Une importante délégation de solidarité dans le secteur santé s’est rendue en Grèce récemment. Elle était constituée du mouvement Solidarité France Grèce pour la santé (SFGS- voir plus loin son origine et son appel constitutif), mais aussi de syndicalistes, de militants associatifs et de militants politiques : ATTAC, Coordination des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité, CODEGAS, CGT Sanofi, SNESUP-FSU, SUD Santé Sociaux, SMG, USMC/SNCDCS, Ensemble, NPA, PCF, PG. Cette délégation a rencontré, de par son objectif, de nombreux acteurs de la santé en Grèce et des dispensaires sociaux, ainsi que des représentants du gouvernement dirigé par Syriza. Mais elle a également rencontré le syndicat interprofessionnel EKA, membre de la Confédération du secteur privé GSEE. Jean-Claude Chailley, syndicaliste CGT et membre de la Coordination nationale des Hôpitaux et maternités de proximité, a fait un compte rendu de ce voyage et des contacts établis (voire le site Résistance sociale : www.resistancesociale.fr) .
Compte rendu complet, cliquez : 15 05 17 art RéSo De retour de délégation en GRECE V2
Lexique partiel des syndicats et courants syndicaux :
GSEE : Confédération générale des travailleurs grecs-secteur privé
ADEDY : Confédération de la fonction publique
PAME : Front militant de tous les travailleurs (depuis 1999), courant syndical du GSEE lié lié au Parti communiste grec (KKE)
PASKE: courant syndical de la GSEE lié au PASOK, ou Mouvement syndical de lutte panhéllénique des travailleurs
META: courant syndical de la GSEE lié à Syriza
EKA : structure interprofessionnelle des syndicats de la GSEE dans la région d’Athènes. EKA comprend aussi les courants décrits ici.
DAK : courant syndical de la GSEE lié à la droite Nouvelle démocratie.
- Extrait de l’article de Jean-Claude Chailley : RENCONTRE AVEC LE SYNDICAT E.K.A. (GSEE) de la région d’Athènes.
« En Grèce il y a 2 syndicats : GSEE (confédération générale des travailleurs grecs du privé) et ADEDY (confédé des syndicats des fonctionnaires publics)
Ces syndicats sont composés de courants liés aux partis politiques.
Le CA [de EKA-NDLR] est composé de 9 PAME (PC), 5 PASKE (PASOK), 5 META (SYRIZA), 4 NP (Nouvelle voie, libéral), 3 ENI, 3 DAK (Nouvelle Démocratie, droite), 2 trotskistes.
Chômage, baisse des pensions, des salaires de 45%, des droits des salariés, de la protection sociale, conditions de travail déplorables, les entreprises font ce qu’elles veulent en licenciements, en horaires de travail, difficulté d’accès des pauvres aux services publics, particulièrement la santé et l’enseignement…
Tout se discute avec les créanciers. avec la politique de l’Union européenne mise en œuvre sous les gouvernements de droite ou libéraux. Les coupes budgétaires dans les hôpitaux rappellent le tiers monde. La question du « cout du travail « et la situation dans les hôpitaux sont liées
La difficulté c’est que presque toutes les tendances du syndicat ont été au pouvoir. (Remarque : l’absence d’indépendance syndicale par rapport aux partis semble poser problème ; de même pour la plupart des réponses à nos questions il y avait concertation avant traduction)
Le plus grave est que ces dernières années les syndicats ont subi une défaite stratégique. Ces 5 dernières années on a fait 40 grèves générales sur les salaires, les pensions, les conventions collectives. L’offensive a été si forte qu’on n’a pu organiser des luttes efficaces. On a 120 000 syndiqués alors qu’il y en avait 180 000 il y a 10 ans. Les jeunes n’adhèrent pas. Les travailleurs se sont dit pourquoi rester au syndicat s’il ne fait rien alors qu’on supprime les conventions collectives, qu’il n’y a pas de hausse des salaires, qu’on supprime les hausses passées ? Il y a eu beaucoup de grèves et manifestement un débat sur la stratégie: Les choix auraient pu être différents s’il y avait eu un autre leadership, il y avait des différences de stratégie.
