la MT et membre du parlement), ont formé la direction centrale de la Maison des travailleurs « occupée ». Ils ont

enregistré la Maison des travailleurs sur la base d’une constitution politique soutenant l’agenda pro- capitaliste du régime de la République islamique.

International Alliance in Support of Workers in Iran, November 2016

 

Lettre ouverte à la Fédération syndicale mondiale (FSM)logo-federacion-sindical-mundial

Re: Relations de la FSM avec la Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran (IASWI octobre 2007)

Comme vous le savez bien, une délégation de la FSM a visité la Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran (MT) du 16 au 20 juillet 2007.

La FSM semble avoir établi une relation étroite et continue avec la MT.

La FSM a déjà reçu de nombreuses lettres concernant sa relation inacceptable avec la MT. Elle sait donc très bien que la Maison des travailleurs n’est qu’un instrument de la République islamique

d’Iran et des employeurs. Ce n’est même pas un syndicat. C’est un groupe idéologique formé par la

République islamique d’Iran pour contrôler le mouvement ouvrier iranien. Nous et d’autres membres du mouvement syndical iranien avons précédemment communiqué à la FSM des informations sur la MT, qui prouvent que celle-ci est un moyen de contrôler et de réprimer les activités et organisations syndicales indépendantes en Iran. Le mouvement ouvrier iranien considère la Maison des travailleurs et les Conseils du travail islamiques comme des marionnettes de la République islamique.

La FSM et l’intervention militaire des États-Unis en Iran

Nous reconnaissons et apprécions le fait que la FSM s’est opposée à plusieurs reprises à la guerre et à la militarisation impérialiste des États-Unis et de leurs alliés contre des pays comme l’Irak et l’Iran, etc. Elle a absolument raison de dire que les sanctions économiques et la guerre affectent principalement le peuple travailleur.

La FSM a également raison d’affirmer que les États-Unis et leurs alliés ont utilisé le prétexte de la lutte contre le terrorisme pour attaquer et restreindre les droits démocratiques et syndicaux. Une position de classe doit toutefois aller bien au-delà. La classe ouvrière iranienne et le mouvement ouvrier indépendant en Iran s’opposent fermement à la guerre et à la militarisation dans la région et dans le monde. Dans le contexte de la confrontation actuelle entre les États-Unis et leurs alliés européens et le gouvernement iranien, comme le nucléaire, etc., le mouvement syndical iranien tient une position indépendante car il ne s’agit pas du conflit de la classe ouvrière.

La classe ouvrière iranienne s’oppose fermement à toutes les courses aux armements et à toutes les armes nucléaires dans tous les pays sans exception. En termes de guerre contre l’Iran, le mouvement syndical iranien s’oppose fermement et sans équivoque à toute intervention militaire ou sanction à

l’encontre de l’Iran, car ce n’est pas seulement inacceptable et inhumain, sous aucun prétexte, ses principales victimes sont toujours les travailleurs et leurs familles. Dans le même temps, le mouvement syndical iranien ne permet pas au gouvernement iranien d’utiliser les menaces de guerre et les sanctions comme prétexte pour intensifier ses persécutions, arrestations et emprisonnements de militants progressistes et de travailleurs iraniens. Soyons clairs une fois pour toutes, la République islamique d’Iran n’est pas une force anti-impérialiste; c’est un gouvernement capitaliste cruel, qui met pleinement en œuvre les politiques néolibérales du capitalisme mondial. En outre, c’est un régime qui emprisonne et tue des dizaines de milliers de militantes et militants des droits des femmes et des travailleurs, d’étudiants, de socialistes et d’autres forces progressistes en Iran.

Une position de classe s’oppose non seulement de manière proactive à toute tentative de guerre ou à des sanctions économiques contre l’Iran, mais devrait également soutenir les luttes des travailleurs contre le gouvernement répressif et les capitalistes iraniens qui mettent en œuvre avec force les mesures anti-ouvrières les plus agressives et les politiques néolibérales, sans précédentes dans l’histoire contemporaine du pays.

 

Que faut-il faire pour les droits des travailleurs en Iran?

Six jours avant l’arrivée de la mission de la FSM à Téhéran pour rendre visite à la MT, Mansour Osanloo, président du conseil d’administration du Syndicat des travailleurs de la compagnie de bus de Téhéran et de sa banlieue, a été enlevé par des agents en civil le mardi 10 juillet 2007 au soir. Plus tard, il a été transféré dans la tristement célèbre prison d’Evine où il est détenu depuis lors. Vous vous souviendrez que la langue d’Osanloo avait été tranchée par un couteau utilisé par les dirigeants de la MT, lorsque des membres de la MT et du Conseil islamique du travail, ont attaqué violemment une réunion du syndicat Vahed des travailleurs du bus de Téhéran en mai 2005, avec le soutien des forces de sécurité.

La FSM appelle à la création et au libre fonctionnement des organisations syndicales dans chaque pays. Il est absolument indéniable qu’en Iran, outre le gouvernement, la Maison des travailleurs et ses soi-disant conseils du travail islamiques, constituent le principal obstacle à la création d’organisations de travailleurs libres.

Nous appelons donc la FSM et ses affiliés à mettre immédiatement un terme à leurs relations amicales avec la Maison des travailleurs de la République islamique d’Iran. Nous exhortons la FSM à engager un dialogue constructif avec des militants syndicaux indépendants en Iran et à soutenir de manière proactive la résolution suivante pour soutenir le mouvement syndical iranien de toutes les manières possibles.

International Alliance in Support of Workers in Iran, 14 octobre 2007

 

The International Alliance in Support of Workers in Iran (IASWI) was formed in 1999 in Toronto- Canada and formally announced its formation in January 2000. In nearly two decades of continuous

 activism we have played an impactful role in securing international support for Iranian workers’ struggles against Islamic Republic of Iran, employers, and the inhumane conditions capitalist order has imposed on working class lives in Iran. During these years our politics and the foundational basis guiding our activism has been predicated on working class traditions with an uncompromising emphasis on working class independence and autonomy.

 

info@workers-iran.org www.workers-iran.org www.etehadbinalmelali.com https://twitter.com/IASWIinfo

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