Aube dorée a voulu créer des syndicats mais a échoué
Avec la nouvelle situation en Grèce on est heureux et inquiets car on veut une série de réformes annulant l’austérité
Nos priorités : rétablissement du SMIC à 751 €, des conventions collectives, protection contre les licenciements massifs, trouver des ressources pour pensions, la Sécurité sociale…
Crainte d’une augmentation importante de la TVA réclamée par les créanciers
A la question : Faut-il mobiliser ?
Il y a un engagement du gouvernement on attend qu’il tienne ses promesses. On est attentifs
Remarque : position pas unanime, au minimum les militants santé de META (Syriza), des députés…sont pour la mobilisation
La solidarité internationale est bienvenue car la troïka ne veut ni des réformes des syndicats, ni celles du gouvernement.
SYRIZA VA-T-IL REUSSIR ?
De forts doutes et craintes s’expriment quant à sa capacité de réussir »
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Congrès de l’UD CGT du Val de Marne : intervention du secrétaire général de ETA le 15 octobre 2014 et porte-parole interntional de META:
Chers collègues
Je voudrais tout d’abord vous saluer au nom des travailleurs grecs. Au nom des travailleurs d’un pays que le gouvernement et la Troïka (UE, BCE et FMI) ont transformé en cobayes et sur lesquels ils testent de nouvelles recettes néolibérales en plus d’appliquer leurs anciennes méthodes.
En Grèce, par le biais des politiques néolibérales appliquées ces 5 dernières années, s’est opérée la redistribution des richesses et des revenus la plus importante jamais enregistrée dans aucun autre pays. Leurs mesures ont été prises au nom de la croissance. Mais nous n’avons pas vu la croissance. Nous avons vu en revanche le chômage atteindre des niveaux avoisinant les 30%. Quant au chômage des jeunes, celui-ci a dépassé le 50%.
Nous avons subi des mesures politiques qui ont drastiquement réduit les salaires et le pouvoir d’achat des salariés, et également le droit du travail. Leurs politiques ont aussi réduit amplement l’accès de millions de grecs aux biens sociaux, à la santé, à l’éducation et à toute une série de services sociaux.
La «success story» de la coalition gouvernementale du parti de la Nouvelle Démocratie et du PASOK a baissé le salaire moyen à 750 / 800 € (brut) alors que celui ci en 2009 était de 1267,51.
La politique gouvernementale de ces 4 dernières années a été un réel cauchemar pour les revenus des travailleurs. Avec une chute des salaires de 18% dans le secteur privé pour la période de 2010-2013, les revenus moyens des salariés tendent à devenir plus bas que les allocations retraites. Ce fait n’est naturellement pas sans conséquences pour l’Institut d’assurances sociales grec (IKA) et pour les autres caisses d’assurance qui subissent les conséquences désastreuses non seulement du chômage mais aussi de la décote des obligations qu’elles détenaient. Et si on compare les salaires depuis 2009 leur diminution est supérieure à 23%.
Quant aux salaires des jeunes de moins de 25 ans, ceux-ci ont subi une diminution supérieure à 32%.
Le pouvoir d’achat des salariés est descendu au niveau qui était le sien en 1980, selon le rapport annuel de l’Institut du Travail de GSEE-ADEDY (Confédération générale des travailleurs grecs-Confédération des syndicats des fonctionnaires publics). 39,3% des travailleurs du secteur privé – soit 629.895 salariés – ont des salaires inférieurs à 750€. En 2012, ce niveau de salaire ne concernait que 31,1% d’entre eux (440.423 salariés), et en 2011: 20,5% (306.861 salariés).
Précisons que les montants dont on parle sont des revenus bruts. Après déduction des retenues des différentes taxes et contributions, quatre salariés sur dix avaient comme revenu net à la fin de l’année 2013 moins de 630 €.
Il faut souligner que ces chiffres ne concernent pas le secteur de la construction, qui est caractérisé par des salaires mensuels encore plus bas et dont naturellement l’évolution a subi des effets analogues.
Il faut également souligner qu’avec l’ «arsenal» des pouvoirs fournis aux entreprises par toute une série de lois votées ces dernières années – sur les relations de travail et qui aboutissent essentiellement à la suppression des conventions collectives – les employeurs disposent de tous les outils tant institutionnels que juridiques pour procéder à de nouvelles réductions des indemnités journalières ou mensuelles du travail. Et rappelons que tous ces nouveaux moyens sont systématiquement utilisés par les entreprises qui prennent la crise pour alibi même si elles n’ont aucun problème financier réel.
Plus de 40 grèves générales qui ont eu lieu en Grèce ces 5 dernières années n’ont pas pu arrêter cette évolution catastrophique dont porte la responsabilité une grande partie des dirigeants du mouvement syndicaliste en Grèce.
Chers collègues
Nous avons pris connaissance des intentions du gouvernement de votre pays qui souhaite des travailleurs sans droits, «dégagés» de leurs acquis sociaux, qui souhaite une «thérapie- choc» pour l’économie et la société. Et ces souhaits ont été exprimés par votre gouvernement un jour de septembre après la rencontre de M. Valls avec ses «homologues» allemands à qui il a confirmé son «amour» pour les entreprises et l’esprit de l’entreprise.
Chers amis ne consentez pas à l’exhortation du Medef qui soutient que la diminution du chômage et le retour à la croissance supposent la suppression de la semaine de 35 heures, l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite et la réduction du salaire minimum.
Nous vous disons que nous sommes surs que les positions du Medef qui a invité indirectement le gouvernement de F. Hollande à adopter ses «propositions» ne vont pas aider la deuxième puissance économique de l’Europe à créer un million de postes dans le prochain quinquennat.
En revanche, nous attestons par notre propre expérience que non seulement le chômage mais encore la précarité des travailleurs vont sûrement augmenter.
De même, la flexibilité du travail n’aidera pas à la réduction du chômage mais elle contribuera à la détérioration de la qualité de vie des travailleurs français et à la réduction de leurs revenus.
La suppression des 35 heures, les détours des employeurs concernant le salaire minimum de 1145€, la suppression de deux des 11 jours fériés, la révision du système des indemnisations de chômage ne fortifieront pas l’économie nationale française. Ces mesures ne feront que fortifier les gains des entreprises, au détriment des travailleurs français qui en ressortiront plus pauvres.
On vous vante aussi l’exploitation du gaz de schiste comme une chance pour l’économie française mais pensez chers collègues aux problèmes environnementaux.
Chers collègues
Nous devons modifier l’agenda politique dans tous les pays européens. Nous devons ramener au centre de la politique européenne le travail, la solidarité, la démocratie.
Nos batailles doivent dépasser les frontières nationales. Nous devons construire un mouvement européen des travailleurs puissant afin de changer la politique européenne. Nous devons revendiquer le changement du rôle de Banque Centrale Européenne qui ne doit pas se limiter à dominer la déflation mais aussi à soutenir l’économie et l’emploi. Nous devons revendiquer la relance des investissements dans tous les pays. Nous devons donc livrer un combat uni à l’échelle européenne.
En vous livrant ces réflexions, je voudrais souhaiter une bonne réussite à votre congrès et surtout à vos combats, aux luttes engagées actuellement dans plusieurs pays de l’Union Européenne. Nous livrons tous le même combat porteur d’une victoire pour tous les travailleurs.
Villejuif 15 Oct 2014
*Stathis Trahanatzis
Secrétaire Général de EKA (Organisation régionale des syndicats d’Athènes)
Responsable des Relations Internationales de ΜΕΤΑ (Regroupement de la Gauche Syndicale)
Traduction: Vassiliki Papadaki
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Qu’est-ce que Le Collectif Solidarité France-Grèce pour la santé?
Le Collectif
Notre collectif « Solidarité France-Grèce pour la santé » est né au départ de l’initiative d’un petit groupe de personnes d’origine grecque vivant en France et désirant agir collectivement et concrètement en solidarité avec les Pharmacies et Dispensaires sociaux en Grèce.
Dans un premier temps nous avons essayé de déterminer avec les acteurs des dispensaires le type et la forme de soutien dont ils avaient besoin, et d’étendre le collectif en le portant dans nos milieux personnels, professionnels et/ou militants.
Nous avons ainsi avancé vers la constitution d’un collectif de personnes de tous horizons (associatifs, professionnels, politiques, syndicaux) ayant comme but :
‐ D’informer le plus largement possible sur la crise sociale et sanitaire en Grèce et sur ses origines politiques.
‐ De créer en France les maillons d’une chaîne européenne de solidarité, notamment en collectant et envoyant sur place le matériel médical et pharmaceutique nécessaire
‐ De contribuer aux débats nécessaires sur la santé publique et les soins pour tous et toutes.
‐ D’élargir notre initiative en ouvrant un appel à soutiens par le biais de notre site, et en essayant de nous étendre au delà de la région parisienne.
Le 23 mars 2013, nous avons organisé notre premier débat public en présence du Docteur Giorgos Vichas, représentant du Dispensaire social métropolitain de Hellinikon à Athènes. Le succès de cette soirée et la richesse du débat nous ont confortés dans l’idée de multiplier les occasions d’élargir et de renforcer notre collectif, en organisant d’autres événements, mais aussi en intervenant partout où cela serait possible pour pousser ce débat et en récoltant des fonds et du matériel médical pour les dispensaires.
Dans le cadre de nos orientations initiales, nous nous sommes inscrits à l’Alter-Sommet d’ Athènes (8 et 9 juin 2013) et nous avons organisé, à destination des dispensaires sociaux grecs, le convoi d’un cabinet dentaire complet et d’équipement d’examen pédiatrique.
La rencontre sur place avec les intervenants militants des dispensaires nous a permis d’apprécier en profondeur la situation sanitaire et socio-politique ainsi que les besoins des dispensaires.
Notre première collecte de fonds a rapporté 7000 (sept mille) euros qui ont été dédiés au réseau des dispensaires sociaux.
APPEL
Publié: mai 15, 2013 dans L’appel
APPEL DU COLLECTIF « SOLIDARITÉ FRANCE-GRÈCE POUR LA SANTÉ »
AUX CITOYEN-NE-S ET AUX ORGANISATIONS FRANÇAISES
Les politiques d’austérité néolibérales imposées par la Troïka avec la complicité des gouvernements en place mènent la Grèce au désastre, mettant en danger la santé et la vie de la population. On assiste ainsi à la recrudescence des dépressions, à la prolifération de pathologies telles que l’hypertension, les maladies cardiaques, le cancer, ainsi qu’à la réapparition de maladies pendant longtemps disparues, comme la tuberculose et le paludisme. Le chômage est aussi cause d’une mortalité accrue. En même temps, de nombreuses catégories de la population, notamment celles qui sont les plus vulnérables : enfants, femmes enceintes, familles monoparentales, malades chroniques, migrants, personnes dépendantes, personnes handicapées… sont en danger, étant privées de soins et de suivi adéquats.
Cette augmentation considérable des besoins se heurte à un système public de santé qui s’effondre et se trouve incapable d’y répondre. La réduction brutale des dépenses publiques de santé et de protection sociale à un moment où la fréquentation des hôpitaux publics ne cesse d’augmenter crée un problème sanitaire qui frôle la catastrophe humanitaire.
Le nombre des personnes n’ayant plus accès à l’assurance maladie (plus d’un tiers de la population) et de celles qui, tout en bénéficiant d’une couverture sociale, n’ont plus les moyens de payer les tickets modérateurs et les médicaments nécessaires augmente à un rythme alarmant.
Des politiques du même type se développent en France et dans d’autres pays d’Europe, du Sud en particulier, car les gouvernements poursuivent le démantèlement des services publics. Nous voulons le rétablissement d’un service de santé public, gratuit, universel et de qualité partout en Europe.
Devant une telle situation, l’heure est au rassemblement et à la solidarité en France et en Grèce. En Grèce, des réponses populaires se développent sous forme de pharmacies et dispensaires sociaux autogérés. Mais les besoins qu’ils sont appelés à couvrir dépassent considérablement les moyens dont ils disposent.
Nous voulons apporter tout notre soutien à ces réseaux solidaires grecs, et inscrire cette solidarité à l’échelle européenne :
– en collectant et en envoyant des dons financiers, du matériel médical et pharmaceutique nécessaire aux pharmacies et dispensaires sociaux ;
– en informant sur la crise sanitaire et sociale en Grèce comme sur les politiques qui en sont les causes ;
– en facilitant les contacts directs entre structures de santé, associations et collectifs français et les dispensaires sociaux autogérés, en vue de jumelages éventuels ;
– en créant en France une chaîne européenne de solidarité impliquant les acteurs associatifs, professionnels, politiques, syndicaux.
Nous voulons une Grèce sans Mémorandum où tous et toutes aient accès à l’emploi, à l’éducation, à la santé, à la dignité. Nous nous inscrirons dans toutes les initiatives porteuses d’une telle ambition et nous saisirons l’occasion de l’Alter-Sommet qui aura lieu les 8 et 9 juin à Athènes pour organiser un convoi solidaire à destination des dispensaires sociaux grecs.